Des débudgétisations toujours significatives laissent planer un doute sur la pérennité des financements consacrés à l’université.


 

Pour les universités, l’heure est à nouveau à la restriction et au double langage comme on peut le lire dans la circulaire du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche du 28 septembre 2022 que nous publions ci-dessous.

« Nous devons collectivement faire preuve de solidarité », est-il inscrit dans ce document, et un peu plus bas dans le texte : « Aucune recette supplémentaire de subvention pour charge de service public ne peut être inscrite pour l’exercice budgétaire 2022 au titre d’éventuelles mesures visant à compenser la hausse du point d’indice ou celle des dépenses énergétiques dont le financement par l’État n’est à ce jour pas garanti. »

La hausse de 385 millions d’euros pour l’Enseignement supérieur figurant dans le budget 2022 apparaît conséquente. Mais si ces efforts financiers sont reconnus, ils demeurent en deçà des moyens nécessaires sur le terrain. Grand chantier emblématique du quinquennat, la loi Orientation et réussite des étudiants ou loi ORE, décrétée en 2018, avait pour objectif d’amoindrir le taux d’échec en première année universitaire. Elle proposait des pistes pour améliorer la réussite des étudiant.e.s, notamment en L1. Mais, après la crise sanitaire, et sans moyens supplémentaires à la hauteur, ces objectifs deviennent irréalisables. Le fait que le ministère s’engage à compenser la revalorisation du point d’indice qu’à partir de 2023, va à nouveau affaiblir le budget des universités en 2022.

Suite aux nouvelles restrictions, les personnels des universités expriment pour leur part une double inquiétude quant à leur situation personnelle en matière de pouvoir d’achat, mais aussi quant à la manière dont leurs établissements vont gérer les surcoûts engendrés, notamment par une inflation élevée… « Pour 2022, le Gouvernement n’accompagne pas financièrement les directions qui vont donc être contraintes de faire des économies tout en devant puiser dans leurs fonds de roulement pour faire face à des surcoûts aussi élevés que divers. Pour ne rien faciliter, les directions doivent aussi financer l’augmentation du point d’indice qui, pour 2022, demeure entièrement à la charge des établissements. Le risque est de voir nos directions faire des choix néfastes pour le service public, pour nos collègues et pour les étudiants et étudiantes », s’inquiète le SNPTES-UNSA.

L’université de Strasbourg a annoncé le 26 septembre dernier qu’elle fermera ses portes pendant deux semaines supplémentaires cet hiver, après les congés de Noël, pour réduire sa facture énergétique. D’autres établissements pourraient lui emboîter le pas. Au total, en 2021, l’université compterait presque 225 000 étudiant.e.s de plus qu’en 2011, soit une hausse de 15 % sur 10 ans. Par ailleurs, entre les rentrées universitaires 2017 et 2021, près de 68 500 nouveaux.elles étudiant.e.s sont venus grossir les rangs de l’université. À l’approche de l’hiver, il est cocasse qu’on en arrive à se demander combien d’entre-eux.elles auront la goutte au nez.

 

 

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Après des études de lettres modernes, l’auteur a commencé ses activités professionnelles dans un institut de sondage parisien et s’est tourné rapidement vers la presse écrite : journaliste au Nouveau Méridional il a collaboré avec plusieurs journaux dont le quotidien La Marseillaise. Il a dirigé l’édition de différentes revues et a collaboré à l’écriture de réalisations audiovisuelles. Ancien Directeur de La Maison de l’Asie à Montpellier et très attentif à l’écoute du monde, il a participé à de nombreux programmes interculturels et pédagogiques notamment à Pékin. Il est l’auteur d’un dossier sur la cité impériale de Hué pour l’UNESCO ainsi que d’une étude sur l’enseignement supérieur au Vietnam. Il travaille actuellement au lancement du média citoyen interrégional altermidi.