Les élections régionales et départementales devaient initialement se tenir en mars, mais après pas mal de péripéties, elles auront lieu les 20 et 27 juin, au début de l’été et à la veille des grandes vacances. État des lieux en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie.


 

Regroupés le même jour pour favoriser la participation, les deux scrutins auront probablement du mal à faire face à l’attrait de la plage — particulièrement dans nos deux régions — et aux petits plaisirs retrouvés des cafés et des restaurants. Encore que rien n’empêche de combiner les deux…

Sur fond de désaffection durable des bureaux de vote dont même les Municipales ont fait les frais en 2020 (le Covid n’explique pas tout), la première tâche des candidat.es a d’abord été de convaincre les électeurs et électrices croisé.es sur les marchés d’aller voter. Et ce dans un contexte où ils ont la tête ailleurs après plus d’un an de pandémie. Dans la dernière ligne droite, des meetings en plein air ont enfin pu se tenir et de nombreuses listes, dans un souci que l’on pourrait qualifier de « pédagogique », ont rappelé les attributions des conseils départementaux et régionaux dans leur communication. Hormis dans la presse quotidienne régionale, les élections départementales ont été reléguées au second plan, les Régionales étant plus croustillantes car affaire de casting pour les médias dominants avec la présence de figures politiques nationales, de ministres et autres prétendants à la Présidentielle de 2022. On parie notre première carte d’électeur qu’aux soirs des 20 et 27 juin les résultats seront jugés à cette aune sur les plateaux télé, plus qu’aux véritables projets des listes pour leur région respective.

 

Des régions aux compétences larges

Pourtant, les attributions des régions qui ne sont plus que douze en France métropolitaine sont assez étendues : formation professionnelle (dont les Instituts de formation en soins infirmiers), transports (Transports express régionaux et financement éventuel des lignes TGV), transports scolaires, lycées (construction, aide aux lycéens), développement économique, aménagement du territoire, compétences partagées avec les départements (culture, sport, tourisme, logement, santé, lutte contre la fracture numérique)…

Les présidents des régions Occitanie, Carole Delga (PS) et de Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier (LR) souhaiteraient même l’élargissement de ces compétences.1 C’est de bonne guerre. Il et elle sont candidat.es à leur propre succession mais les configurations paraissent assez différentes dans les deux régions. La menace de l’extrême droite, représentée par l’ancien ministre sarkozyste Thierry Mariani est réelle en Provence-Alpes-Côte d’Azur où le Conseil régional a été réduit durant cinq ans à un face à face entre LR et RN. La liste du Rassemblement écologique et social conduite par l’élu varois Jean-Laurent Felizia (EELV) a pour ambition affichée d’éviter ce scénario, mais le périmètre du rassemblement a exclu la France insoumise dont les militants avaient pourtant signé l’appel « Il est temps » qui se voulait une sorte de préambule à une liste unitaire rassemblant formations de gauche et citoyens.

Les électrices et électeurs auront le choix entre huit listes : celle du président de région LR Renaud Muselier rejoint par des membres de LREM ; pas moins de trois listes d’extrême droite et de droite extrême (RN, Ligue du Sud, soutien d’Éric Zemmour et Debout la France) ; une liste régionaliste conduite par l’élu d’opposition aixois du Parti occitan Hervé Guerrera, la liste rassemblant, entre autres,  EELV, PS, Génération-s, PCF, et Place publique ; celle de Lutte ouvrière (Isabelle Bonnet) et une liste nommée L’écologie au centre (Jean-Marc Governatori) qui affiche le soutien de Corinne Lepage.

123 sièges sont à pourvoir en Provence-Alpes-Côte d’Azur et 158 en Occitanie, vaste région qui regroupe les ex-Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. La situation y est sensiblement différente, avec une présidence assurée par l’ancienne ministre PS Carole Delga. Contrairement à Sud-Paca, la France insoumise (alliée au NPA et à la Gauche démocratique et sociale) y est présente avec la liste Occitanie populaire conduite par Myriam Martin. Alliée au PCF, Carole Delga conduit la liste Occitanie en commun et le Toulousain Antoine Maurice (EELV) est à la tête de L’Occitanie naturellement.

Neuf listes (contre 11 en 2015) sont sur la ligne de départ du premier tour avec le RN représenté par un ex-député UMP, Jean-Paul Garraud (et dans l’Hérault par Frédéric Bort, ancien chef de cabinet de Georges Frêche à la Région [!]), le maire de Balma, Vincent Terrail-Novès (ex-LR soutenu par LREM), Aurélien Pradié (LR), le régionaliste Jean-Luc Davezac soutenu par l’ex-candidat à la Présidentielle 2017 Jean Lasalle et Lutte ouvrière (Malena Adrada).

 

Départementales : configurations diverses

Du coté des élections départementales, les formations de gauche des Bouches-du-Rhône font part de leur ambition de ravir la présidence à l’élue LR Martine Vassal, largement défaite aux Municipales de Marseille en 2020, mais qui cumule néanmoins les présidences de la métropole Aix-Marseille-Provence et du Département. La tâche ne sera pas facile, l’enjeu étant d’obtenir une mobilisation suffisante des électeurs alors que les stratégies ne sont pas forcément très lisibles.

Dans plusieurs départements d’Occitanie comme le Gard, l’Hérault et la Haute-Garonne, l’enjeu pour le PS (et ses alliés) est de conserver la majorité. Mais d’un côté du Rhône comme de l’autre, il faut d’abord convaincre que des élections départementales peuvent avoir une incidence sur un quotidien difficile et particulièrement incertain pour les classes populaires et une bonne partie des classes moyennes.

J-F. Arnichand

 

 

Notes:

  1. Voir altermidi, le mag, N°1, bientôt en kiosques
JF-Arnichand Aka Morgan
"Journaliste durant 25 ans dans la Presse Quotidienne Régionale et sociologue de formation. Se pose tous les matins la question "Où va-t-on ?". S'intéresse particulièrement aux questions sociales, culturelles, au travail et à l'éducation. A part ça, amateur de musiques, de cinéma, de football (personne n'est parfait)...et toujours émerveillé par la lumière méditerranéenne"