Après une interruption l’an dernier, en raison de la situation sanitaire, le festival Les Marteaux de Gellone reprend ses quartiers à Saint-Guilhem-le Désert, dans l’Hérault. Concerts, colloques, salon d’archéo-lutherie, musique de rue, attendent amateurs et curieux.


 

C’est une bonne nouvelle pour les amateurs de musique ancienne, mais également pour tous ceux qui ont envie de s’ébrouer après cette longue période de privations culturelles. Le CIMM, centre international de musique médiévale, va donner le coup d’envoi d’un des premiers festivals dans la région. Du 22 mai au 2 juin, Saint-Guilhem le Désert (ainsi qu’un concert à Montpellier) va servir d’écrin à cette nouvelle édition des Marteaux de Gellone. « Nous avons besoin d’entendre le chant des musiciens et des instruments au dessus du bruissement de l’information », proclament les organisateurs.

Le CIMM, fabrique de musique médiévale, s’est donné depuis plusieurs années comme objectif de s’interroger sur le sens de l’écriture musicale ancienne et de son interprétation, par les instruments et par le chant. Il prône l’interdisciplinarité et l’échange des connaissances entre artistes — qui souvent sont aussi chercheurs —, luthiers, universitaires et doctorants pour travailler à la création, à la recherche et à la formation. Dans le but de « sauvegarder et offrir au partage un précieux patrimoine musical et sensible ». Et même s’il s’agit d’un répertoire ancien, le CIMM s’attache à le rendre vivant.

Et quoi de mieux que le village millénaire, lové au creux du vallon de Gellone, donné par Charlemagne à son cousin Guilhem d’Aquitaine en remerciement de ses bons et loyaux services. Ce dernier va y fonder une superbe abbaye qui servira d’écrin pour faire résonner et découvrir cette musique. Le festival débutera dès samedi 22 mai par l’ensemble Musica nova, et dimanche 23 mai avec une joute poétique et musicale orchestrée par Brice Duisit.

Cet évènement sera l’occasion de découvrir l’ensemble-école1, un outil proposé aux étudiants qui souhaitent expérimenter par la création les conceptions théoriques enseignées. Une approche par la praxisimaginée et mise en œuvre par l’ensemble La Camera delle Lacrime,  le CIMM-Du Ciel aux Marges et l’université Paul-Valéry Montpellier 3, qui permet à de jeunes chanteurs et musiciens d’élaborer une pratique spectaculaire contemporaine de musique médiévale dans des conditions réelles de production professionnelle.

Festival Les Marteaux de Gellone
Les étudiants de l’ensemble-école ont imaginé le spectacle Somnium. Photo CIMM DR

Les chanteurs et musiciens de cet ensemble, tous étudiants en musicologie, ont construit leur projet de spectacle en partageant leurs idées. C’est ainsi qu’encadrés par les directeurs artistiques Bruno Bonhoure et Khaï-Dong Luong, ils ont imaginé Somnium. Ce spectacle propose de plonger dans un songe pour entendre, voir et ressentir au travers de musiques et de chants, médiévaux et modernes, de signes et symboles, connus ou inconnus, les rêves des personnages. « Les thématiques abordées sont des sujets importants dans l’histoire d’une société, qu’elle soit médiévale ou actuelle. Ces moments de migration, de prière, d’épidémie, d’amour, de magie et de vie apportent des changements et peut-être que toutes ces mutations ont simplement commencé par un rêve, un rêve de voir sa société autrement », précisent-ils.

Une démarche pluridisciplinaire

Du jeudi 27 mai au samedi 29 mai, le musée de l’abbaye accueillera un colloque sur « Les cornemuses : organologie, facture, modes de jeu, fonction ». Non, cet instrument surprenant ne se joue pas qu’en Écosse, et on en découvrira toute la richesse et les facettes à l’époque médiévale. Le rendez-vous s’appuie sur une démarche résolument pluridisciplinaire, en croisant les différentes approches méthodologiques. Cette troisième  session d’archéo-musicologie expérimentale convoquera différentes recherches en ethno-musicologie, archéologie expérimentale, organologie (science des instruments de musique et leur histoire), histoire de l’art, littérature médiévale, iconographie.

Raphaël Clément
L’archéo-lutherie s’appuie sur des sources médiévales pour restituer des instruments. Photo NP altermidi DR

Dans le même temps, et pour compléter les connaissances, un salon d’archéo-lutherie s’installera sur la place de la Liberté, devant l’abbaye. Une vingtaine de luthiers spécialistes de la période médiévale présenteront leurs instruments et les proposeront à la vente. Ils sont le résultat de recherches à partir d’enluminures, de sculptures, de textes, ou plus rarement de vestiges archéologiques. Les luthiers animeront des ateliers et feront des démonstrations durant deux jours, le 29 mai de 14h à 18h et le 30 mai de 10h à 18h.

Durant ces deux jours également, Vagarem animera les rues par des mini-concerts, cinq séquences de 20 minutes chacune. Leur répertoire est issu des manuscrits du Moyen-âge et du début de la Renaissance, et on pourra retrouver tout l’esprit des troubadours à travers leurs performances.

Nathalie Pioch


Les artistes accueillis : l’ensemble Musica Nova (dir. Lucien Kandel), les jouteurs Brice Duisit, Clément Gauthier et Olivier Féraud, l’ensembleLa Douce Semblance (dir. Brice Duisit), l’ensemble Micrologus (dir. Patrizia Bovi), l’ensemble Le Miroir de Musique (dir. Baptiste Chopin).

Les concerts sont programmés à 19h00 afin de permettre au public de rentrer chez lui pour 21h00. La jauge est de 35 %, dans le respect  des consignes sanitaires en vigueur.

Mardi 2 juin, le concert Les 4 saisons du Trobar par l’ensemble Le Miroir de la musique, se déroulera à La Maison des Chœurs, à Montpellier.

La billetterie se fera sur place une heure avant le concert, mais il est recommandé d’acheter ses places en ligne en utilisant l’onglet Billetterie du site.

Festival mai 2021

http://cimmducielauxmarges.org/wp-content/uploads/2021/05/Festival-2021-Programme-A5-8-double-pages.pdf


 

Notes:

  1. Vendredi 28 mai à 19h, dans l’abbatiale
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Reprend des études à chaque licenciement économique, ce qui lui a permis d'obtenir une Licence en Histoire de l'art et archéologie, puis un Master en administration de projets et équipements culturels. Passionnée par l'art roman et les beautés de l'Italie, elle garde aussi une tendresse particulière pour ses racines languedociennes.