L’Association des Régions de France organise une série de « controverses » en visio-conférences sur des thèmes économiques1. Illustration avec le débat sur l’agriculture et l’alimentation auquel ont pris part Marion Guillou, chercheuse à l’INRAE en Occitanie et l’ancien président de « Système U », Serge Papin.


 

Les aspirations à la proximité avec les producteurs, à d’autres formes de rapports entre ces derniers et les consommateurs, manifestées tout particulièrement lors du premier confinement au printemps 2020, sont-elles suffisamment fortes pour créer un véritable mouvement ? C’est en substance une des questions abordées lors du rendez-vous de mars de ces « controverses ». « Le consommateur est un peu dérouté par son environnement, l’alimentation devient quelque chose de mystérieux », constate Marion Guillou. Interrogations sur la provenance des aliments, sur leurs modes de fabrication : c’est aussi parce que le doute a grandi lors des dernières années que cette crise, selon Marion Guillou, « a été l’occasion d’exprimer cette solidarité avec les producteurs français  ».

Changement d’époque ? On ne se risquera pas à l’affirmer, mais il semble que l’on ne soit plus dans la phase décrite par Serge Papin où « la mécanisation de l’agriculture, les remembrements, les intrants [éléments entrant dans un processus de production, NDLR] ont été en concordance avec le développement des hypermarchés ». 

 

L’Occitanie, en pointe sur le « bio »

Le « bio » progresse et la grande distribution a, elle aussi, saisi l’opportunité : « Quand on a démarré le lait bio, on avait 400 producteurs, en cinq ans on est passés à 1800 producteurs », précise l’ex-président de Système U. Selon lui, « l’Occitanie est en train de se spécialiser dans le bio, elle va peut être devenir une des premières régions en Europe ». À l’autre bout de la France, « l’Alsace développe un tas de produits locaux, elle est presque capable d’être autonome », poursuit-il.

On pourrait se réjouir du maintien d’une agriculture de proximité, mise davantage en lumière en cette période de crise sanitaire. Néanmoins, ce que certains appellent « le grand déménagement du monde » continue. « On importe des protéines végétales d’Amérique du Sud, souvent de zones déforestées », souligne Serge Papin alors qu’il faudrait « recréer toute une filière au niveau national et européen ». L’intervenant considère que « la France a besoin de se singulariser par la qualité » plutôt que par le volume.

Dans le cadre de la nouvelle PAC (Politique agricole commune) 2023-2027, Marion Guillou, chercheuse à l’INRAE2, estime que c’est « largement au niveau régional et national que vont s’élaborer les propositions et que les régions vont choisir les programmes à mettre en place ».

Entre celles qui n’ont pas été abordées (l’accord avec le Mercosur) et celles qui l’ont été lors de ce rendez-vous (l’avenir des régions de montagne s’il n’y a plus suffisamment de neige, la gestion de l’eau…), nombre de questions demeurent, toutes liées au spectre du dérèglement climatique. Comment les régions pourront-elles affronter ce défi planétaire ? Là est la question…

                                                                                                             J-F Arnichand

Photo DR altermidi Christophe Coffinier

Notes:

  1. Prochain webinaire : mardi 6 avril, de 18h30 à 19h30 sur le thème « Quel rôle pour les Régions dans le développement des compétences pour le monde de l’après-crise ? » Avec Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT et Bertrand Martinot, directeur du Conseil en formation à Siaci-Saint-Honoré. On peut adresser questions et témoignages à controverse@regions-france.org
  2. L’Institut national de recherche sur l’agriculture et l’environnement est né de la fusion de l’INRA et de l’IRSTEA, Institut national de recherches en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture en 2020.
JF-Arnichand Aka Morgan
"Journaliste durant 25 ans dans la Presse Quotidienne Régionale et sociologue de formation. Se pose tous les matins la question "Où va-t-on ?". S'intéresse particulièrement aux questions sociales, culturelles, au travail et à l'éducation. A part ça, amateur de musiques, de cinéma, de football (personne n'est parfait)...et toujours émerveillé par la lumière méditerranéenne"