Billet


Début de l’hiver, après avoir été déclaré positif au test du covid-19, Emmanuel Macron s’est réfugié dans la résidence présidentielle de la Lanterne.  Au cœur du parc du château de Versailles, et donc de l’histoire, le président  répond avec sagesse aux questions de l’Express. Il disserte sur le « peuple français », son « rapport à l’État », et s’inquiète, de la « crise d’autorité » qui touche la politique et qui « conduit au complotisme »… Comme dans chacune de ses mises en scène, il semble y croire mais tout se passe comme si le roi était nu.


 

« Toutes les sociétés contemporaines vivent cette espèce d’horizontalisation de la société, de la contestation de toute forme d’autorité, y compris de l’autorité académique et scientifique », déclare le chef de l’État dans ce long entretien qui s’est déroulé en visioconférence jeudi dernier alors qu’il venait de s’isoler à La Lanterne, près de Versailles.

« Les conséquences psychologiques et sociales sont terribles car on finit par ne plus croire en rien », ajoute-t-il, en décrivant « le cercle vicieux : un nivellement qui crée du scepticisme, engendre de l’obscurantisme et qui, au contraire du doute cartésien, fondement de la construction rationnelle et de la vérité, conduit au complotisme ».

Or, il faut bien dire que face au « grand défi » que représente la crise sanitaire, le gouvernement n’a rien fait pour livrer une information fiable et vérifiable sur l’état de la situation. Qu’il s’agisse des statistiques ou de la politique menée. Il a même produit une succession de fake news, ou de mensonges d’État si l’on préfère, pour justifier des décisions totalement improvisées.

« il y a la science », avance-t-il dans cet entretien en déclarant son « admiration » pour « ce que les scientifiques ont accompli ». Mais, sur ce sujet aussi, il est difficile de parler de respect après avoir usé du pouvoir scientifique à des fins purement politiques, ce qui n’a fait  qu’accentuer le trouble dans les esprits de la communauté scientifique.

 

Macron : « Pétain était un grand soldat »

 

Longuement interrogé sur les débats autour des valeurs républicaines, Emmanuel Macron affirme la nécessité de « miser sur l’intégration », qui permet à « chacun de pouvoir vivre entre plusieurs horizons culturels ». « Quand vous parlez l’arabe à la maison, que votre famille vient des rives du fleuve Congo, que vous possédez une histoire qui ne se noue pas entre l’Indre et la Bretagne, vous avez une singularité qui importe et il faut pouvoir la reconnaître », estime-t-il, en soulignant « la richesse des diasporas ». « Nous devons pouvoir être pleinement français et cultiver une autre appartenance. C’est un enrichissement et pas une soustraction », selon lui. Un discours qui est loin de se traduire en termes concrets et en engagement politique.

Le Président invoque également la République souveraine de Jean-Pierre Chevènement, en louant « l’intuition » de son prédécesseur sur « l’identité nationale » et répète que Pétain était aussi un « grand soldat ». Donnant du grain à moudre à l’union des droites extrême et radicale. Un pur exercice de communication politique en somme, qui plante les balises de sa campagne présidentielle.

Pour cette dernière interview de 2020, le président affaibli reste fidèle à sa devise du « en même temps », il entend ratisser large, de la gauche chevènementiste à la droite sarkozyste. Mais au regard de l’année écoulée, qui accorde encore une once de confiance à un homme si avide de pouvoir qui a tout d’un imposteur ?

Jean-Marie Dinh

Dessin DR  Aurel pour Politis

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Après des études de lettres modernes, l’auteur a commencé ses activités professionnelles dans un institut de sondage parisien et s’est tourné rapidement vers la presse écrite : journaliste au Nouveau Méridional il a collaboré avec plusieurs journaux dont le quotidien La Marseillaise. Il a dirigé l’édition de différentes revues et a collaboré à l’écriture de réalisations audiovisuelles. Ancien Directeur de La Maison de l’Asie à Montpellier et très attentif à l’écoute du monde, il a participé à de nombreux programmes interculturels et pédagogiques notamment à Pékin. Il est l’auteur d’un dossier sur la cité impériale de Hué pour l’UNESCO ainsi que d’une étude sur l’enseignement supérieur au Vietnam. Il travaille actuellement au lancement du média citoyen interrégional altermidi.