Les 16 communes du Grand Avignon ont élu, en même temps que leurs conseillers municipaux, 73 conseillers communautaires. Un peu moins de la moitié (34) sont donc réservés à la ville d’Avignon. Les autres communes sont ensuite représentées en fonction de leur population : six conseillers pour le Pontet, un seul pour Jonquerettes1. Analyse des rapports de force dans l’agglomération au lendemain de l’élection des conseillers municipaux et communautaires.
Les conseils municipaux ne sont pas encore installés dans les villes qui ont élu leur maire en deux tours que les tractations, les candidatures et les suppositions sur la gouvernance du Grand Avignon deviennent le débat politique de ce « 3e tour ». Pourtant, loin des tractations des grandes villes comme Marseille, Lyon ou Paris, on assiste dans cette agglomération à une partie qui se joue essentiellement en coulisse.
De rumeurs en confirmations on apprend que la maire d’Avignon, élue au conseil communautaire avec 24 autres conseillers de sa majorité, devra donc compter avec 5 élus RN, 3 verts et un de droite. Difficile dans ce contexte de se reposer sur le plus grand nombre d’élus obtenus dans la ville centre. Comme en 2014, le RN est en position d’arbitre avec 5 élus au Pontet, 2 à Morières qui, avec les 5 avignonnais, peuvent faire ou défaire une élection.
À droite, ce sont 22 élus qui peuvent avec celui d’Avignon et à condition qu’ils se soient entendus entre eux faire quasi jeu égal avec la gauche avignonnaise. Mais cette dernière peut théoriquement compter sur 8 autres élus de gauche même si pour au moins un d’entre eux, le maire de Sauveterre, et son soutien à l’exécutif sortant, les choses ne sont pas acquises.
On a fait peu de cas de cette partie de l’élection où pourtant désormais tout se joue. Si on connaît, via les résultats officiels, qui sont les élus communautaires, pas de campagne ni de propositions pour un projet d’agglomération n’ont permis aux citoyens de se faire une idée. C’est depuis le deuxième tour des municipales que se dessinent des stratégies avec essentiellement des propositions pour la présidence de l’agglomération. À droite — alors même qu’il se défend de tout positionnement politique — c’est le maire de Vedène, Joël Guin, réélu dès le premier tour qui serait pressenti. Face à lui, donc, Cécile Helle, pas sûre de pouvoir compter sur toutes les voix de gauche dans les autres communes de l’agglomération, qui assure pour sa part défendre un projet. Il lui faudra compter avec les inimitiés, les rancœurs et le mode de scrutin.
Aux deux premiers tours l’élection se fait à la majorité absolue (37 voix) et si les candidats en lice ne l’atteignent pas un troisième tour permet l’élection du président à la majorité relative. En l’état, la droite et le RN détiennent la majorité absolue. Les voix des trois élus verts d’Avignon ne pourront pas grand chose si les votes se font sur une base partisane.
Difficile d’intéresser les citoyens à cette partie de l’élection municipale ; il s’agit pourtant de décider quel exécutif va régir le quotidien des habitants du Grand Avignon.
Mais cet échelon administratif, récent, qui cannibalise les décisions jusqu’alors municipales, reste un inconnu des habitants. Ces derniers n’ont pas toujours été aidés par des élus qui renvoient facilement la balle à l’agglomération quand ils sont mis en cause en tant que conseillers municipaux, même quand ils sont eux-mêmes conseillers communautaires. Pas sûr que l’opacité qui règne encore autour des décisions portant sur la direction de l’agglomération soit de nature à réconcilier les habitants avec la politique.
Christophe Coffinier