Le tour « Alternatiba » s’est s’achevé les 6 et 7 octobre à Bayonne, ville où tout a commencé en 2013 pour ce mouvement qui entend démontrer la nécessité de « changer le système, pas le climat ». Des mois durant, événements militants et festifs se sont succédé dans les différentes villes pour populariser les alternatives.
L’étape qui s’est tenue à Martigues (13) illustrait cette ambition. Et l’éventail des débats réunissant militants d’Alternatiba, scientifiques, syndicalistes ou élus locaux couvrait un large champ de préoccupations : lien entre recherche et citoyens avec Philippe Chamaret, directeur de l’Institut éco-citoyen pour la connaissance des pollutions, basé à Fos-sur-Mer (13) , « réchauffement climatique et urgence d’agir » (avec Wolfgang Kramer qui participe aux travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et Jérôme Sambussy, prévisionniste à Météo France), « Citoyens, associations, collectivités territoriales : quelles alternatives locales ? » ou « L’hydrogène, un autre avenir pour la raffinerie de La Mède ? ».
Cette journée fut l’occasion de rappeler que les termes « urgence climatique » ne sont pas une simple formule « catastrophiste » pour faire peur aux petits enfants. Pour Jérôme Sambussy, le dérèglement climatique aura ainsi « un impact sur le régime des pluies avec des latitudes Nord plus arrosées et des latitudes Sud marquées par des sécheresses terribles ». Le processus est déjà engagé si l’on en croit les statistiques fournies par le prévisionniste : entre 1998 et aujourd’hui, on a enregistré « seize années record » en matière de température. Ce qui ne manquera pas d’avoir des conséquences sur le niveau des océans : « plus 17 à 20 cm au 20ème siècle » et « des prévisions de plus 60 cm à un mètre d’ici 2100 ».
Wolfgang Kramer fait partie des milliers de chercheurs qui oeuvrent dans le cadre des travaux du GIEC dont le nouveau rapport a été rendu public le 8 octobre. Il considère que l’on a « tout intérêt à continuer de militer pour que l’objectif de limiter la hausse de température à moins de 2 degrés d’ici la fin du siècle soit maintenu ». Pour cela, l’intervention citoyenne est capitale, surtout si l’on a affaire, selon l’intervenant, à « un gouvernement qui laisse mourir les trains et ne fait pas suffisamment pour inciter à prendre le vélo ». Le chercheur considère, en outre, que la question des impacts du changement climatique sur la santé est encore trop peu explorée aujourd’hui.
Raffinerie Total de La Mède : quelle reconversion ?
Depuis l’annonce par Total du projet de reconversion de l’historique raffinerie de La Mède (13) en « bio-raffinerie (avec importation massive d’huile de palme et risques de déforestation en Malaisie et en Indonésie), un dialogue s’est noué entre associations écologistes (collectif « Alternatiba » local et Amis de la terre) et syndicat CGT de la raffinerie. Une sorte de découverte réciproque dont la journée « Alternatiba » de Martigues constituait un nouveau jalon. Aujourd’hui, les Amis de la terre et le syndicat CGT de la raffinerie s’accordent sur un constat formulé par Fabien Cros, délégué central CGT : « ce n’est pas un projet viable à long terme », même si «Total a fait du lobbying auprès du gouvernement et de l’Europe pour repousser l’interdiction de l’huile de palme à 2030 ». Selon Cécile Marchand (Amis de la terre), « le bio-carburant à l’huile de palme pose des problèmes climatiques : il émet trois fois plus de gaz à effet de serre que le carburant normal ». D’où la proposition conjointe des acteurs associatifs et syndicaux : « travailler sur un projet basé sur l’hydrogène ». Un plan de reconversion alternatif donc, qui n’a rien de délirant dans la mesure où « un premier train à hydrogène a été lancé en Allemagne » précise Cécile Marchand et où, remarque un autre intervenant, « en Islande, tous les bus fonctionnent à l’hydrogène ».
Un autre projet parce que « l’intérêt du climat, des populations et des travailleurs est le même » résume Fabien Cros. Les oppositions binaires entre emploi et industrie d’une part et respect de l’environnement d’autre part, ont probablement fait leur temps.
Source : La Marseillaise en Commun