Le détenu politique le plus célèbre d’Égypte, Alaa Abdel Fattah, en grève de la faim et qui n’aurait plus que quelques jours à vivre selon ses soutiens, s’est invité lundi 7 novembre dans les discussions entre dirigeants réunis à Charm El-Cheikh1 pour la COP27.
Le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri, président de la COP27, a assuré à la chaîne de télévision CNBC qu’Alaa Abdel Fattah « bénéficie de tous les soins nécessaires en prison ». Autant d’affirmations rejetées par les proches de M. Abdel Fattah. Alaa Abdel Fattah, bête noire du président Sissi, n’ingérait qu’un verre de thé et une cuillère de miel par jour dans sa prison de Wadi Natroun, au nord-ouest du Caire. Incarcéré plusieurs fois depuis 2006, il a totalement cessé de s’alimenter mardi dernier et de boire dimanche, alors que s’ouvrait la COP27 à Charm El-Cheikh, à l’autre bout du pays.
Lundi, trois journalistes égyptiennes ont annoncé entamer une grève de la faim pour réclamer sa libération. « Nous arrêtons de nous nourrir maintenant parce qu’Alaa Abdel Fattah est en danger de mort », a expliqué Mona Selim, lors d’un sit-in au Caire avec Eman Ouf et Racha Azab. Elles réclament « la libération de tous les détenus d’opinion », qui sont plus de 60 000 en Égypte, selon les ONG.
Les militants présents à la COP27 multiplient les posts sous le mot-clé #FreeAlaa sur les réseaux sociaux, et plusieurs orateurs de la société civile ont terminé leurs allocutions par la phrase “You have not yet been defeated” (« Vous n’avez pas encore été vaincus »), le titre du livre d’Alaa Abdel Fattah. « Il n’y a plus beaucoup de temps, au mieux soixante-douze heures, pour libérer Alaa Abdel Fattah. Si [les autorités égyptiennes] ne le font pas, cette mort sera dans toutes les discussions à la COP27 », prévenait dès dimanche la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard.
Voir aussi : Égypte: L’excroissance irrésistible de l’appareil policier