L’ensemble de musique médiévale la Camera delle Lacrime offre un nouveau voyage de recherche et de création, à Avignon du 15 au 18 juillet .
« Chanter les prairies et les montagnes », c’est une idée qui a réuni l’aveyronnais Bruno Bonhoure et le mongol Dalaijargal Daansuren autour de répertoires de chants et de traditions musicales : deux univers mis en mouvement, entre drailles occitanes et hauts-plateaux de Mongolie. Dans le cadre du festival Off d’Avignon et d’« Interférences », projet porté par la Fédération des Ensembles Vocaux et Instrumentaux Spécialisés (FEVIS) dont c’est la troisième édition, la Camera delle Lacrime, ensemble de musique médiévale qui fête ses 20 ans, traverse les grands espaces avec la voix, le souffle, l’invention.

Musiques de la nature, musiques à travers les âges
Initiation à la liberté est l’intitulé de ce concert qui a vu le jour en février à Villefranche-de-Rouergue, et c’est le titre d’un tableau de Victor Brauner. Avec Bruno Bonhoure, le metteur en scène et chercheur Khaï-Dong Luong a travaillé cette redécouverte, qui est comme un écho au Voyage Musical vers Karakorum de 2016, l’extraordinaire aventure de l’explorateur Guillaume de Rubrouck en Mongolie, 20 ans avant Marco Polo.
Ce nouveau spectacle présenté à Avignon réunit des répertoires bien différents, des univers lointains. Après le lever du soleil est évoquée l’eau de la source, celle de la mer, le marin aimé et absent, la tristesse de l’attente, mais aussi la montagne, le cours d’eau et la danse en sabots. C’est la rencontre du répertoire occitan du Sud de l’Auvergne et des airs venus des steppes de Mongolie. Les instruments, ces « arbres luthiers », sont invités, des percussions et la fameuse harpe médiévale de Guillaume VIII de Montpellier, que le Centre International des Musiques Médiévales (CIMM) a fait reconstruire en aulne flotté en 2017, d’après l’image d’un sceau. Une aventure passionnante.
Mais il y a aussi la fabuleuse vièle à tête de cheval “morin khuur” que joue Dalaijargal Daansuren depuis l’âge de 3 ans. Diplômé d’Oulan Bator, ce musicien est aussi un étonnant interprète de chant diphonique “khöömii”, cette voix de gorge qui joue sur deux sonorités, et qui exprime la relation avec la nature, la vie nomade, des harmonies envoûtantes.

Un choix de liberté
Ainsi les chants et musiques de Mongolie, qui disent le vent, l’orage, la rivière, les monts et les steppes rencontrent des airs auvergnats et languedociens, “Lo rossinhòl”, “L’aiga de ròsa”, la bourrée “La moralhada”, et l’hymne “Se Canta”. C’est aussi le retour à « la musique médiévale au présent » portée par la Camera delle Lacrime, à travers des extraits du Livre Vermeil de Montserrat, ce manuscrit catalan du XIVe siècle. Car Bruno Bonhoure continue de « réénergiser, vivifier, réveiller » les riches répertoires anciens. Son étonnant « Karaoké Médiéval », prix du Patrimoine, poursuit d’ailleurs sa route et en est déjà à sa 17e étape !
Des mondes à partager, c’est ce que propose Initiation à la liberté, une belle idée « off » pour Avignon, auquel le public n’hésitera pas à participer, en chant et en rythme ! Elle sera reprise à Clermont-Ferrand pour les Journées du Patrimoine, tandis que Bruno Bonhoure envisage avec Dalai de la faire voyager à travers une nouvelle randonnée musicale en trois étapes dans la chaîne des Puys. Une musique ancienne en marche.
Michèle Fizaine
Initiation à la liberté, festival Interférences (Off d’Avignon), concert du 15 au 18 juillet, à 17h15, (14 à 20 €, enfant 10 €) à l’Archivolte, chapelle du Miracle, 13 rue Velouterie, Avignon.
Photo1 Bruno Bonhoure et Khaï-Dong Luong renouvellent la vision de la musique médiévale. Crédit photo Alric.
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