Près de 6 milliards d’euros d’argent public : l’estimation salée des coûts des JO de Paris 2024 par la Cour des comptes.
Une facture à 10 chiffres. Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ont coûté près de six milliards d’euros d’argent public dont une grande part dédiée à la sécurité de cet évènement hors normes, annonce ce lundi la Cour des comptes dans « une première estimation ». La Cour a évalué « les dépenses d’organisation à 2,77 milliards d’euros » dont 1,4 milliard pour la sécurité, et « les dépenses liées aux infrastructures à 3,19 milliards d’euros ».
Il s’agit là d’une première estimation des coûts publics agrégeant de nombreuses dépenses de l’État, des collectivités ou d’entreprises publiques : primes aux policiers, construction du village olympique ou du centre aquatique olympique à Saint-Denis, ou encore le coup d’accélérateur mis sur les travaux de la ligne 14 du métro dans les dernières semaines pour arriver à temps près du village olympique.
Un premier chiffrage
Aucun chiffre n’était à présent sorti hormis de la bouche du premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, qui avait avancé en mars 2024 à la radio que ces Jeux pourraient coûter « entre trois, quatre, cinq milliards » de dépenses publiques, tout en précisant qu’on ne le saurait qu’à la fin.
Jusqu’à présent, seuls les comptes du comité d’organisation (COJO) à 4,4 milliards en dépenses (76 millions d’euros d’excédent) reposant quasi essentiellement sur des financements privés et ceux de la Solideo (Société des livraison des ouvrages olympiques) comprenant une part publique étaient connus.
« Cette première estimation prend un intérêt accru dans le contexte de la préparation des JO d’hiver 2030 » qui se tiendront dans les Alpes françaises, a commenté l’institution.
Un rapport plus détaillé attendu en octobre
La facture publique est un véritable casse-tête à calculer, à retracer sur plusieurs années, et avec des périmètres à définir. Faut-il compter les dispositifs antidrones supplémentaires achetés avant les JO qui serviront aussi pour la suite ? La Cour des comptes répond “oui”.
Un rapport plus détaillé sera publié d’ici octobre car certaines dépenses ne sont pas encore connues entièrement comme celles des collectivités mais aussi certaines dépenses fiscales.
De même, du fait de « l’indisponibilité des données », elle n’a pas inclus « les effets positifs et négatifs des Jeux sur l’activité économique », Jeux qu’elle qualifie par ailleurs « d’incontestable succès populaire et médiatique ». Un autre rapport sur « l’héritage » sera publié en 2026.
Sécurité et transports au top des dépenses publiques
Parmi les plus grandes dépenses publiques : celles liées à la sécurité, avec un grand nombre de forces de l’ordre mobilisées dans un contexte de risque terroriste, ce qui a représenté 1,4 milliard d’euros (dont des primes pour près de 315 millions euros pour la police et la gendarmerie).
Compte tenu du manque d’agents de sécurité privée, l’État a aussi investi 78 millions d’euros pour former de nouveaux personnels. Viennent ensuite les dépenses liées aux transports et mobilités : 570 millions d’euros dont 335 pour les « renforts d’offre » de la RATP et de la SNCF. S’agissant des infrastructures, à la date de mars 2025, la part de l’État et des collectivités dans la Solideo est de 1,65 milliard d’euros.
Petit flottement concernant la baignabilité de la Seine qui a cumulé 1,4 milliard d’euros d’investissements publics, mais certains peuvent être imputés à des obligations européennes. À ce stade, la Cour des comptes estime les coûts de baignabilité de la Seine imputables aux Jeux « entre 200 millions et un milliard d’euros ». Compte tenu de « cette incertitude », ces coûts ne sont pas intégrés dans cette première évaluation.
Dans sa réponse à la Cour des comptes, le président du COJO, Tony Estanguet, regrette que « l’impact économique positif des Jeux » ne soit pas pris en compte. Il aurait pu ajouter l’impact politique car les Jeux Olympiques de Paris sont tombés comme une aubaine pour redonner un peu de « lustre » à un gouvernement en pleine déroute.
Avec AFP
Photo1. Jeux Olympiques de Paris 2024, l’heure de l’ardoise. Crédit Dr
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