Depuis #meetoo, c’est indéniable, le féminisme et la lutte contre les VHSS (violences et harcèlements sexistes et sexuels) a le vent en poupe. Ne pas être féministe est pratiquement devenu politiquement incorrect. Et justement ce « pratiquement » demande à être approfondi.


 

Le 14 mars 2025, l’association HF+ (Agir ensemble pour l’égalité femmes-hommes dans les arts et la culture) a organisé un débat avec la présidente de la commission d’enquête sur les VHSS (violences et harcèlements sexistes et sexuels) dans le cinéma, l’audiovisuel, le spectacle vivant et la publicité. Ainsi Sandrine Rousseau est venue échanger avec les montpelliérain.e.s sur l’évolution de cette commission, les témoignages reçus. C’était pour le moins édifiant.

Elle nous raconte par exemple que les personnes victimes venues témoigner l’ont fait le plus souvent la boule au ventre. Alors que ceux qui occupent des postes à responsabilités dans les domaines concernés étaient plutôt détendus. Un signe ? Peut-être. Mais certainement la mise en évidence que ceux qui ne subissent pas le harcèlement, les violences sexistes ou sexuelles n’ont toujours pas pris la mesure de ce qu’il se passe vraiment. À savoir, nous dit Sandrine Rousseau, que les féministes, les personnes qui se battent pour l’égalité des genres sont en train de gagner. La preuve en est, cette commission d’enquête actuellement est en cours de finalisation, chargée de faire de nouvelles propositions de règles pour en finir avec les VHSS dans les domaines évoqués.

J’ai assisté à ce débat et y ai pris part en tant qu’élue, adjointe au maire de Montpellier, déléguée à la lutte contre les violences faites aux femmes, la lutte contre les discriminations et pour l’égalité entre les femmes et les hommes. J’ai pu brièvement intervenir pour souligner quelques aspects des politiques mises en places depuis le début du mandat.

 

En tant qu’élue locale, que peut-on ? Dans quel cadre pouvons-nous faire des propositions ?

 

Toutes les actions menées n’ont d’intérêt que si elles impactent directement les habitant.e.s et se limitent à la ville. Elles peuvent aussi constituer en elles-mêmes un plaidoyer politique pour pousser le législateur à imposer de nouvelles règles égalitaires. Le niveau local permet une multitude d’actions, pourvu que l’on y mette les moyens financiers et humains permettant leur application. Il demande également de faire des choix et d’objectiver les propositions par la recherche, l’étude.

Les choix à Montpellier ont été fait sur les violences sexistes principalement dans l’espace public. Ils s’appuient sur des études proposées par le centre de ressources Hubertine Auclert : formation des agents, de la police Municipale, formation des policiers à l’outrage sexiste… Bientôt sera mis en place l’arrêt de bus à la demande.

Le choix de mieux accompagner et soutenir la monoparentalité s’appuie quant à lui sur les études menées par l’Observatoire des discriminations, piloté par les chercheurs du laboratoire LEIRIS de l’Université Paul Valéry, qui émet des préconisations.

La difficulté en tant qu’élue à l’égalité F/H et à la lutte contre les violences faites aux femmes est de convaincre ses collègues que des actions doivent être mises en place sur des sujets aussi divers que le logement, le travail, la formation, l’éducation, la petite enfance, l’alimentation… autant de très longs et laborieux chantiers. La volonté politique doit surtout être portée par le 1er magistrat de la ville pour avancer dans tous ces domaines.

En réalité, le rôle de l’adjointe est de savoir travailler avec tous et toutes. Le résultat en sera probant et impactera la vie des habitantes dans le bon sens : bouclier social petite enfance, congés gynécologiques, égalité professionnelle, Observatoire des discriminations, sensibilisation d’adultes et de cohortes d’enfants dans les écoles à l’égalité des genres… Ces avancées restent locales, mais elles suscitent l’intérêt au niveau national.

Fatma Nakib*

 

Fatma Nakib* : Maire adjointe de Michael Delafosse maire de Montpellier, Fatma Nakib est une professionnelle du spectacle vivant et depuis peu « assistante à la mise en scène de l’intimité » au cinéma, au Théâtre et dans l’audiovisuel. Sa spécialité dans le spectacle vivant est l’accompagnement à la création artistique et  l’organisation et la coordination de grands évènement (Festival International des Arts de la Rue d’Aurillac – Fêtes des ateliers Théâtre). Militante des arts et de la culture, elle a présidé également la Fédération des Arts de la rue.
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