C’est le deuxième hiver que traverse le peuple de Gaza, au 457e jour de génocide où plus d’1.900.000 personnes déplacé.e.s doivent subir des conditions de vie désastreuses dans les camps. Les médecins de Gaza parlent de la triade de la mort : hypothermie due à l’hiver, blessures et malnutrition. Avec ces trois conditions, les gens meurent parce que la coexistence de ces trois conditions signifie que le corps est épuisé de toute réserve physiologique. Toute blessure devient une urgence médicale entre famine et malnutrition dans une bande de terre où le système de santé a été mis à genoux par l’armée d’occupation israélienne.
Les premières personnes touchées sont les nourrissons et les personnes âgées en raison du froid glacial qui frappe les camps de réfugiés, alors que les fournitures d’hiver, telles que des couvertures, des vêtements chauds et des équipements de chauffage, sont gravement insuffisantes.
Des témoignages recueillis lors des séances de soutien psychologique — animées par l’équipe de l’ UJFP dont Abu Amir nous rend compte — pour les femmes dans les camps de déplacé.e.s nous permettent de mesurer, si ce n’est imaginer, l’ampleur de la situation.
« Dès le début de la tempête, nous vivions dans l’attente et l’inquiétude. Sous ma tente délabrée, j’essayais en vain de protéger mes enfants du vent glacial qui s’infiltrait. Le bruit de la pluie devenait de plus en plus fort, annonçant une nouvelle nuit de lutte contre le froid et l’humidité. »
Oum Mohammed, une autre participante, raconte : « La pluie torrentielle a envahi le camp pendant la nuit, le transformant en un marécage boueux. Je me suis réveillée aux cris de mes enfants tremblant de froid, car l’eau avait envahi notre petite tente. Je me suis sentie impuissante. Je n’ai pas pu protéger mes enfants, et tous nos modestes biens ont été endommagés. »
Une autre femme explique : « Je faisais tout pour maintenir ma tente debout face aux vents violents. Quand la pluie a commencé à s’infiltrer, j’ai compris que nous passerions la nuit sans abri. J’ai perdu tout ce que j’avais, y compris la nourriture et les médicaments. Je cherchais désespérément un endroit sûr pour mes enfants, mais tout le camp était submergé. »
Une mère déplacée à Mawasi Khan Younès raconte : « Je n’ai qu’une seule couverture pour mes quatre enfants. Nous nous blottissons les uns contre les autres pour tenter de nous réchauffer, mais le froid est plus fort que nous. »
Une déplacée décrit leur condition dans les camps en ces termes : « Les nuits de Gaza sont si dures qu’aucun mot ne peut les décrire. La tente tremble comme un bateau pris dans des vagues de sable agitées par le vent. Notre toit, ce sont les nuages et la pluie. Un tremblement de terre frappe tout autour de nous. On ouvre les yeux à chaque fois qu’on vole quelques minutes de sommeil pour vérifier si le toit est toujours en place. »
Une mère déplacée dans un camp à l’ouest de Deir Al-Balah explique : « Je n’ai qu’une seule couverture pour protéger mes huit enfants du froid dans notre tente glaciale. À chaque fois que nous entendons les prévisions météorologiques annonçant des pluies ou des vents, nous sommes terrifiés. Nous craignons que les vents emportent nos tentes avec nous à l’intérieur. »
Les familles déplacées manquent aussi cruellement de vêtements d’hiver, car la plupart d’entre elles ont fui avec seulement leurs vêtements d’été, ce qui rend encore plus difficile leur adaptation à l’hiver rigoureux.
C’est bien en fonction de cette situation, de cette réalité de terrain que l’équipe UJFP de Gaza avec qui nous sommes en contact quotidien a mis en place une initiative « Hiver à l’abri » depuis le début de l’hiver. Au milieu de cette souffrance croissante, cette initiative représente une bouée de sauvetage pour les déplacé.e.s durement affectés par la guerre et le blocus. Depuis le début de l’hiver, cette initiative a ciblé de nombreux camps de déplacé.e.s à travers Gaza, y compris les camps des pêcheurs, leur fournissant des articles essentiels pour affronter le froid rigoureux, notamment des couvertures, des vêtements chauds et des bâches en plastique. Les équipes ont distribué 100 couvertures, 100 vêtements d’hiver pour enfants et 30 bâches en plastique pour réparer les tentes.
L’initiative « Hiver à l’abri » continue de fournir des équipements d’hiver sur une base régulière, mais les défis sont énormes, notamment le manque de ressources et l’augmentation constante du nombre de déplacé.e.s. Le principal défi reste de couvrir les besoins croissants des familles déplacées, l’initiative dépendant fortement du soutien des donateurs pour garantir la poursuite de ces efforts. Ce type d’initiative ponctuelle, liée aux conditions climatiques, se rajoute aux activités quotidiennes de repas, scolarisation, soutien psychologique, de santé et remise en culture pour les paysans : ces actions extraordinaires ne sont possibles que grâce à la collecte initiée par l’UJFP en France.
Voici les dernières statistiques communiquées par l’Agence Médiapalestine le 3 Janvier 2025. 45 581 mort.e.s dont 17 000 enfants / 11 000 personnes coincé.e.s sous les décombres / 108 438 blessé.e.s et 1,9 million de déplacé.e.s.
Pour terminer cet article hebdomadaire, citons les mots d’Abu Amir extraits des textes quotidiens qu’il nous envoie : « Aujourd’hui, Gaza n’est pas seulement une zone sinistrée, mais une plaie béante qui souffre sous le poids d’une agression continue. Ses habitants appellent le monde à mettre fin à cette catastrophe qui dépasse toutes les normes humaines. Les cris de Gaza atteindront-ils un jour ceux qui ont le pouvoir de faire la différence ? Ou bien le silence du monde continuera-t-il de cautionner cette injustice historique ? Ces questions lourdes appellent des réponses urgentes, alors que l’espoir reste suspendu à la conscience et à la compassion de l’humanité ».
Brigitte Challande
Pour information les prochaines dates de Ciné-débats dont j’animerai la soirée :
– Frontignan au Cinéma Mistral le mardi 7 Janvier à 20h30 « La terre parle arabe ».
– Montpellier cinéma Utopia le jeudi 9 Février à 20h « Où pleurent les oliviers », en collaboration avec le comité Palestine des facultés et l’AFPS.
– Grabels dans la salle municipale de La Gerbe le vendredi 7 Février à 20h « Yallah Gaza ».
– En prévision : Bédarieux le 17 Février « La terre parle arabe ».