Ce nouveau projet a démarré fin Septembre 2024 à partir du camps des paysans déplacé.e.s mais non loin de leurs terres agricoles . Une distribution de semis, de graines et de matériel agricole a été possible grâce à la collecte mise en place par l’ UFJP et la ténacité de l’équipe autour d’Abu Amir1 avec les agriculteurs.


 

« Cet esprit a commencé à se propager d’un agriculteur à l’autre, car la réussite de leurs collègues a enthousiasmé les agriculteurs qui étaient initialement hésitants en raison des défis, mais ils ont commencé à préparer leurs terres pour la culture, espérant bénéficier de ce soutien qui leur a fait sentir qu’ils ne sont pas seuls, mais qu’il y a ceux qui les soutiennent et qui croient en leur droit à une vie décente et à un travail dans la profession agricole. » extrait du rapport quotidien des activités menées par l’équipe dans le camp des déplacé.e.s. Ce sentiment de solidarité a d’ailleurs trouvé une résonance chez nous auprès du collectif des «  Semeurs du Lodévois/Larzac » qui a participé au financement de la collecte mais a surtout envoyé un poème aux agriculteurs de Gaza dont voici le texte.

 

Graine d’espoir

Transportée par le vent, dispersée dans les champs, par une poignée pleine d’espoir, la graine repose sur le ventre fécond de la terre.

Face au froid, à la sécheresse, au feu, aux inondations, la graine, patiente, attend le feu vert pour la vie.

Cette graine, avec la solidarité de l’eau et du soleil, sous le regard confiant du paysan, au bon moment, se réveille sans peur ni crainte, pousse et traverse les obstacles, dix, cent, mille fois son poids.

Rien ne pourra l’arrêter.

Vive le peuple de Palestine !

Palestine vaincra !

 

Ce texte leur a été transmis sur le chemin de cette longue route vers la reconstruction d’une communauté agricole. Soutenir l’agriculture, c’est soutenir l’ensemble de la communauté, car l’agriculture n’est pas seulement une profession, mais fait partie de l’identité et de la culture du peuple palestinien.

Dans les quatre camps de déplacé.e.s où interviennent les équipes d’Abu Amir et de Marsel ce sont aujourd’hui plus de 1800 familles qui bénéficient de trois repas complets et équilibrés par semaine. Le programme de soutien psychologique pour les femmes en est à son 7ème mois d’activité à raison de deux fois par semaine et leur contenu aborde à la fois toutes les questions des difficultés à surmonter dans la vie quotidienne mais également la transmission de la mémoire collective et de l’identité culturelle. La population de Gaza ne se laissera pas voler sa vie, sa terre et son histoire encore une fois , dans les camps c’est au quotidien qu’elle trouve et pratique toutes les formes de résistance pour survivre dignement en affirmant leur droit de rester et de poursuivre leur vie en dépit de tous les défis. La scolarisation des enfants persiste et dure aussi bien à l’École de la solidarité que dans les autres camps :  « Malgré la faim et la peur qui accablent nos enfants, et le froid mordant de la nuit qui transperce leurs petits corps, ces courageux petits continuent de s’accrocher à l’étendard de l’espoir. Ils insistent pour fréquenter l’École de la Solidarité, où ils cherchent sincèrement à recevoir une éducation non traditionnelle et à participer à des activités de soutien psychologique. » écrit Marsel

L’équipe des centres éducatifs de Khan Younis et Deir Al Balah espère :  «  que ses centres contribueront à construire une génération de jeunes gens capables de terminer leurs études et de réaliser leurs ambitions, quelles que soient les difficultés imposées par les guerres et les conflits. Bien que ces centres éducatifs représentent une lueur d’espoir au milieu des ténèbres, ils ont toujours besoin d’un soutien continu pour étendre la portée de leurs services et offrir un avenir meilleur aux générations futures de Gaza. »

 


Israël consolide son contrôle à Gaza

 

Dans le Nord de la bande de Gaza au milieu d’une détérioration apocalyptique de la situation humanitaire et de bombardements successifs et continus le pillage de l’aide humanitaire s’organise sous l’oeil de l’armée israélienne. « Fait sans précédent et dangereux, l’armée d’occupation israélienne a permis à des bandes armées palestiniennes d’imposer des taxes aux camions d’aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza. Selon un rapport publié par le journal Haaretz, des hommes armés appartenant à deux clans bien connus de Rafah arrêtent les camions d’aide humanitaire à des points de contrôle temporaires et menacent les chauffeurs pour obtenir des sommes allant jusqu’à 15.000 shekels en frais de transit, ce qui entrave l’acheminement de l’aide vitale à la population touchée. Le rapport indique que l’armée israélienne ferme les yeux sur ces pratiques et empêche même la police locale de Gaza d’intervenir pour tenter d’empêcher les hommes armés de prendre le contrôle des camions, en prenant pour cible les policiers qui tentent d’affronter ces gangs. Plusieurs camions ont été arrêtés et attaqués, tandis que l’aide est retenue dans des entrepôts contrôlés par les gangs. Le rapport confirme que certaines organisations humanitaires ont été contraintes de payer des tributs par le biais d’un intermédiaire palestinien pour s’assurer que l’aide leur parvienne. »

Toutes ces informations vont dans le sens de ce fameux « plan des militaires » dont nous avons déjà parlé dans l’article précédent . Le journal israélien Haaretz confirme les informations des plans militaires

« Haaretz : Israël consolide son contrôle à Gaza et est susceptible de prolonger sa présence jusqu’à au moins la fin de 2025 avec :

1. Développement des infrastructures : Israël construit de larges routes, de grandes bases militaires et des infrastructures permanentes telles que l’eau, les égouts, l’électricité et les infrastructures mobiles à Gaza.

2. Présence militaire : les installations militaires comprennent des conteneurs fortifiés équipés de toutes les commodités, laissant supposer une présence militaire à long terme.

3. Le nord de Gaza a connu une forte baisse de la population civile, avec des zones qui comptaient plus d’un demi-million d’habitants tombant à environ 20.000.

4. L’armée israélienne démolit systématiquement les structures existantes, rendant ces zones inhabitables.

5. Élargissement d’un couloir étroit à une zone ouverte et large d’environ 5 à 6 kilomètres de large et 9 kilomètres de long, avec des projets d’expansion supplémentaire.

6. Israël a également exploré et étendu des zones le long de l’axe Salah al-Din (Philadelphie) sur une distance de 1 à 3 kilomètres ; il existe un désir d’expansion supplémentaire mais il se heurte à des objections internationales.

7. Une zone tampon d’au moins 1 kilomètre de large est en cours de construction le long de la frontière pour protéger les résidents des colonies voisines (enveloppe de Gaza).

8. Les couloirs initialement construits à des fins logistiques temporaires sont désormais transformés en installations frontalières plus permanentes à l’intérieur de Gaza.

9. À la lumière des déclarations concernant le rétablissement des anciennes colonies, de vastes projets d’infrastructures laissent présager une évolution vers une présence israélienne à long terme et peut-être une nouvelle phase de l’occupation de facto de la bande de Gaza. »

Dans un sermon du vendredi prononcé dans un des camps de Déplacé.e.s l’imam Imad Hamto a décrit ce qui se passe comme une catastrophe et une calamité pour le peuple palestinien. Il a délivré un message qui critiquait la position internationale et mondiale, affirmant que « le monde assiste en spectateur » à un moment où Gaza est soumise à une destruction continue et à de nombreuses victimes. Ce qui se passe à Gaza ne peut être décrit que comme une opération de nettoyage ethnique visant à modifier par la force la composition démographique de la région et à forcer les habitants à quitter leurs maisons. Ce plan vise non seulement à vider la terre de ses habitants, mais aussi à détruire la volonté nationale palestinienne et à écraser l’esprit de fermeté qui est toujours ancré dans le cœur des habitants de Gaza. En ciblant tous les aspects de la vie, Israël cherche à créer une réalité tragique.

Une question demeure : Combien de temps le monde continuera-t-il à regarder de loin, sans prendre de réelles mesures pour mettre fin à cette tragédie humaine qui s’aggrave jour après jour ? Le silence international n’exprime pas seulement une trahison à l’égard du peuple palestinien, mais représente également une blessure profonde dans la conscience de l’humanité tout entière, et il reste à espérer que le monde défendra un jour la vérité et la justice, afin de mettre un terme à la tragédie d’un peuple entier confronté à un génocide et à un déplacement sur sa terre.

Brigitte Challande

 

Statistiques du ministère de la Santé de Gaza

(communiquées par Marsel le 16 Novembre 2024.)

Ministère de la Santé à Gaza : Rapport statistique quotidien sur le nombre de martyrs et de blessés à la suite de l’agression israélienne en cours pour le 407e jour sur la bande de Gaza.

– L’occupation israélienne commet 3 massacres contre des familles dans la bande de Gaza, dont 35 martyrs et 111 blessés sont arrivés dans les hôpitaux au cours des (dernières 24 heures).

– Un certain nombre de victimes sont toujours sous les décombres et sur les routes, et les ambulanciers et les équipes de la défense civile ne peuvent pas les atteindre.

– Le bilan des morts de l’agression israélienne s’élève à 43.799 martyrs et 103.601 blessés depuis le 7 octobre 2023.

Notes:

  1. Abu Amir, notre correspondant à Gaza, représentant de l’ UJFP.
Brigitte Challende
Brigitte Challande est au départ infirmière de secteur psychiatrique, puis psychologue clinicienne et enfin administratrice culturelle, mais surtout activiste ; tout un parcours professionnel où elle n’a cessé de s’insérer dans les fissures et les failles de l’institution pour la malmener et tenter de la transformer. Longtemps à l’hôpital de la Colombière où elle a créé l’association «  Les Murs d’ Aurelle» lieu de pratiques artistiques où plus de 200 artistes sont intervenus pendant plus de 20 ans. Puis dans des missions politiques en Cisjordanie et à Gaza en Palestine. Parallèlement elle a mis en acte sa réflexion dans des pratiques et l’écriture d’ouvrages collectifs. Plusieurs Actes de colloque questionnant l’art et la folie ( Art à bord / Personne Autre/ Autre Abord / Personne d’Art et les Rencontres de l’Expérience Sensible aux éditions du Champ Social) «  Gens de Gaza » aux éditions Riveneuve. Sa rencontre avec la presse indépendante lui a permis d’écrire pour le Poing et maintenant pour Altermidi.