Dans le cadre des débats autour du Budget 2025, nous publions la réaction de Sébastien Vincini, président du Conseil départemental de la Haute-Garonne.
« Depuis mon élection comme Président de la Haute-Garonne je n’ai eu de cesse d’alerter le Gouvernement sur l’impasse financière dans laquelle les Départements sont placés. Depuis des années désormais, nous subissons une augmentation mécanique de nos dépenses sans pouvoir la contrôler puisque la loi les rend obligatoires. Nous subissons et nous déplorons l’effondrement de nos recettes sans pouvoir y remédier puisque le législateur a enlevé aux Départements toute possibilité de prélever un impôt local et qu’une part importante de recettes proviennent d’une part des frais de notaires.
En deux ans, le budget du Département de la Haute-Garonne a été amputé de 253 millions d’euros de recettes à cause de l’effondrement du marché immobilier. Nous subissons l’augmentation de la population et donc par corrélation de nos dépenses obligatoires. La Haute-Garonne accueille chaque année autant de nouveaux habitants que l’équivalent en population d’une ville comme Balma ou de deux fois la ville de Saint-Gaudens. Il faut mesurer l’impact de cette dynamique démographique en termes de politiques publiques, d’accompagnement social et d’investissements à déployer.
Dire que les collectivités creusent le déficit public est un mensonge tout comme insinuer que nous n’aurions qu’à nous concentrer sur nos compétences obligatoires pour avoir les moyens nécessaires à la conduite de nos politiques publiques est une fable. En Haute-Garonne, si nous supprimions du jour au lendemain toutes nos politiques départementales dites “volontaristes”, par exemple la téléassistance gratuite pour les personnes âgées, les transports scolaires gratuits, l’apprentissage de la Laïcité dans les classes, le soutien à la culture et au sport, l’aide aux agriculteurs… nous pourrions au maximum dégager une trentaine de millions d’euros d’économies là où nous sommes contraints de trouver plus de 110 millions d’euros d’économies pour boucler notre budget !
Avec un tel niveau de contraintes, nous rencontrons déjà de sérieuses difficultés pour bâtir un budget 2025 équilibré. Alors même que les collectivités ne représentent que 3,5 % du déficit public et qu’elles ont déjà fait des millions d’économies en 2024, le Gouvernement Barnier a révélé qu’il va demander aux collectivités de faire 5 milliards d’euros d’économies de plus en 2025 pour redresser la situation économique désastreuse du pays. Une situation financière due à la mauvaise gestion du pays depuis 7 ans.
Je demande avec gravité au nouveau Premier ministre Barnier et à son Gouvernement de rompre avec l’inconséquence de leurs prédécesseurs. Il faut renouer avec le sérieux à la tête du pays. L’asphyxie financière des Départements remet en cause toute la vie locale, les clubs sportifs, les associations culturelles, le soutien aux associations au sens large est menacé, comme les investissements locaux, l’aide aux personnes âgées et les moyens alloués aux EHPAD, l’accompagnement des personnes en situation de handicap, l’entretien des routes et des ponts…
Si rien n’est fait, le budget Barnier, tel qu’il se profile, va broyer les collectivités locales et ce qu’il reste des politiques de solidarités dans notre pays. »