Après avoir saisi le tribunal administratif de Montpellier sans succès pour contester les interdictions de manifester, les organisations de soutien à la Palestine annoncent qu’elles vont saisir le Conseil d’Etat.


 

À Montpellier les organisations de soutien à la Palestine ont déposé un recours devant le tribunal administratif pour contester les interdictions de manifester à répétition émises par le préfet de l’Hérault. Lors d’une conférence de presse elles ont dénoncé « un manque flagrant d’impartialité » du représentant de l’État François-Xavier Lauch. Présent lors d’un rassemblement contre l’antisémitisme du 27 août, selon le média indépendant Le Poing, le préfet de l’Hérault aurait déclaré : « Je n’accepte pas les insultes et ces récupérations de conflits internationaux. Je vais continuer les interdictions, et tant pis si je n’ai pas gain de cause devant les tribunaux administratifs » ; des paroles audacieuses suivies d’actes.

Si bien que l’arrêté du 29 août interdisant les rassemblements de soutien à la Palestine les 30 et 31 août qui faisait suite à l’interdiction du 24 août, après l’incendie de la synagogue de la Grande-Motte, a conduit les organisations de soutien à la Palestine a saisir le tribunal administratif. Les militants craignent en effet que cet événement condamnable serve d’alibi pour les empêcher de dénoncer « l’État d’apartheid en Israël » et « le génocide en cours ».

Depuis le début de la guerre, la position officielle de la France dans ce conflit souffre d’ambiguïté. En considérant que tout appel à un cessez-le-feu est un soutien objectif au Hamas, le gouvernement a pris le parti de l’État Hébreux dans la guerre de l’information orchestrée par Israël.

Mediapart vient de publier un rapport du gouvernement qui révèle que la France a livré 30 millions d’euros d’armes à Israël en 2023. Le gouvernement français refuse toujours de dire si certaines livraisons ont eu lieu après le début de la guerre à Gaza, et ont pu servir à cibler des civils.

Le préfet de l’Hérault François-Xavier Lauch, ancien Chef de Cabinet du président de la République en fait-il trop ? Lors de l’audience du tribunal administratif de Montpellier il était présent en personne, cela a-t-il pesé, comme le pense les militants, dans la décision des juges qui ont rejeté le recours pour un cesser-le-feu à Gaza ? Estimant être victime d’une atteinte au droit fondamental de manifester dans l’Hérault, les associations concernées ont dénoncé une pression politique et annoncé saisir le Conseil d’État.

Un nouvel épisode juridique sur le sujet de la crise à Gaza, où les communautés Montpelliéraines apparaissent politiquement fracturées et très polarisées. Le plus étonnant revient cependant à la position préfectorale. Céder à des réactions partisanes c’est faire davantage appel aux passions qu’à la raison. Une attitude qui tranche avec la vocation des commis de l’État généralement appelés à manier la nuance pour aborder les conflits sensibles.