Le mot d’ordre a été clairement affiché par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : de nouveaux efforts seront demandés aux établissements pour l’année 2024. La rentrée universitaire a des airs de douche froide.


 

Le gouvernement envisage de puiser dans les fonds de roulement des universités pour financer les mesures sur le pouvoir d’achat annoncées en juin. Au risque de menacer les chantiers de rénovation énergétique et d’alimenter, en cette rentrée, un « cocktail inflammable ». Lors du congrès de rentrée de France Universités, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a tenté de préparer les présidents d’établissements en les invitant à ne pas attendre « de miracle » de la part du ministère sur les budgets.

« Le budget de notre ministère, même en augmentation, ne permettra pas de couvrir la totalité » des mesures sur le pouvoir d’achat, « ni en 2023, ni en 2024 », a annoncé la ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, aux présidents d’université réunis en congrès à Paris, fin août. « Le contexte des finances publiques est tendu. L’inflation reste importante même si elle se ralentit et la dette de la France s’alourdit », a rappelé la ministre. C’est dans ce contexte de crise économique que Sylvie Retailleau a préparé les universités à devoir, pour l’année à venir, ralentir leurs dépenses.

Des mesures salariales (hausse du point d’indice et prime de pouvoir d’achat) avaient été annoncées mi-juin par le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini, notamment pour les fonctionnaires des catégories B et C. Pour faire des économies, Bercy avait indiqué fin juillet qu’il allait récupérer plus d’un milliard auprès des opérateurs de l’État. Sylvie Retailleau confirme donc que les universités feront partie des opérateurs publics concernés par ce prélèvement dans le cadre du budget 2024.

« Cette mobilisation des fonds de roulement vient percuter en partie le projet d’investissement que nous envisagions ensemble pour la rénovation thermique », a reconnu Sylvie Retailleau.

Pour autant — ou en même temps —, la ministre a conclu son propos en réexprimant la « volonté du ministère de maintenir le cap ». Il souhaite « garder comme objectif la place de vos établissements et plus généralement de notre enseignement supérieur, recherche et innovation en haut de nos priorités gouvernementales et surtout en haut de son rayonnement national, européen et international ».

L’association des présidents d’universités, France Universités, avait demandé fin juin que le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche soit établi en cohérence avec l’ensemble de ses missions et des grands enjeux nationaux. À l’heure où les personnels et les étudiants ne cessent  de s’exprimer sur la précarité et le sentiment d’abandon, il est peu probable que la concertation territoriale et l’annonce de grands schémas directeurs ne suffisent à convaincre les Présidents d’universités, d’autant plus qu’ils ne sont pas suivis d’effets.

Face à cette crise financière doublée d’une crise touchant la vocation même de l’université, la confiance n’est plus au rendez vous chez les directeurs d’établissement. Le dernier communiqué de France Université1 publié en juin dernier, avait pour titre : La France va-t-elle enfin considérer l’Enseignement supérieur et la Recherche comme un investissement ?

 

 

Photo : Assemblée nationale. Sylvie Retailleau, lors d’une audition au sujet des filières de santé à propos de la mise en place d’une mobilité internationale qui interroge face au désert médical français grandissant.

Notes:

  1. France Universités est une association loi 1901 qui rassemble les dirigeants exécutifs des universités et établissements d’Enseignement supérieur et de Recherche afin de porter la voix et les valeurs des universités dans le débat public. Elle comprend 116 membres votant parmi lesquels les présidents d’université, les directeurs d’écoles normales supérieures, d’INP, d’INSA, et les administrateurs généraux.