Le gouvernement vient de demander aux industriels de baisser rapidement les doses de nitrite dans les charcuteries, un plan qui déçoit l’association Foodwatch et la Ligue contre le cancer qui demandaient l’interdiction totale de ces additifs.


 

Moins de nitrites dans les lardons, rillettes et jambons, ce plan d’action, présenté le 27 mars 2023 aux professionnels, prévoit des « baisses immédiates d’additifs nitrés » d’environ 20 % d’ici un mois pour les produits de charcuterie de grande consommation. Les artisans et industriels de la charcuterie, représentés par la CNCT (Confédération nationale des charcutiers traiteurs) et la FICT (Fédération française des industriels charcutiers traiteurs), se sont dits prêts à mettre en œuvre ce « plan de réduction ambitieux », qui confirme par ailleurs « que l’interdiction des nitrites n’est pas la solution ». À ce stade, « la science ne permet pas de dire qu’il y a des alternatives possibles aux nitrites, ni que les supprimer serait la meilleure solution pour garantir la santé des consommateurs », qui pourraient alors être exposés à des bactéries comme la listériose, selon le ministère. « Jusqu’à 4 000 nouveaux cas de cancers par an liés à la consommation de viande transformée pourraient être évités en interdisant ces additifs », ont répondu Foodwatch et la Ligue contre le cancer dans un communiqué.

L’analyse de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) rejoint la classification du Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui avait en 2015 classé la viande transformée comme cancérogène. Historiquement, les charcutiers recourent à ces composants pour allonger la durée de conservation des produits et prévenir le développement de bactéries pathogènes à l’origine notamment du botulisme, une affection neurologique grave largement oubliée du fait des progrès sanitaires. Ce sont eux qui donnent sa couleur rose au jambon, naturellement gris.

L’agence sanitaire Anses avait confirmé en juillet le lien entre risque de cancer et exposition aux additifs nitrés, conduisant le gouvernement à travailler sur ce plan qui devait être présenté à l’automne dernier. En pointe dans la lutte contre ces additifs, l’association de défense des consommateurs Foodwatch et la Ligue contre le cancer « dénoncent la frilosité du gouvernement qui se contente surtout de réductions sur base d’engagements volontaires des industriels ».

Avec AFP