Le projet a été adopté mardi par 402 voix contre 130 avec le soutien de LR, du RN et de communistes.
Une respiration pour le gouvernement, après les turbulences engendrées par la réforme des retraites. L’Assemblée nationale a largement adopté, avec le soutien de LR, du RN et de communistes, mardi 21 mars en première lecture, le projet de loi de relance du nucléaire. Le projet a ainsi été approuvé par 402 députés contre 130. Toutefois, le texte a été amputé de la réforme controversée de la sûreté.
Soutenu à une très large majorité au Sénat fin janvier, le texte doit poursuivre son parcours parlementaire avec un compromis entre députés et sénateurs en commission mixte paritaire ou lors d’une deuxième lecture. Technique, ce projet de loi réduit les procédures et les délais pour concrétiser les promesses d’Emmanuel Macron de bâtir six nouveaux réacteurs EPR à l’horizon 2035, et lancer des études pour huit autres. Il est limité aux nouvelles installations situées sur des sites nucléaires existants ou à proximité.
Un texte approuvé par le RN et LR
Pour « atteindre la neutralité carbone », il ne faut « plus avoir le nucléaire honteux », selon le slogan des députés macronistes, à l’image de la rapporteure Maud Bregeon, ancienne d’EDF, qui a ferraillé contre EELV et les Insoumis, favorables à la sortie de l’atome et au passage aux 100 % renouvelables à partir de 2045.
« Que valent les risquent », les « tonnes de déchets ? », a pour sa part rétorqué la LFI Anne Stambach-Terrenoir, avant d’insister sur la fissure « importante » révélée récemment dans la tuyauterie d’un réacteur de la centrale de Penly (Seine-Maritime). Le groupe socialiste a voté contre aussi, même s’il « ne fait pas partie des formations politiques antinucléaires », a précisé Marie-Noëlle Battistel.
De son côté, le Rassemblement national a voté le texte, « bien qu’insuffisant », en s’attaquant aux « écologistes bornés ». Le patron des députés Les Républicains Olivier Marleix a loué un « revirement politique espéré » par la droite. Mais « beaucoup de questions » restent « en suspens », met-il en garde, sur l’usage de l’électricité, les technologies et les « acteurs du nouveau nucléaire ».
Échec sur la réforme de la sûreté
Durant les débats, le gouvernement a été mis en échec sur son projet de réforme de la sûreté, objet de vives critiques jusque dans son camp. L’exécutif voudrait fondre l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), expert technique, au sein de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme des centrales. Mais les députés ont voté pour préserver « l’organisation duale » actuelle.
Le gouvernement n’entend pas pour autant désarmer et pourrait remettre le sujet sur la table durant la suite de la navette parlementaire. « C’est un match en plusieurs sets et nous avons gagné la première manche », prévient François Jeffroy, représentant de l’intersyndicale de l’IRSN, qui a déjà organisé plusieurs journées de grève et reste « mobilisée ».
AFP