À Paulhan dans l’Hérault, un collège a construit un programme de prévention qui va de la 6ᵉ à la 3ᵉ et évoque tour à tour l’intimité, le consentement, la contraception, les effets de la pornographie… Une dynamique qui établit une confiance entre enseignants et élèves, et contribue à libérer la parole. Serait-ce une exception qui confirme la règle ?
Le Monde dépêche une envoyée spéciale dans le village de l’Hérault (lire l’article) pour couvrir cette heureuse initiative du collège Emmanuel-Maffre-Baugé qui met en œuvre la loi Aubry du 4 juillet 20011. Ce texte précise en effet que L’éducation à la sexualité en milieu scolaire est une obligation légale, selon laquelle « une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupes d’âge homogène ». Mais faute d’avoir prévu dans la circulaire d’application des moyens pour la faire appliquer, l’éducation à la sexualité est dispensée de manière inégale et non satisfaisante sur l’ensemble du territoire national.
Malgré le bien fondé de ce type d‘intervention dans les écoles, les collèges et les lycées, les actions suivies comme celle du collège de Paulhan demeurent exceptionnelles d’où le choix éditorial du grand quotidien du soir. « Quand cela arrive, la bienveillance permet de franchir les obstacles », témoigne Georgios Klouras, membre du Planning familial qui intervient dans les établissements scolaires de l’Hérault depuis une douzaine d’années, « de manière générale, la qualité du travail fourni ne correspond pas au financement. Nous disposons de deux heures de face à face par classe, ce qui est insuffisant pour identifier les besoins et accompagner les élèves. Nous essayons de partager le plus largement possible l’information dans le cadre d’une éducation populaire non sexiste. Deux heures c’est mieux que rien ; il ne s’agit pas de se plaindre mais il faut clairement plus de moyens ».
Initiatives de communication chargées de bonnes intentions
À l’heure où le gouvernement explore de nouvelles pistes pour protéger les mineurs de la pornographie en ligne1 il serait peut-être mieux inspiré de se saisir du rapport de l’Inspection générale de l’Éducation, du sport et de la recherche remis au précédent ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, un rapport intitulé « Éducation à la sexualité en milieu scolaire », jamais rendu public par le ministère. Selon ce rapport remis en juillet 2021, « moins de 15 % des élèves bénéficient de trois séances d’éducation à la sexualité pendant l’année scolaire en école et au lycée (moins de 20 % en collège) ». Les inspectrices mettent en lumière les manquements de l’institution en matière d’éducation sexuelle, elles préconisent de « mieux intégrer l’éducation à la sexualité à la politique éducative », notamment en rendant l’éducation à la sexualité plus lisible, et en l’inscrivant dans les projets académiques et les projets d’établissement.
Photo Le collège Boby Lapointe à Roujan dans l’Hérault crédit CD34
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