Depuis plus de dix ans, Julian Assange est privé de liberté pour avoir rendu publiques les violations des droits de l’homme commises par l’armée américaine en Afghanistan et en Irak. Ces informations d’intérêt public ont été relayées et exploitées dans le monde entier.

Seul poursuivi pour ces publications, le fondateur de WikiLeaks est aujourd’hui emprisonné depuis plus de trois ans dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, après avoir passé sept ans reclus dans l’ambassade d’Équateur à Londres. Ni condamné ni même jugé sur les accusations dont il fait l’objet.

Depuis plus de dix ans, il vit sous la menace constante de se voir extrader du Royaume-Uni vers les États-Unis où il encourt une peine de cent soixante-quinze ans de prison, soit une condamnation à vie sans aucun espoir de libération. Il subit, par ailleurs, une campagne d’humiliation et de décrédibilisation. Selon Nils Melzer, ancien rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, l’accumulation de ces éléments relève de la torture psychologique.

Depuis plus de dix ans Julian Assange aurait pu espérer que les démocraties, dont dépendait son sort, mettent fin au traitement indigne qu’il subit. Il n’en a rien été. La Suède, l’Équateur, et aujourd’hui le Royaume-Uni — pays de l’Habeas corpus1 [en 1679] et du Bill of Rights2 [en 1689] — ont bien au contraire prêté main-forte aux poursuites américaines.

Au-delà, elle suscite des préoccupations concernant la liberté de la presse et un risque de dissuasion du journalisme d’investigation, soulignés en août par la haute-commissaire aux droits de l’homme des Nations unies. Le droit à l’information, essentiel, mérite d’être protégé de même que ceux qui l’exercent.

C’est pourquoi l’équipe internationale de défense de Julian Assange lance aujourd’hui un appel à ceux qui ont le pouvoir de mettre fin à l’injustice.

 

Tribune publiée dans le Monde le 7 octobre

Photo  Souvenir to Shanghai, une oeuvre de l’artiste chinois, Ai Weiwei, membre du collectif à l’origine de cette tribune.

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Notes:

  1. Notion juridique qui énonce une liberté fondamentale, celle de ne pas être emprisonné sans jugement, contraire de l’arbitraire qui permet d’arrêter n’importe qui sans raison valable. En vertu du principe, toute personne arrêtée a le droit de savoir pourquoi elle est arrêtée et de quoi elle est accusée.
  2. La Charte des droits de 1689 limite définitivement le pouvoir du roi au profit de celui du Parlement anglais. La monarchie parlementaire remplace désormais la monarchie absolue.