Le 50e anniversaire de l’acquisition de l’hôtel de Grave par l’État en 1971 pour installer les Affaires culturelles au centre historique de Montpellier est l’occasion d’évoquer l’histoire d’un monument d’exception dans un ouvrage cosigné par Hélène Palouzié et Jean-Louis Vayssettes que vient de publier la Drac Occitanie1.
Le livre retrace l’histoire de cet hôtel situé à l’emplacement de l’ancienne résidence des évêques de Maguelone. Il fut acquis par l’État le 4 juin 1971 pour regrouper les services régionaux du ministère des Affaires culturelles éparpillés aux quatre coins de la ville. Hélène Palouzié, Chef de mission publication et valorisation scientifique, évoque l’histoire de cette acquisition, les aménagements intérieurs, décor et mobilier, et leur transformation rendue nécessaire pour répondre aux nouvelles fonctionnalités.
« L’implantation des services déconcentrés de la Culture fut une entreprise de longue haleine et n’aboutit réellement qu’à la fin des années 1980 avec la “décennie Lang”. Au terme d’un processus qui a duré près de trente ans, le responsable que Malraux appelait de ses vœux s’est imposé comme une figure de la politique culturelle en région », indique Michel Roussel2, l’actuel Directeur régional des affaires culturelles.
L’appel à deux architectes de renom, Simon Levesville (vers 1600-1645) puis Charles-Augustin Daviler (1653-1701) permit à Jean de Sartre, conseiller à la Cour des comptes, aides et finances, à partir de 1633, puis à Louis de Vignes dès 1696, d’édifier ce qui deviendra au fil des siècles l’hôtel de Grave, l’une des plus belles demeures montpelliéraines.
Le livre ne fait pas l’impasse sur le patrimoine humain avec un chapitre intitulé La vie à la DRAC retraçant « Des moments extrêmement féconds de l’action publique au service de la culture où la mise en question de l’art, de toute œuvre et de toute action humaine était le quotidien professionnel et bien au-delà, une façon de vivre ».
Un hôtel au cadre enchanteur
« L’installation de l’institution naissante dans l’hôtel de Grave, c’est l’héritage d’une époque, le génie d’un lieu, où des salons à la beauté surannée deviennent réceptacles de la création. Cet hôtel au cadre enchanteur, au sein d’un jardin — ce dernier servant d’extension à l’atelier du gardien — invitait à la recherche, avec une effervescence dans tous les domaines de la mémoire et de la création, de l’architecture aux arts de la rue. De ce souffle, de ce foisonnement culturel naissent les ateliers d’écriture avec François Bon, le bistrot des ethnologues avec Jean-Pierre Vernant, Philippe Descola ou Françoise Héritier, le guide du patrimoine avec Jean-Marie Pérouse de Montclos, les arts modestes avec Hervé di Rosa, la Compagnie Bagouet et les Arts au soleil, Valère Novarina et Aldébaran, Jordi Savall et les résidences d’artistes… Vertige de la liste. »
La transformation d’une habitation privée pour un usage public éclaire l’histoire institutionnelle du ministère des Affaires culturelles en région et l’aventure de la déconcentration culturelle qui aboutira à la création des DRAC et leur évolution jusqu’à la fusion des régions.
L’hôtel de Grave. Du palais épiscopal aux Affaires culturelles de Hélène Palouzié et Jean-Louis Vayssettes. L’ouvrage est diffusé gratuitement sur demande formulée à la DRAC Occitanie.
Notes:
- La collection Duo Édités par la direction régionale des affaires culturelles Occitanie (DRAC) ; les ouvrages de la collection « Duo » proposent au public de valoriser les actions de la DRAC Occitanie dans les domaines du patrimoine et de la création. Cette collection aux titres multiples et variés concerne l’action de la DRAC dans les domaines de la protection et la restauration du patrimoine monumental et mobilier, le patrimoine archéologique, les sites labellisés « Patrimoine mondial » les monuments labellisés « Architecture contemporaine remarquable », les sites patrimoniaux remarquables, ainsi que les domaines relatifs aux arts vivants, arts plastiques, musique, théâtre, danse, etc. Chaque ouvrage est le fruit d’un travail pluridisciplinaire réunissant architectes, ingénieurs, historiens de l’art, universitaires, archéologues, professionnels de la culture, tous experts dans leur domaine et garants de la transmission du patrimoine et du spectacle vivant.
- À lire dans altermidi mag#5 (disponible en kiosque 5€), un entretien avec le directeur de la DRAC Occitanie.