Le lézard gecko paraît défier la gravité en “collant” au mur, en partie grâce à une couche de gras couvrant ses pattes. Les chercheurs envisagent des applications aux recherches concernant cet incroyable pouvoir d’adhésion. Pourra-t-on un jour marcher sur les murs comme Spiderman ?
La faculté du Gecko à gravir des parois verticales, même en verre, a toujours fasciné les scientifiques. De nombreuses recherches ont été, et sont toujours, effectuées pour percer son secret. Les geckos sont capables de se coller à presque n’importe quelle surface, jusque sous l’eau, sous vide d’air et sans jamais s’abîmer les pattes ou salir la surface.
Les scientifiques sont depuis longtemps intrigués par la capacité quasi surnaturelle d’adhérence de ce petit lézard dont ils ont cherché à percer le secret. Ils savent depuis plusieurs années que le bout des pattes des geckos est doté de millions de sétules, des poils microscopiques élastiques, disposés selon un certain ordre et se terminant en forme de spatules.
Cette microstructure permet d’épouser la forme de la surface sur laquelle le gecko se déplace. Ce phénomène s’explique par les forces dites de van der Waals1.
« Nous connaissions déjà beaucoup de choses sur le comportement mécanique des sétules. Maintenant nous comprenons mieux comment elles fonctionnent à l’échelle moléculaire », a dit le physicien Cherno Jaye, de l’Institut national américain des standards et de la technologie (NIST), co-auteur de l’étude parue sur le gecko dans Biology letters.
Les chercheurs du NIST ont découvert, en utilisant un microscope à rayons X, que les sétules et leurs spatules étaient couvertes d’un film gras d’un nanomètre d’épaisseur, un milliardième de mètre. Ces lipides, qui protègent les tissus contre la déshydratation, pourraient aussi jouer un rôle clé grâce à leur caractère hydrophobe. En repoussant toute molécule d’eau, ils fourniraient aux spatules « un contact plus étroit avec la surface », précise Tobias Weidne chimiste à l’Université danoise d’Aarhus, et co-auteur de l’étude, cité dans un communiqué du NIST. Le tout « aiderait les geckos à s’accrocher à des surfaces humides », selon lui.
Les chercheurs envisagent des applications très concrètes aux recherches concernant l’incroyable pouvoir d’adhésion2 du gecko. Ces recherches intéresse beaucoup l’industrie de la sécurité, le secteur automobile mais aussi la médecine.
« On peut imaginer des bottes gecko ne glissant pas sur des surfaces humides, ou des gants gecko pour tenir des outils mouillés », évoque le physicien du NIST Dan Fischer. Et pourquoi pas, un « véhicule capable de parcourir un mur », d’après lui. D’ici là, l’étude conclut à la nécessité de poursuivre le travail pour déterminer exactement l’utilité de ce film de lipides.
Dernière précision, aucun gecko au monde n’est venimeux. De par son régime alimentaire, le gecko est un allié de poids dans notre lutte des nuisibles ménagers. En effet, il se nourrit de blattes, de moustiques, de mouches, de mille-pattes, etc. Il n’y a donc aucun risque à avoir des geckos dans sa maison ou à être en contact avec eux.
Avec AFP
Notes:
- Forces de VdW : forces électromagnétiques résiduelles faibles, d’origine quantique, ayant lieu à courtes distances et s’exerçant entre des molécules et même des atomes neutres, ou entre une molécule et un cristal. Il s’agit de la combinaison pour l’essentiel de trois types de forces distinctes résultant de différents effets : la force de Keesom (effets d’orientation) ; la force de Debye (effets d’induction) ; la force de London (effets de dispersion).
- Un animal de 50 grammes peut résister à une traction de 2 kg.