Dans le quartier du Mirail, plusieurs organisations, associations et collectifs sont mobilisés contre la démolition — qu’ils jugent inutile — de bâtiments, et réclament un moratoire.


 

Depuis qu’ils ont appris la décision de la municipalité de démolir des logements HLM de la Reynerie et de Bellefontaine, les habitants, soutenus pas des associations et des collectifs1, ont décidé de réagir. Dans un courrier commun adressé au maire et président de la Métropole de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, ils réclament une rencontre pour demander un moratoire et proposer l’ouverture d’un concours en vue d’un projet de rénovation.

Les signataires s’interrogent sur le bien-fondé de cette décision de démolition : « Les immeubles concernés sont sains, de bonne qualité et les appartements sont uniques en leur genre : construits dans les années 1970 par l’équipe d’architectes-urbanistes de George Candilis, ils ont fait la preuve de leur solidité lors de l’explosion de l’usine AZF en 2001, où ils étaient pourtant en première ligne. Les appartements y sont grands, spacieux, aérés, sans vis-à-vis. Ils répondent parfaitement aux normes récemment édictées par le ministère du Logement », argumentent-ils dans leur courrier.

Selon eux, la démolition pose problème à plus d’un titre, et ils listent les différents griefs :

  • un gâchis humain considérable par la destruction d’une vie sociale importante et des liens de solidarité tissés au fil des années. Par ailleurs, cela obligerait certains locataires à « se reloger dans un appartement moins fonctionnel, plus cher, plus petit, parfois plus loin ».
  • gâchis financier : « Cela coûte beaucoup plus cher à la collectivité de détruire et reconstruire que de rénover, améliorer, adapter ».
  • gâchis écologique : l’empreinte carbone de la destruction et de la reconstruction est selon eux plus élevée que celle d’une rénovation, même d’ampleur.
  • gâchis architectural : les immeubles Candilis font référence dans le monde entier. « Les
    appartements répondent tous aux normes édictées actuellement par le ministère : ils sont traversants donc aérés, spacieux donc habitables, y compris dans des temps de confinement et de télétravail ».

« Adapter, aménager, améliorer mais pas démolir »

Les opposants au projet souhaitent l’installation d’un moratoire sur les destructions, « le temps de lancer et réaliser un Appel à concours architectural et urbanistique envisageant la rénovation des immeubles concernés ». Une décision pourra ainsi intervenir sur la base des options possibles, chiffrées et argumentées, et sur les aspects économique, écologique, humain, architectural et urbanistique.

Le communiqué précise également que les habitants doivent être traités avec respect et pris en considération par les sociétés de bailleurs, « notamment en cessant les pressions sur les locataires dans le but de les faire partir au plus vite, en continuant d’assurer normalement l’entretien, le chauffage, la sécurisation de ces immeubles (remplacement de l’éclairage défectueux, réparation des ascenseurs, etc.) et en
arrêtant les travaux préalables à la démolition alors que des familles vivent encore dans ces immeubles ».

Le communiqué se termine par une préconisation de l’architecte de renom Paul Chemetov, signataire de la Tribune des architectes : « il faut adapter, aménager, améliorer mais pas démolir ! ».

Voir aussi : Les habitant.es du Mirail bataillent pour sauver leurs immeubles

Notes:

  1. Les premiers signataires : Assemblée d’habitants de Reynerie – Collectif d’architectes contre la démolition et pour la rénovation – Collectif d’habitants de Bellefontaine – Confédération nationale du logement 31 (CBL31) – Droit au logement (DAL 31) – Toulouse ouverture 7 (TO7).