Dans le cadre du mois de l’ESS qui vient de s’achever, Le Conseil départemental du Gard et la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire Occitanie (CRESS) organisaient, le 30 novembre aux Archives départementales du Gard, une rencontre très suivie sur l’engagement bénévole et solidaire. Une occasion de rencontres et d’échanges entre acteur.trice.s de l’ESS qui a permis de renforcer les réseaux à l’heure où la solidarité s’affirme comme une valeur d’avenir.
L’ESS était représentée dans sa diversité d’activités et de générations. Beaucoup d’acteur.trice.s avaient répondu présent.e.s pour échanger un après-midi durant sur le bénévolat. Le thème de cette rencontre était bien choisie, le bénévolat est en effet fortement présent dans l’Économie sociale et solidaire qui offre un espace d’engagement sur tout le territoire avec 13 millions de bénévoles. Dans le Gard, on compte plus de 4 000 structures, associations employeuses ou sans salarié.e.s qui reposent toutes sur le bénévolat et concernent plus de 4 000 Gardois.e.s dans le secteur de l’Économie sociale et solidaire. De quoi mobiliser les collectivités territoriales comme le Conseil Départemental très volontaire pour développer l’ESS sur le territoire.
L’après-midi organisé en ateliers sur un mode participatif a permis de croiser les visions et les problématiques. Les trois ateliers ont fait l’objet d’une restitution par des rapporteurs. Parmi les idées et observations, on retient que le bénévolat peut répondre à différents besoins, à la fois personnels et collectifs et consiste à mettre à disposition des autres ses compétences et expertises. Il permet également de préserver une sphère sociale en dehors des temps professionnel et familial. En plus de contribuer à la lutte contre l’isolement, c’est un geste citoyen qui prend part à la solidarité et à l’interconnaissance sur un territoire, et une réponse aux besoins complexes et multiples de notre société. Le bénévolat est un stimulant pour les associations, un moyen de transmettre. Il peut prendre la forme d’un mécénat de compétences développé par des entreprises au service des associations. En fonction de la motivation, le bénévolat donne du sens à notre propre vie. S’il est souhaité, le passage entre bénévolat et salariat doit être accompagné. Les bénévoles peuvent accéder à des formations, etc.
En fin de journée une table ronde a permis de revenir et d’échanger sur les points abordés, d’aller au-delà en étudiant des pistes d’actions ou de promotion du bénévolat.
Rendre l’ESS plus visible
Cette demi-journée thématique permet de mesurer l’impact de l’ESS dans le Gard et la région Occitanie. Pas moins de 22 000 emplois dans le département, et 210 000 salarié.e.s dans la région, soit 11,6 % des emplois salariés. Au-delà de ces chiffres, l’ESS répond de manière collective à de multiples situations du local, dans le souci d’intérêt général, et offre des espaces d’engagement sur tous les territoires.
Pour la Vice-présidente Hélène Meunier, déléguée à la Lecture publique et à l’ESS, présente sur place, « si le département fait déjà beaucoup, l’heure est venue de tracer des axes d’action pluriannuelle afin d’affirmer un choix politique pour construire et développer une dynamique collective ». Un chantier complexe car les structures de l’Économie sociale et solidaire sont protéiformes, allant des grandes coopératives ou mutuelles aux petites associations. À cela s’ajoute un faisceau d’activités très diversifiées (médico-social, bâtiment, énergie, agriculture, culture, services, commerce équitable, développement durable, etc.) qui suppose de dépasser la structuration par filière économique. « La cohérence à trouver passe par plus de visibilité et de mise en réseau, assure Hélène Meunier, il faut aussi communiquer positivement, l’ESS est un secteur économique qui donne de l’espoir. C’est très important d’offrir de l’espoir à nos concitoyens dans la période actuelle, mais aussi pour nous permettre d’agir et d’envisager l’avenir ».
Comme le rappelle la Présidente du Conseil départemental du Gard, Françoise Laurent-Perrigot, c’est au niveau du sens que se situe la plus-value et par là même que peut se marquer un engagement politique d’avenir. « L’Économie sociale et solidaire défend des modèles alternatifs d’entrepreneuriat, de consommation et de production. Elle s’efforce au quotidien de placer l’humain et les relations de bien-être entre les personnes, au cœur de l’activité économique. Elle encourage des valeurs éthiques de gestion et un mode de gouvernance démocratique et participative, principes pleinement partagés par le Conseil départemental. Notre collectivité participe activement au mois de l’ESS à travers des rencontres et des débats, pour mettre en lumière cette économie innovante. L’ESS, plus vertueuse, respectueuse de l’humain et de son environnement, contribue à construire le bien-vivre dans notre département. Le Conseil départemental a pour ambition d’y jouer un rôle majeur ».
« En milieu urbain comme en milieu rural, l’engagement des collectivités recoupe des réalités différentes mais il est essentiel », souligne Gérard Galet, le trésorier de la CRESS Occitanie. « Nous appuyons les collectivités pour identifier et soutenir les acteurs de l’ESS sur le territoire. C’est le cas ici avec le département du Gard où l’action permet aux acteurs de se rencontrer et d’échanger sur leurs pratiques. À chaque rencontre il y a de nouvelles têtes et on est tous solidaires, se réjouit-il, à chaque rencontre le réseau se renforce. À une autre échelle, nous travaillons avec les élus locaux des petites communes pour renforcer la coopération. »
L’ESS représente des entreprises guidées par des principes de durabilité intrinsèquement liés à l’action de terrain. Cet aspect incontournable permet de créer de l’emploi et de construire l’économie locale avec des structures durables et non délocalisable. Ce qui ne les met pas à l’abri pour autant de la conjoncture économique. En 2021, la crise sanitaire a durement frappé ce secteur.
« Associée à la cellule de crise auprès du préfet, la Cress Occitanie a fait remonté l’ensemble des problèmes et l’État a été très réactif, témoigne Gérard Galet. La crise a été ressentie différemment en fonction des secteurs. Dans le médico-social on était tout feu tout flamme, alors que dans le tourisme solidaire les 34 000 lits que l’on compte dans notre région étaient à l’arrêt total. Pour 2022 on est toujours dans l’expectative mais on reste dans le même état d’esprit. Celui de soutenir nos membres en travaillant avec l’État et la Région. En se demandant quand nous allons voir le bout du tunnel ».
Jean-Marie Dinh