Pourquoi altermidi choisit de publier cet appel ?

altermidi est un média interrégional citoyen qui s’attache à rendre compte des initiatives locales privées ou publiques s’inscrivant dans une démarche positive pour l’humanité. Notre ligne éditoriale ne peut se prédéfinir, elle participe d’une démarche en permanente construction. Entrer dans l’espace interrégional pour parler des personnes qui y vivent ou le traversent est une aventure. Nous écrivons des articles à partir d’une mosaïque composée de morceaux de réalité et d’identité. Dans le Midi, les cultures régionales sont en lien avec les cultures européennes et méditerranéennes. Cela délimite l’espace où se déploient les imaginations, les intelligences et l’esprit d’initiative. Ce qui nous intéresse, c’est précisément cette dialectique de la nécessité et de la liberté ici et maintenant. Voilà pourquoi il nous semble important de relayer cet appel signé par 137 femmes franco-syriennes à l’occasion du 8 mars. À l’heure où nous célébrons les 10 ans de la révolution pacifique citoyenne syrienne1, la journée internationale des droits des femmes est une occasion de leur exprimer sincèrement toute notre solidarité.


 

Hamouria 6 janv 2018 Des civils courent se mettre à l’abri après des frappes aériennes. Photo Dr Abdulmonam Eassa

A l’occasion de la Journée internationale des Droits des Femmes, nous, Franco-Syriennes de toutes confessions et toutes générations, grand-mères, mères, épouses, filles, petites-filles, sœurs, parentes ou amies qui vivons en France tout en ayant également de la famille ou des amis proches résidant dans cette Syrie qui nous est si chère, exprimons toute notre solidarité avec le peuple syrien, les femmes et les enfants en particulier qui depuis dix ans ont payé un très lourd tribut à la guerre.

Nous avons une pensée spéciale pour toutes ces femmes, toujours en première ligne, dans la vie quotidienne, le monde du travail, la charge des enfants et la lutte contre le terrorisme.

Comme tant et tant de binationales de toutes origines, nous sommes attachées en même temps à la France et à notre pays de naissance. On nous pardonnera donc de clamer combien nous sommes profondément blessées du traitement réservé à la Syrie.

Il n’est plus possible de taire l’interminable calvaire de la population : elle a déjà subi les affres d’un conflit plus long que les deux guerres mondiales, avant d’être accablée par un blocus total et des sanctions qui l’affament et l’asphyxient, la privant d’électricité, de chauffage et de soins, interdisant même tout transfert d’argent pour aider les familles.

Comme si tout cela ne suffisait pas, les forces d’occupation se sont acharnées à multiplier les incendies criminels des récoltes, les vols et les pillages. Alors qu’en 2011 le pays était auto-suffisant pour tous ses besoins essentiels, y compris en médicaments, énergie et nourriture, la situation humanitaire est alarmante et le Programme alimentaire mondial tire la sonnette d’alarme pour 12,4 millions de Syriens qui s’enfoncent dans l’insécurité alimentaire.

Faudra-t-il trente ans, comme dans le cas irakien, pour que l’on reconnaisse le caractère criminel voire génocidaire de toutes ces mesures qui se sont accumulées au fil des années ?

Nous, Femmes Franco-Syriennes, appelons haut et fort à la levée totale du blocus sur la Syrie, qui va bien au-delà d’une punition collective dont on ne dit pas le nom, puisqu’il trahit une volonté délibérée de mise à mort d’une population, dans un silence assourdissant qui ne fait qu’intensifier notre colère devant un tel acharnement et notre honte face à une telle souffrance.

 

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Photo : Hamouria Syrie, 6 janv 2018. Des civils courent se mettre à l’abri après des frappes aériennes. Photo DR Abdulmonam Eassa

Notes:

  1. À l’origine de ce mouvement, de simples citoyens ont été les premiers à manifester dans les rues pour réclamer de manière pacifique la liberté et la dignité auxquelles ils avaient droit.