Au vu des derniers indicateurs, le ministre de la Santé a placé les Bouches-du-Rhône en zone d’alerte renforcée, et l’agglomération d’Aix-Marseille, en zone d’alerte maximale. Le premier adjoint à la mairie de Marseille Benoît Payan réaffirme sur France Inter ce jeudi vouloir un délai de dix jours avant de mettre en place ou pas les nouvelles restrictions. Tandis que le président de la région PACA, Renaud Muselier, déposera dès demain un recours en référé-liberté contre l’arrêté préfectoral.
Les professionnels de la restauration, les bistrotiers et certains élus ne décolèrent pas après l’annonce de la fermeture de leurs établissements dans la métropole d’Aix Marseille. Au vu des derniers indicateurs, le ministre de la Santé a placé les Bouches-du-Rhône en zone d’alerte renforcée, et l’agglomération d’Aix-Marseille, en zone d’alerte maximale. Les bars et restaurants devraient donc fermer à Aix et Marseille à partir de samedi. Ce qui a soulevé la colère des élus. Le président de la région PACA, Renaud Muselier, a dénoncé une décision, dans laquelle il voit une « punition collective ». Hospitalisée, la maire de Marseille, Michèle Rubirola, a fait part de sa « colère ».
Ces décisions, « dont je mesure la portée pour les Marseillais, visent précisément à les protéger alors que tous les indicateurs sanitaires sont très dégradés », a répliqué mercredi soir le ministre de la Santé, Olivier Véran, sur Twitter. Sur le même réseau social, Renaud Muselier précise sa pensée visant le ministre de la santé « Un coup de téléphone n’est pas une concertation, quand l’appel est passé à 18h30 pour une intervention à 19h, dans la précipitation. Cette décision est unilatérale, inadaptée et injuste ! Vous pensez être courageux, en fait vous perdez votre sang-froid ».
Sur France Inter ce jeudi, le premier adjoint Benoît Payan, demande au gouvernement « de la concertation » et un délai de dix jours pour surveiller la situation sanitaire dans la ville, avant de décider de l’application des nouvelles mesures restrictives. Mercredi, au vu du taux d’incidence, supérieur à 250 pour 100 000 habitants, le ministre de la Santé a annoncé la fermeture des bars et restaurants dans ces territoires, ainsi que celle de l’ensemble des établissements recevant du public sauf s’il existe un « protocole sanitaire strict » déjà mis en place.
« Concerter ne veut pas dire forcément tomber d’accord, à un moment le principe de responsabilité doit primer », a développé jeudi matin Olivier Véran, lors de son audition par la commission d’enquête du Sénat sur la crise sanitaire.
Un gouvernement qui « tape un grand coup sur Marseille »
Le premier adjoint tempère la situation épidémique. « Les indicateurs à Marseille s’améliorent, on le voit depuis 5-6 jours, la courbe qui s’était stabilisée entame une lente décrue, on ne crie pas victoire du tout, mais on voit bien que toutes les mesures de pédagogie, de restrictions qu’on a prises commencent à porter leurs fruits. » Si le nombre de nouveaux cas baisse depuis le 13 septembre dans les Bouches-du-Rhône, le nombre de nouvelles hospitalisations quotidiennes augmente ainsi que le nombre d’admissions en réanimation. Au début de l’été, après que les patients Covid aient déserté les hôpitaux marseillais, les services d’urgences sont revenus à la situation identique de l’avant-crise en termes de chiffres et de typologie des patients mais comme partout dans le pays, le gouvernement n’a pas fait d’investissement significatif pour prévenir un nouvel épisode de la pandémie.
« On peut avoir le débat médical ou scientifique, mais vous savez que les gens qui arrivent en réa aujourd’hui ont contracté le virus il y a une quinzaine de jours, et puis ensuite il y a l’aggravation et la réanimation. Les personnes qui ont contracté le virus il y a une quinzaine de jours l’ont contracté pendant la période de pic, entre le 3 et le 9 septembre et c’est tout à fait normal d’avoir aujourd’hui des taux d’entrée en réanimation importants. »
« On a un gouvernement qui sans concertation et discussion avec qui que ce soit prend la décision unilatérale improbable, incroyable de taper un grand coup sur Marseille, en disant « on va confiner l’économie » », ajoute Benoît Payan.
« Nous lui demandons dix jours pour regarder ce qui est en train de se passer »
Le premier adjoint, qui remplace actuellement la maire Michèle Rubiola en convalescence après une hospitalisation, se rendra avec les équipes municipales en préfecture ce jeudi après-midi. Ils demanderont au préfet un délai de dix jours avant de décider de l’application des mesures. « Je ne peux pas imaginer que le gouvernement ne revoie pas sa copie, nous demandons au gouvernement de la concertation », assure Benoît Payan.
« Nous lui demandons dix jours pour regarder ce qui est en train de se passer, pendant lesquels nous continuerons de lutter activement contre le virus, et pendant lesquels nous serons attentifs sur la situation sanitaire exacte dans la ville de Marseille. Si ça a évolué, nous prendrons les décisions qui s’imposent, si ça n’a pas évolué alors nous demanderons de laisser l’économie vivre, la ville vivre. »
Selon Benoît Payan, Marseille est « le territoire le plus testé du pays » avec des tests gratuits tous les jours, dans les eaux usées mais aussi des tests surfaciques dans les écoles. 20 millions de masques ont été commandés et 500 000 distribués indique-t-il. « C’est très facile de basher Marseille, d’exagérer », même si « on est aussi une ville qui a besoin de moyens. Il faut que l’État se donne lui-même les moyens de ses propres ambitions ».
Avec AFP
Critères d’évaluation. Trois critères ont été pris en compte pour placer le département des Bouches -du-Rhône en zone d’alerte maximale. Les zones où le taux d’incidence est supérieur à 250 cas pour 100 000 habitants, où le taux d’incidence chez les 65 ans et plus est supérieur à 100 cas pour 100 000 personnes et où la part des patients atteints du COVID-19 en services de réanimation est supérieure à 30 % seront placées en alerte maximale, a indiqué le ministre de la Santé.
Qui est Benoît Payan le premier adjoint de Michèle Rubirola ? Issu du Parti Socialiste, le premier adjoint de Marseille de 42 ans a un temps été pressenti pour prendre la tête du Printemps Marseillais. Il a finalement renoncé au profit de Michèle Rubirola car son appartenance au PS cristallisait trop d’oppositions dans ce mouvement de rassemblement. Après des études de droit, il intègre rapidement et successivement les cabinets de Michel Vauzelle, alors Président PS du Conseil Régional et celui de Marie-Arlette Carlotti (PS) au gouvernement. Au sein du Parti socialiste français, il est très proche d’Olivier Faure, le premier secrétaire du parti. Au soir du second tour des municipales, il a gagné haut la main le secteur des 2e et 3e arrondissements de Marseille.
Mercredi à Marseille, Benoît Payan lors d’une conférence de presse suite aux annonces du ministre de la Santé. Photo DR AFP