Dans une lettre ouverte que nous publions ci-dessous plus de  20 associations nîmoises dénoncent la décision d’annulation du Forum des associations qui devait se tenir samedi. Elles ne contestent pas l’annulation pour cause de sécurité mais la différence de traitement des mesures de prévention


 
 
 

Lettre ouverte à Mr le Maire de Nîmes et Mr le Préfet du Gard

 
 
Les responsables associatifs ont tous reçu le même mail : « Dans le contexte particulier d’un classement en zone rouge du département du Gard au titre du COVID, le Forum des Associations prévu le samedi 5 septembre a été annulé. »
Raisons sanitaires parfaitement compréhensibles.
 

S’il y a réel risque sanitaire pour la population, on annule TOUS les événements.
Sauf que, dans le même temps, sur le site de la ville de Nîmes il est écrit ceci :
« Dans un souci de maintien de l’activité économique et de soutien au tissu commercial Nîmois, la Ville de Nîmes, avec l’aval de la Préfecture du Gard, a tenu à organiser la Féria. »

La journée des saveurs aura également lieu, ainsi que le dernier jeudi de Nîmes le 3 septembre, ainsi que le salon Sésame qui se passera en intérieur !
 

Où est la cohérence de ces décisions simultanées ?

Que devons-nous conclure de ce deux poids, deux mesures ?
 
Ce qui est inacceptable n’est pas que le Forum soit annulé, c’est que dans le même temps d’autres événements puissent avoir lieu.
 
Dans ces décisions contradictoires, au-delà de l’incohérence il y a une forme de mépris pour le monde associatif.
 

Mépris augmenté par la déclaration qui a été faite au Midi Libre : prise en flagrant délit d’incohérence, la municipalité a affirmé que l’annulation de ce forum serait due à un nombre insuffisant d’inscrits. Foutaises et tentative de manipulation de l’opinion publique !

D’autre part, ce dernier argument rend caduque la raison sanitaire initialement invoquée…
 
Nous n’avons rien contre la Féria ! Rien contre les commerçants ! Nous sommes totalement solidaires avec tous ceux dont les activités sont mises en péril par la situation sanitaire.
 

Nous ne demandons que cohérence et justice. Le tissu associatif se trouve également en situation précaire.

Et bien au-delà des associations, c’est actuellement toute la culture qui est en danger. Ainsi que le sport. Ainsi que la cohésion sociale…Réfléchissez-y bien, Mesdames et Messieurs de la haute sphère décisionnaire !
 

Ce « vivre-ensemble » pour lequel vous avez donné des subventions, y attachez-vous encore de l’importance ?

(Ouvrons ici une parenthèse. Car, on le voit venir l’argument des subventions reçues. Mais attention ! Si l’âne dit merci pour les carottes, il ne doit pas pour autant faire le dos rond à chaque coup de bâton et la reconnaissance n’implique pas le silence).
 

D’ailleurs, ces subventions ne sont pas « données ». Les associations qui les perçoivent remplissent une mission d’intérêt général qui reviendrait à l’Etat ou aux municipalités si les associations ne s’en chargeaient pas. Mais comment pourraient-elles la remplir si elles ne peuvent pas rencontrer leur public ?

 

Vos décisions et vos annonces supposent que l’économie marchande prime sur toute autre forme d’économie ?
Pourtant, dans l’économie nationale, les associations représentent + de 3% du PIB, un salarié du privé sur 10, 1 854 000 salariés et 13 millions de bénévoles qui réalisent un travail qui devrait être rémunéré s’ils ne le faisaient pas… C’est un colosse économique entre les mains duquel se trouvent de gros enjeux sociétaux : éducation, médico-social, culture, sport, santé, défense des droits, … Sans compter les bénéfices pour la cohésion sociale et la réinsertion grâce au bénévolat, notamment…

Et vous voudriez ignorer ce colosse ? Est-ce vraiment judicieux ?
 
Il est vrai que les membres associatifs ont l’habitude de se débrouiller avec les moyens qu’on veut bien leur laisser… Portés par leurs convictions citoyennes, ils ne comptent pas leur peine, ni leur temps. Le plus souvent, ils portent leurs projets coûte que coûte, jusqu’au bout, malgré les obstacles. Et dans le passé, bien des associations ont prouvé qu’elles pouvaient faire sans les collectivités territoriales.
 
D’ailleurs, dans la crise actuelle, leur engagement reste intact, leur discours et leurs actions montrent qu’elles sont encore et toujours prêtes à agir dans l’intérêt général de toutes et de tous. Mais vous, collectivités territoriales, êtes-vous sûrs de pouvoir faire sans les associations ? Avez-vous imaginé Nîmes sans le travail réalisé par les associations ? La ville serait-elle alors aussi dynamique ? Par cette lettre nous vous invitons à y réfléchir.
 

Nous vous demandons une rencontre officielle avec le monde associatif, dans les plus brefs délais.
Une rencontre qui vous permettrait enfin de
– considérer le travail colossal réalisé par les associations nîmoises

– réfléchir avec elles à un report rapide de ce forum associatif dans le respect des mesures sanitaires.