Montpellier. Encore un coup de théâtre qui semble plus nous renvoyer au tour de passe passe avec petits lapins dans un grand chapeau haut de forme qu’aux solides engagements politiques attendus par les Montpelliérains. Le chef d’industrie Mohed Altrad, 24e fortune française, a scellé une alliance de dernière minute avec les trois listes représentées par Rémi Gaillard, Alenka Doulain et Clothilde Ollier. Ce mariage pragmatique de la carpe et des lapins est donné à 40% sur le papier.
Comme elle avait débuté avec le rapprochement des trois listes n’ayant pas passé la barre des 10%, la tractation de fin de parcours s’est opérée sur une base mathématique. En cumulant les résultats recueillis par les listes au premier tour, on arrive à près de 40%. Treize points pour Mohed Altrad auxquels il faut ajouter les 9,6 % de Rémi Gaillard, les 9,1 % d’Alenka Doulain et les 7,2 % de Clothilde Ollier.
Mohed Altrad a attendu son heure. En offrant une vingtaine de places aux trois listes, le chef d’entreprise tout terrain sort incontestablement gagnant de ce retournement de dernière minute en obtenant cette fusion avec les listes menées au premier tour par ces trois candidats peu expérimentés qui n’ont pas souhaité que l’aventure s’arrête.
Il est moins sûr en revanche que ces derniers retrouvent leurs petits. En vertu de l’adage connu et sans cesse oublié qu’un candidat n’est jamais propriétaire des voix qui se sont exprimées en sa faveur, mais aussi parce que l’exercice du grand écart politique laisse toujours des séquelles. Il peut se traduire par des résultats immédiats, mais s’avère beaucoup moins performant dans la durée et reste gravé dans les mémoires.
Les colistier-e-s de Clothilde Ollier de la mouvance Confluence ont immédiatement dénoncé cet accord dans un communiqué intitulé « Pas en notre nom ! ». Ils se désolidarisent de leur tête de liste et refusent « cette fusion avec le milliardaire Altrad ».
Pour le maire sortant Philippe Saurel, dont le jeu est resté relativement masqué au cours de cette période sensible, la nouvelle donne apparaît plutôt comme une bonne nouvelle. L’alliance sur les bases d’un positionnement à gauche apparaissait comme la plus redoutable. Elle est désormais éclatée et durablement minée par des conflits d’égos.
Le candidat socialiste Michael Delafosse qui a réalisé 16,66% des suffrages au premier tour a déposé sa liste en préfecture à la mi journée avec pour seule alliance, celle de l’équipe EELV de Coralie Mantion qui a réalisé 7,42% au premier tour. Statistiquement il n’apparaît pas en bonne posture mais en refusant d’entrer dans la surenchère électorale il a su ménager son crédit politique. Ce qui pourrait s’avérer payant dans une campagne clownesque que l’humoriste Rémy Gaillard avait sans doute le mieux pressenti.
Jean-Marie Dinh