La forêt autour de Tchernobyl continue de brûler. Plus de 400 pompiers ukrainiens étaient toujours mobilisés, lundi 13 avril, pour tenter de stopper un important incendie autour de la zone d’exclusion du site de la centrale nucléaire de Tchernobyl.


 

Nous nous souvenons tous de la qualité de l’information qui a circulé lors de l’accident de 1986, y compris française — qui ne s’est pas franchement améliorée depuis, comme nous avons pu le constater avec l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen — c’est pourquoi nous avons demandé à une de nos contributrices d’origine ukrainienne de se mettre en veille. Elle rapporte, sous forme télégraphique, des éléments d’information complémentaires observés dans la presse ukrainienne et sur les réseaux sociaux.

Sur Franceinfo, ce matin, on constatait une nouvelle fois que l’évaluation de la situation différait selon les sources. « Les lieux de stockage de déchets radioactifs et les autres infrastructures cruciales de la zone d’exclusion ne sont pas menacés », a indiqué Volodymyr Demtchouk, un haut responsable des services d’urgence ukrainien. Selon l’ONG écologique Greenpeace, il s’agit du pire incendie jamais observé dans la zone d’exclusion de Tchernobyl, qui forme un rayon de 30 kilomètres autour de l’ancienne centrale. S’appuyant sur des images satellites, Greenpeace affirme que le feu n’est qu’à « environ 1,5 kilomètres » de l’arche recouvrant le réacteur ayant explosé par accident en avril 1986. Depuis plusieurs jours, les autorités ukrainiennes n’ont pas donné d’estimations récentes sur la taille de l’incendie. Qu’en dit-on en Ukraine… ?

 

Les informations recueillies en Ukraine

 

14/04/2020, 17h
Le 10 avril, il avait été annoncé que l’air pollué par l’incendie ravageant les abords de Tchernobyl risquait d’être dévié vers la capitale ukrainienne.

Le 13 avril, le président Volodimir Zelensky a réagi via Facebook par une publication adressée à ses concitoyens. Les caractéristiques principales de la déclaration présidentielle : un aspect vaguement rassurant, une brièveté lapidaire.

« Merci au courage des pompiers, je suis l’évolution de la situation à Tchernobyl avec toute l’attention nécessaire, demain j’aurai des informations complémentaires de la part du chef du Service Ministériel d’État d’Urgence, les citoyens doivent connaître la vérité et demeurer en sécurité. »

(https://www.facebook.com/zelenskiy95/posts/2509032579347103.)

La publication est agrémentée d’innombrables mentions « j’aime », soulignées de nombreuses mentions « haha ».

L’incendie a été déclenché le 4 avril par un homme de vingt-sept ans, habitant d’un village nommé Ragovka, qui a mis le feu à trois monticules d’herbes et de détritus. Le feu lui a littéralement échappé des mains, ainsi qu’à celles des pompiers qui tentent de faire reculer l’incendie depuis dix jours. Le 6 avril, l’incendie avait déjà englouti près de 20 hectares de forêt. Les citoyens ont été appelés par le Service Ministériel d’État d’Urgence ukrainien à ne plus faire flamber d’herbes sèches.

Aujourd’hui 14 avril, le centre de sûreté nucléaire et de radioprotection annonce que l’air pollué se déplacerait bien vers le sud et le sud-est, mais que cela ne nuirait pas à la population. Les concentrations maximales de Cs-137 dans l’air au niveau du sol de Kiev peuvent temporairement atteindre 1 mBk/m³. On assure cependant que cela ne sera pas nocif à la santé de la population.

Au cours de sa rencontre avec le président, Nicolaï Chechetkin, à la tête du Service Ministériel d’État d’Urgence, a déclaré que l’incendie avait été efficacement arrêté dans les zones les plus touchées. Les pompiers resteront sur place encore quelque jours pour étouffer les fumées toxiques.

Parallèlement, le 3 avril, Igor Kozlovskyi, ancien prisonnier du Donbass et figure médiatisée en Ukraine, rappelait à ses concitoyens tout juste mis en quarantaine que la véritable absence de liberté n’est pas dans le confort d’un appartement aux portes closes, mais plutôt à la guerre. Il exhortait ses compatriotes à ne pas oublier les soldats, toujours mobilisés en dépit du coronavirus.

Mourir d’ennui ou mourir à la guerre, attraper une maladie inconnue ou s’étouffer sous un vent de particules toxiques, on n’a que l’embarras du choix.

Veille et traduction Oxanna Bertrand

VIAOxanna Bertrand
SOURCEUkraïnskaya Pravda, Facebook, Franceinfo.
Avatar photo
Compte contributeurs. Ce compte partagé est destiné à l'ensemble des contributeurs occasionnels et non réccurents d'altermidi. Au delà d'un certain nombre de publications ou contributions, un compte personnalisé pourra être créé pour le rédacteur à l'initiative de la rédaction. A cette occasion, nous adressons un grand merci à l'ensemble des contributeurs occasionnels qui nous aident à faire vivre le projet altermidi. Toutefois, les contenus des contributions publiées par altermidi n'engagent pas la rédaction.