Le gouvernement grec a annoncé cette semaine, la fermeture de trois de ses plus grands camps de migrants sur les îles de Lesbos, Samos et Chios.


Ces camps surpeuplés vont être remplacés par des structures fermées de 5 000 places. Le vice-ministre de la Défense, Alkiviadis Stefanis, a déclaré que les installations seraient prêtes d’ici juillet 2020. Le gouvernement grec a également annoncé qu’il resserrerait les contrôles aux frontières, ce qui faciliterait le suivi des mouvements de demandeurs d’asile et les empêcherait de se rendre sur le continent sans être détectés. Une somme de 50 millions d’euros sera aussi débloqué pour les municipalités qui accueilleront des migrants tandis que 800 garde-côtes et 600 gardes-frontières seront embauchés.


 

« Nous procédons à la fermeture prochaine des camps de migrants. C’est un message envoyé à tous ceux qui prévoient d’entrer illégalement dans le pays alors qu’ils ne remplissent pas les conditions requises pour bénéficier de l’asile »

a déclaré Stelios Petsas, porte-parole du gouvernement grec.

Le gouvernement grec est incapable de contrôler l’afflux de réfugiés et de migrants, car le nombre des arrivants cette année, est le plus élevé depuis l’afflux de 2015-2016, lorsque plus d’un million de personnes fuyant le conflit sont arrivées en Europe. Selon le gouvernement grec, une de raisons de ce afflux augmenté, est le fait que la Turquie ne réagit pas lorsqu’elle reçoit des informations par des autorités grecques, sur des bateaux avec des réfugiés et des migrants qui arrivent à la frontière maritime.

Les camps sur les îles de Lesbos et quatre autres dans l’est de la mer Égée sont surpeuplés, avec des centaines de familles dormant sous des tentes, souvent dans de mauvaises conditions sanitaires. L’un des camps à fermer sera le tristement célèbre Moria, sur l’île de Lesbos, où un bébé de neuf mois est décédé d’une « déshydratation sévère » la semaine dernière. Le camp accueille environ 15 000 personnes alors qu’il ne peut en accueillir que 3 000.

Les conditions de vie de quelque 37 000 personnes dans les camps ont été jugées déplorables par plusieurs organismes humanitaires. Le mois dernier, la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatović, a déclaré que la population se battait pour «la survie» dans les camps des îles de la mer Égée, à la suite d’une visite de cinq jours dans les locaux. À l’époque, Mijatović avait appelé le gouvernement grec à faire sortir de toute urgence les demandeurs d’asile des camps.

Les autorités grecques veulent transférer 20 000 personnes sur le continent d’ici la fin de l’année et créer un organisme unique chargé de la protection des frontières. Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, lors de son discours à la conférence du Parti populaire européen (PPE/EPP) à Zagreb, a insisté aussi sur la nécessité d’une politique européenne commune concernant l’asile et a appelé Bruxelles et la Turquie à jouer pleinement leur rôle dans la gestion de la crise des migrants et des réfugiés.

 

La précarité de mineurs non accompagnés

Le Centre national de solidarité sociale de Grèce a déclaré que seul 25% des 4 962 mineurs non accompagnés étaient hébergés dans des conditions humaines dans des centres de détention et des camps. «Quelque 1 117 mineurs non accompagnés vivent dans le hotspot de la Moria, dont 140 vivent dans des établissements d’hébergement de longue durée et 350 dans des établissements légèrement meilleurs, mais aucun d’entre eux n’a accès à des traducteurs, des assistants sociaux ou des psychologues», a déclaré Elina Sarantou de HIAS, une organisation juive américaine à but non lucratif qui fournit une aide humanitaire et une assistance aux réfugiés.

Selon Gavriil Sakellaridis, directeur d’Amnesty International en Grèce, «les données les plus choquantes, c’est que 1 200 mineurs non accompagnés ont disparu et sont très probablement exposés à de graves dangers, errant au-delà et à l’écart des systèmes de protection officiels». Selon les organisations humanitaires internationales, près de la moitié de la population réfugiée recensée en 2018 étaient des enfants. En Grèce, les enfants continuent de représenter un tiers des arrivées de migrants, selon les chiffres de 2019.

 

Eve Tsirigotaki

 

Photo Dr.  Environ 2.500 mineurs migrants non accompagnés en Grèce se trouvent dans une situation « périlleuse », selon une ONG locale.