Des centaines de milliers de manifestants indépendantistes ont défilé samedi dans les rues de Barcelone suite à la condamnation de dirigeants séparatistes. Des manifestations anti-indépendantistes sont, elles, prévues aujourd’hui.

 

Ils sont descendus par centaines de milliers dans les rues du centre de Barcelone. Des militants indépendantistes se sont illustrés, samedi 26 octobre, dans une nouvelle démonstration de masse après les violences qui avaient suivi la condamnation de dirigeants séparatistes pour avoir tenté de faire sécession de l’Espagne. Selon la police municipale, quelque 350 000 personnes ont répondu à l’appel des deux grandes associations Assemblée nationale catalane et Omnium cultural, pour défiler près du parlement régional. « Nous manifestons pacifiquement, nous ne sommes pas violents contrairement à ce que disent les médias espagnols », a assuré Manuela Muñoz, 57 ans, employée dans une usine chimique.

 

« Liberté pour les prisonniers politiques ! »

En début de soirée, plusieurs milliers d’entre eux, répondant à l’appel des Comités de défense de la république (CRD), plus radicaux, étaient rassemblés près du quartier général de la police, faisant face à un cordon de policiers antiémeutes. Brandissant des drapeaux indépendantistes, ils criaient « liberté pour les prisonniers politiques ! », ou « dehors les forces d’occupation » lorsqu’ils apercevaient des policiers. Il s’agit de la première grande manifestation à Barcelone depuis les troubles qui ont fait au total quelque 600 blessés en Catalogne. Des événements qui ont suivi la condamnation par la Cour suprême de neuf leaders séparatistes à des peines allant jusqu’à 13 ans de prison.

Au soir même de la sentence, le lundi 14 octobre, environ 10 000 personnes avaient tenté de paralyser l’aéroport de Barcelone, se heurtant à la police qui les a empêchés d’entrer. Les manifestations organisées de mardi à jeudi dans les principales villes de cette région de 7,5 millions d’habitants avaient ensuite dégénéré en scènes de guérilla urbaine. La tension retombée depuis, quelques milliers d’étudiants ont manifesté dans le calme, vendredi, contre « la répression policière ».

 

« L’indépendantisme n’est pas la Catalogne »

Inversion des rôles, aujourd’hui : la rue sera aux anti-indépendantistes. Ils veulent « dire ‘ça suffit’ à la violence que [nous] avons vécue et à la confrontation » cherchée par le gouvernement régional séparatiste, a déclaré à l’AFP le président de l’association Societat civil catalana, Fernando Sánchez Costa. Deux grandes marches de la « majorité silencieuse » opposée à l’indépendance ont été organisées par son association après la tentative de sécession de 2017. « C’est un message important pour la Catalogne, l’Espagne et le monde, où l’on confond souvent indépendantisme et Catalogne », alors que « nous sommes la majorité », a-t-il souligné.

Des membres du gouvernement socialiste espagnol, dont le ministre des Affaires étrangères, le catalan Josep Borrell, prochain chef de la diplomatie européenne, se joindront à la marche de dimanche. Les élus de l’opposition de droite prendront également part au rassemblement. Eux réclament au gouvernement des mesures exceptionnelles contre les violences en Catalogne, à l’approche des élections législatives du 10 novembre. Le chef de l’exécutif Pedro Sánchez s’y refuse jusqu’à présent.

À Madrid, le chef du parti d’extrême droite Vox, Santiago Abascal, a dénoncé samedi devant des milliers de ses partisans brandissant des drapeaux espagnols « la trahison des socialistes » face « au séparatisme criminel ». Son parti a pris pied au parlement en remportant 24 sièges sur 350 aux élections législatives d’avril mais plusieurs sondages récents en font la troisième force au parlement lors du prochain scrutin.

Arrivé au pouvoir en juin 2018 en partie grâce aux votes des séparatistes catalans, Pedro Sanchez avait entamé avec eux un dialogue qui a vite tourné court.

 

Avec AFP et France 24

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