La logique gestionnaire est la principale responsable de la mise en mouvement des salariés à l’hôpital d’Avignon. Qu’il s’agisse des urgences, de la traumatologie ou des urgences pédiatriques, tous les services souffrent des conséquences d’un plan de retour à l’équilibre financier qui prime sur les besoins des patients. Une situation qui permet aux établissements privés de récupérer des services entiers.


Àl’hôpital d’Avignon, la lutte des personnels des urgences a elle aussi commencé au mois de juin. En quatre mois, alors que la question de l’accueil des patients se pose crûment – plus de 200 personnes accueillies chaque jour pour une centaine de places – les personnels en lutte ont obtenu un engagement de la direction de l’hôpital sur l’agrandissement de cette capacité d’accueil. Mais cette amélioration se fait ici au détriment des urgences psychiatriques dont les locaux vont donc être attribués aux urgences de l’hôpital. Les urgences psychiatriques sont, elles, de nouveau renvoyées à Montfavet, faute de médecins.


Pour autant, c’est à moyens constants en personnels que l’accueil continuera de se faire à Avignon. Alors que le préavis de grève illimitée à l’appel de trois organisations syndicales, CFDT, CGT et FO, réclame l’arrêt des fermetures de lits, une hausse des rémunérations de 300 euros net, une augmentation des effectifs et des locaux mieux adaptés.

Mais les urgences ne sont pas le seul service concerné. En traumatologie/orthopédie, c’est une réduction de fait des effectifs, qui va faire passer chaque infirmière de 14 à 17 patients, qui mobilise encore les salariés. « Nous avons de plus en plus de malades nonagénaires, qui ne sont pas autonomes, c’est une charge de travail supplémentaire », nous dit une infirmière qui rappelle que « les services ORL, et ophtalmologie ont été fermés ».

Externalisation de services

Pour le syndicat CGT, le problème tient dans la situation de l’hôpital, engagé dans un contrat de retour à l’équilibre financier avec un déficit de 4 millions d’euros. « C’est une logique gestionnaire, avec de plus en plus de recours à des CDD de droit privé, et un risque d’externalisation de nombreux services, comme les espaces verts. D’autres services encore qu’on a fait passer à 12h de travail par jour, avec des réorganisations à venir. C’est une situation qui pourrait bien profiter aux services de chirurgie privés, qui eux se modernisent. De plus, le groupement hospitalier de territoire fera qu’on pourra être appelés à travailler pour le privé. Ici, les chirurgiens ont refusé la mobilité, mais les textes la prévoient pour tout le personnel ».

Concernant les urgences, la CGT insiste sur le manque de personnel : « Vous avez vu les patients dans les couloirs, y compris les couloirs de réanimation, et tout le monde brancarde… » Et de dénoncer la menace sur les soins intensifs, « s’il n’y a pas de chirurgien cardiaque, le service risque de ne plus être doté. Aujourd’hui il y a 4 infirmières par lit, ça ne durera pas ».

Avec 3500 salariés, l’hôpital d’Avignon est devenu le premier employeur du département. Aujourd’hui, sont toujours en grève les urgences, les urgences pédiatriques, la traumatologie/orthopédie, et les transports.

Déshabiller Pierre pour habiller Paul

À l’hôpital de Montfavet, ce sont les services techniques qui sont en grève. « La direction avait embauché des CDD avec promesses de transformation en CDI. Du jour au lendemain, ils sont revenus sur leur promesse ».

Sur les urgences, les syndiqués CGT que nous avons rencontrés rappellent : « Cap72 était une antenne que notre établissement avait ouvert à l’hôpital d’Avignon, en collaboration avec cet établissement. Cette antenne a fermé à cause d’une pénurie de médecins. Du coup, l’hôpital récupère les 500 m² pour satisfaire les revendications des urgences mais il faut désormais accueillir les patients ici. Nous avons estimé qu’il manquait, au niveau national pour les urgences, plus de 800 postes, soit 25 % des postes existants ».

Les soignants sont unanimes à dénoncer une déshumanisation de leur travail, avec des cadres qui sont de plus en plus tournés vers la gestion. Ils s’inquiètent des attaques contre le statut de fonctionnaire « pour avoir des gens aux ordres » et dénoncent des manques de moyens devenus chroniques.

Christophe Coffinier

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Passionné depuis l’âge de 7 ans, de photo, prise de vue et tirage, c’est à la fin d’études de technicien agricole que j’entre en contact avec la presse, en devenant tireur noir et blanc à l’agence avignonnaise de la marseillaise. Lors d’un service national civil pour les foyers ruraux, au sein de l’association socio-culturelle des élèves, c’est avec deux d’entre eux que nous fondons un journal du lycée qui durera 3 ans et presque 20 numéros. Aprés 20 ans à la Marseillaise comme journaliste local, et toujours passionné de photo, notamment de procédés anciens, j’ai rejoint après notre licenciement, le groupe fondateur de l’association et suis un des rédacteurs d’Altermidi, toujours vu d’Avignon et alentours.