Vendredi 22 Mars, Conseil municipal décisif pour les associations de défense des valeurs républicaines qui se voient méprisées par la majorité de droite d’Aix-en-Provence qui leur coupe subitement toutes aides. Philippe Sénegas, secrétaire de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) du pays d’Aix, réagit et déplore vivement la suppression de la -déjà- maigre subvention de 1000 euros allouée par la ville jusque là.

« Votre décision est un mauvais coup pour ces humanistes bénévoles!« 

Lors de cette séance présidée par le premier adjoint, en l’absence de la maire Maryse Joissains (Les Républicains), l’élu de l’opposition Hervé Guerrera (Partit Occitan et EELV), membre du groupe Démocratie pour Aix, indigné, n’a pas manqué d’ironiser pour dénoncer cette décision :   » Cette année vous avez fait en sorte que nul ne puisse vous reprocher une nouvelle baisse de la subvention accordée à la Ligue des Droits de l’Homme. Si j’osais une analogie médicale je dirais que plutôt que de laisser le malade mourir à petit feu vous avez choisi, ce coup-ci, de le débrancher pour accélérer sa fin. Justifiée par une disette budgétaire, certes réelle et condamnable, vous prenez finalement là une décision très politique. Car, qui pourrait sérieusement croire qu’une aide de quelques centaines d’euros vienne véritablement bouleverser un exercice budgétaire il est vrai réellement contraint, mais surtout, pas à ce niveau-là ! En choisissant, parce qu’il s’agit là d’une vraie orientation, de ne plus accompagner la LDH vous vous éloignez également, de facto, des valeurs défendues par cette association. Ainsi en va-t-il de la fraternité, pilier de la république, de la fraternité inscrite au fronton de notre ville qui est fêtée chaque année, dans un quartier populaire de notre cité, par la LDH. C’est de cette même fraternité dont nous en avons tant besoin pour combattre le communautarisme, l’intégrisme, le racisme. Les valeurs qui, telle la fraternité, sont au cœur de notre vivre ensemble sont aussi, et aujourd’hui plus que jamais, un combat. C’est sans cesse que tous les démocrates et les républicains doivent agir pour rappeler, ressourcer, réinventer, ré-enchanter le vivre ensemble. Votre décision est un mauvais coup pour ces humanistes, ces bénévoles, ces élu-e-s… qui se battent au quotidien pour refuser une société violente et avancer tous ensemble dans la tolérance et le respect mutuel. Et ces femmes et ces hommes ne se trouvent pas que sur les bancs de l’opposition« .

 

A la majorité Joissains: « Vous envoyez un signal en direction de cette extrême-droite« 

Et de poursuivre: « Si j’en connais de sincères dans votre majorité que cela ne manquera pas de gêner, de peiner, je sais aussi que, dans ces temps pré-électoraux, vous envoyez là un signal en direction de cette extrême droite qui sans cesse met la pression sur ces associations dont l’action sociale permet à chacune et chacun de vivre au mieux dans son quartier et dans sa ville. Pour conclure, je dirais que vous pouvez maintenir un argument financier auquel personne, et surtout pas vous, ne croira et qui donnera du sens à mes propos. Mais vous pouvez également me donner tort, techniquement et politiquement, en réexaminant très attentivement les possibilités budgétaires de la ville d’Aix-en-Provence et en trouvant les 1000€ nécessaires pour ne pas rompre une tradition d’accompagnement séculaire fondée sur la base de valeurs communes et partagées« .

Ce matin-là, comme de coutume, la majorité LR est restée de marbre malgré l’importance de la question.

Pour Philippe Sénégas : « la réponse très politique de Gérard Bramoullé premier adjoint, a été :   » la LDH est une association politique, donc nous ne la subventionnons pas », rejoignant en cela les propos qu’avait tenus juste auparavant Josiane Solari, FN (ou ex-FN), en qualifiant « l’Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF) d’association « politisée qui ne devrait pas être subventionnée aussi grassement« .

Philippe Sénégas ajoute : « La réponse plus argumentée au plan financier de l’adjointe en charge de ces questions a mis l’accent sur le montant de notre budget (11 000 €!) et a expliqué que  » la ville ne met pas en danger l’association ». Le montant de la cotisation annoncé ce matin là à « 57 € », omet cependant que c’est une moyenne car l’adhésion dépend des revenus des membres. Selon Philippe Sénégas, l’adjointe en conclut donc que « c’est donc une association peu accessible« . Pour l’adjointe LR : « L’équilibre financier de l’association est un critère d’examen important et nous permet en diminuant ou supprimant la subvention d’une association d’aider de nouvelles associations ».

Hervé Guerrera a enfin rappelé qu’en prenant une telle décision, l’élu Gérard Bramoullé rejoint les convictions de l’extrême-droite. En attendant, le conseil d’administration de la LDH compte envoyer une lettre ouverte à la maire Maryse Joissains (voir encadré >>).

H.B.

Dossier Politique, Joissains
24 mars 2019

Lettre ouverte :

Maryse Joissains dans la tourmente du 28 mai 2019...

Alors qu'elle vante sa gestion "louée par la France entière" à Aix-en-Provence, ville qui serait classée selon elle, à la 20ème place des mieux gérées de France, la maire Maryse Joissains Massini (LR) avait été jugée en appel, mercredi 13 mars dernier pour détournement et prise illégale d’intérêts.

A l'issue de la longue audience qui a eu lieu au tribunal de Montpellier, elle n'avait cependant pas convaincu l’avocat général qui a requis sa condamnation à un an de prison avec sursis et 10 ans d’inéligibilité.

Sur les mêmes traces que son mari Alain Joissains, maire de la ville de 1978 à 1983 avant d'être condamné en 1986 en appel pour recel d’abus de biens sociaux, l'édile aixoise de fait, présidente de la Communauté d’agglomération du pays d’Aix (CPA) en 2001, lequel est devenu un conseil de territoire depuis la Métropole, pense qu'on " perd la tête en la comparant à Mr Cahuzac ".

Un procès durant lequel la maire avait dû s'expliquer sur la promotion jugée indue de son chauffeur, Omar Achouri, et sur l'embauche à la CPA d’une collaboratrice Sylvie Roche chargée de la protection animale là où ce domaine ne relevait pas des compétences de la collectivité.

D'une part, l'avocat général avait relevé "l'irrégularité et le clientélisme d'une politique de petits services" de Maryse Joissains-Masini concernant la promotion de son chauffeur qui fût propulsé "chef" alors qu'il était à la 43e place selon la grille de l'ordre du mérite. Une "promotion" qui avait d'ailleurs été rapidement annulée par le Conseil d’Etat estimant que l’élue avait "commis une erreur manifeste d’appréciation de la valeur et de l’expérience professionnelle".

D'autre part, pour l'avocat général : " l’emploi de Mme Roche est injustifié car il fait double emploi avec les compétences municipales. Cet emploi est donc en partie fictif et n’a pas de consistance".

L’arrêt a été mis en délibéré au 28 mai. Mais à 76 ans, la mairesse d'Aix risque fort d'être suspendue rapidement de ses fonctions. Sa fille sénatrice UDI-UC, Sophie Joissains, est déjà pressentie "sur la liste" des municipales en 2020.

H.B
Journaliste de terrain, formée en linguiste, j'ai également étudié l'analyse du travail et l'économie sociale et solidaire. J'ai collaboré à différentes rédactions, recherches universitaires et travaillé dans divers domaines dont l'enseignement FLE. Ces multiples chemins ailleurs et ici, me donnent le goût de l'observation et me font aimer le monde, le langage des fleurs et ces mots d'André Chedid : «Cet apprentissage, cette humanité à laquelle on croit toujours».