Photo. Station d’analyse des polluants sur le périphérique toulousain.
Les particules fines, nouvel ennemi public numéro 1 : c’est la conclusion d’un rapport publié le 12 mars 2019 par des chercheurs allemands et chypriotes. Ils estiment à 8,8 millions le nombre de morts à cause de la pollution en 2015 dans le monde. C’est deux fois plus que la précédente estimation.
8,8 millions de morts, contre sept millions à cause du tabac. Avec cette nouvelle estimation, le nombre de décès liés à la pollution atmosphérique dépasse désormais celui des morts liés à la cigarette. Selon le rapport, la pollution est responsable de 8,8 millions de décès dans le monde, dont 790 000 décès en Europe, et 67 000 rien qu’en France. C’est près du double de la précédente estimation, qui s’élevait à 4,5 millions de morts. L’évaluation de l’Agence européenne de l’environnement qui est déjà alarmante parait optimiste. Selon l’organisme de l’UE la pollution aux particules fines est responsable de près de 400 000 décès prématurés par an, dont 66 000 en Allemagne, 60 000 en Italie et 35 000 en France. Pour le NO2, les morts prématurées sont estimées à 75 000 par an en Europe, dont 14 000 au Royaume-Uni, 12 800 en Allemagne et 9 300 en France. Les résultats de cette récente étude sont liés à une approche plus fine que dans les études précédentes. Notamment parce qu’on ne prend pas en compte la pollution comme un seul facteur, mais comme un grand nombre de facteurs qui viennent s’ajouter, et quelques fois se multiplier.
Inaction des gouvernements
Comment lutter contre ce fléau ? En mai 2018, la Commission européenne avait déjà décidé de renvoyer six Etats membres, dont l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, devant la justice, après des mises en garde infructueuses depuis 2005. Bruxelles avait sévi pour « dépassement des valeurs limites de qualité de l’air fixées et manquement à l’obligation de prendre des mesures appropriées pour écourter le plus possible les périodes de dépassement ».Dans le détail, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni sont pointées pour le non-respect des valeurs fixées pour le dioxyde d’azote issu des pots d’échappement, principalement dans les agglomérations. Tandis que la Hongrie, l’Italie et la Roumanie sont mises en cause pour la concentration élevée et persistante de particules (PM10). Ces matières (poussière, fumée, suie, pollen) présentes naturellement dans l’air mais dont la concentration est aggravée par la pollution.
« Cela fait plusieurs années déjà, que la France est en infraction sur la pollution de l’air et que ni l’impact sanitaire gravissime, ni la menace d’une sanction financière lourde, ne font réagir les gouvernements successifs qui ont brillé par leur inaction », avait commenté, Karima Delli, députée européenne écologiste et présidente de la Commission Transports du Parlement européen. Mais ce rappel à l’ordre n’a pour l’heure pas produit de résultats concrets. La France doit investir en priorité sur des infrastructures durables et des modes de transports propres comme le train ou le vélo. A noter, que les chercheurs de cette étude recommandent à l’UE d’abaisser le seuil limite de tolérance aux particules fines en Europe qui est actuellement 2,5 fois supérieur que les standards fixés par l’OMS.