
Peut-on payer ses livraisons de gaz en rouble comme le réclame Vladimir Poutine sans contourner le régime de sanctions de l’UE ? La question vire au casse-tête pour les Européens. Pour l’énergéticien allemand Uniper1, la réponse pour l’instant est oui. Le groupe assure qu’il continuera à payer en euros ses livraisons, comme le stipule son contrat auprès de Gazprombank, le bras financier du géant gazier russe qui n’est pas visé par les sanctions européennes. Lui se chargera de la conversion en rouble2. Le mécanisme est en discussion avec le gouvernement allemand. L’autrichien OMV et l’italien Eni seraient sur la même ligne.
À l’inverse pour Ursula Von der Leyen, la réponse est plutôt non. La présidente de la Commission européenne juge que les « paiements en roubles sont bien des violations des sanctions européennes ».
La Hongrie demande à ses partenaires de l’UE des garanties sur ses approvisionnements énergétiques comme condition à son accord à un sixième paquet de sanctions contre Moscou comprenant un arrêt des achats de pétrole russe. Dans un entretien à El País, le chef de la diplomatie hongroise, Peter Szijjarto, a rappelé hier que son pays dépendait entièrement des importations russes de gaz et de pétrole. Le projet d’embargo de l’UE sur le pétrole russe provoquerait une hausse des prix du gaz de 55 % en Hongrie, a-t-il assuré.
Notes:
- Uniper est une entreprise allemande présente dans le secteur énergétique. Elle compte quatorze mille salariés. Son siège social se trouve à Düsseldorf.
- Le chef du Kremlin souhaite que les sociétés importatrices de gaz russes ouvrent un compte bancaire dans des banques de son pays. La mesure peut semer la confusion mais ne change en réalité rien pour les acheteurs, les sociétés pourront régler dans leur devise auprès de Gazprombank, l’institution bancaire de l’énergéticien Gazprom qui se chargera de changer la somme en roubles. La Russie oblige déjà ses exportateurs, y compris Gazprom, à convertir 80 % de leur chiffre d’affaires en roubles.