En vertu du nouveau schéma régional d’accueil des demandeurs d’asile 2021-2023, quatorze familles résidant au foyer Adoma de Martigues (13) devaient être contraintes à un transfert vers d’autres structures situées dans les Bouches-du-Rhône, et même dans d’autres départements de Provence-Alpes-Côte d’Azur (Vaucluse et Var) dès le lundi 8 mars. Une perspective refusée par de nombreux citoyens et citoyennes qui ont répondu samedi 6 mars à l’appel au rassemblement lancé dans l’urgence par le PCF, rejoint par plusieurs organisations, syndicats, associations (UL CGT, Jeunesse ouvrière chrétienne, FSU, Solidaires, France insoumise, Maison de l’hospitalité, Secours populaire français, LDH, Mouvement de la Paix…). Depuis des années pour certaines, ces familles ont (re) construit leur vie à Martigues, à l’image de Rémi, bénévole au Secours populaire, venu du Congo et de son épouse Iris, originaire du Gabon. Leur fille, Séphora, 10 ans, scolarisée à l’école Robert Daugey toute proche, se demande où elle ira à l’école demain. La FSU a d’ailleurs fait passer le message auprès de plusieurs établissements scolaires de la ville. « Le parcours de ces femmes, de ces hommes, de ces enfants qui commençaient à se reconstruire est entravé violemment par ces directives » soulignait, non sans une certaine émotion, Josy Capozi, présidente du Secours populaire local qui, au nom des valeurs de « solidarité, d’égalité et d’humanité, s’inscrit pleinement dans cette action ». L’objectif est de stopper la décision de déplacer ces familles. Qu’elles soient le fait de militants politiques, syndicaux, associatifs ou d’élus: l’ensemble des interventions a dénoncé une décision froide qui ne tient pas compte des parcours de vie des demandeurs d’asile. « Ce que nous partageons, c’est le concept de mondialité : où que l’on soit, on est chez soi » relevait Gérard Frau, conseiller départemental (PCF). Le député de la circonscription, Pierre Dharréville (PCF) a saisi le préfet de Région.
La mobilisation a du payer car ce dimanche 7 mars, on apprenait la suspension de ce transfert de résidents du foyer. Une suspension « qui n’est que provisoire » selon la Maison de l’hospitalité qui comme les autres soutiens présents lors du rassemblement appelle à la vigilance. En effet, le foyer de Martigues doit désormais accueillir des personnes « dublinées », soit des demandeurs d’asile qui, en fonction du règlement de Dublin, sont arrivées en Europe par un autre pays que la France. Le risque d’une sorte de mise en concurrence des détresses demeure.