vendredi 10 octobre 2025
-- Promotion Club Partenaires --
Promo-Partenaires-Altermidi-CIMM
Appel aux dons Header

Lyrique. « Theodora »  à Montpellier. Jupiter est bien le maître de l’univers… baroque

0

Après Toulouse, l’opéra de Montpellier accueille, lundi, Theodora, avant dernier oratorio de Haendel. Un beau déploiement d’exploits vocaux et de nuances.

Au Capitole de Toulouse, l’Ensemble Jupiter mené par Thomas Dunford recrée un œuvre-culte de Haendel. Crédit Photo ONT
Au Capitole de Toulouse, l’Ensemble Jupiter mené par Thomas Dunford recrée une œuvre-culte de Haendel. Crédit photo ONT

L’Ensemble Jupiter, solistes et choristes, voyage car Theodora, opéra que Haendel créa en 1750, est en tournée pour huit représentations, en version concert. La première était au Capitole de Toulouse, puis Madrid, Paris, Bordeaux, Versailles, Dijon, Bruxelles, et le 13 octobre à Montpellier. Les musiciens réunis par Thomas Dunford, que l’on a l’habitude de voir accompagner les chanteurs en sublime luthiste, représentent la nouvelle génération, les héritiers des « Arts Florissants » de William Christie, qui avait donné une version historique de cette œuvre en 1996 (le jeune Thomas faisait alors partie de l’équipe, au théorbe* !).

Tout se passe dans l’Antiquité, quand l’Empire Romain impose le culte de Jupiter, sous peine de mort pour les hommes et de prostitution pour les femmes. L’officier romain Didymus résiste et il va se convertir au christianisme, épris de Theodora la jeune chrétienne. L’histoire dure trois heures et demie…, mais c’est une fabuleuse explosion d’airs très variés — une bonne dizaine pour le chœur — et de beaux passages musicaux : Thomas Dunford prend même son luth.

Après la mort, l’immortalité
Grand succès à Toulouse, la prise de rôle de Lea Desandre, qui incarne Theodora, était très attendue ; la mezzo s’empare une fois de plus d’une partition où elle donne toute son émotion et sa musicalité. À découvrir ! Cette soliste si douée, complice et compagne à la ville et en concert, du chef Dunford, vient de partager avec lui un formidable CD « Songs of Passion », sorti il y a juste un mois (Label Erato), qui mêle les mélodies de Dowland et les airs de Purcell. On les retrouve aussi dans un concert Chasing Rainbows, hommage à Julie Andrews et à la comédie musicale… Mis à part ces exploits fascinants dans des répertoires variés, la performance lyrique baroque est tout aussi attirante. Les 14 choristes savent se faire aussi religieux que païens, et les péripéties dramatiques s’enchaînent, jusqu’à la condamnation à mort des deux amoureux et leur ultime chant sur l’immortalité. Avery Ameraux, qui remplace Véronique Gens, est une compagne très présente, et dans les rôles masculins, Alex Rosen incarne un sombre gouverneur Valens, Laurence Kilsby est un Septimius éloquent, et le contre-ténor Hugh Cutting affronte l’exploit vocal de l’amoureux Didymus. C’était une découverte au Capitole de Toulouse, et c’est la rentrée baroque de l’Opéra de Montpellier.

Michèle Fizaine

*Le théorbe ou téorbe est un instrument à cordes pincées — une sorte de grand luth — créé en Italie à la fin du XVIᵉ siècle.

Theodora de Haendel, version de concert, Ensemble Jupiter, dirigé par Thomas Dunford, le lundi 13 octobre à 19h, à l’Opéra Comédie de Montpellier, 26 à 47 €. orchestre-opera-montpellier.fr

Article précédent Marseille. 34e Fiesta des Suds. Du 9 au 12 octobre la nuit vous appartient
Avatar photo
J’ai enseigné pendant 44 ans, agrégée de Lettres Classiques, privilégiant la pédagogie du projet et l’évaluation formative. Je poursuis toujours ma démarche dans des ateliers d’alphabétisation (FLE). C’est mon sujet de thèse « Victor Hugo et L’Evénement : journalisme et littérature » (1994) qui m’a conduite à écrire dans La Marseillaise dès 1985 (tous sujets), puis à Midi Libre de 1993 à 2023 (Culture). J’ai aussi publié dans des actes de colloques, participé à l’édition des œuvres complètes de Victor Hugo en 1985 pour le tome « Politique » (Bouquins, Robert Laffont), ensuite dans des revues régionales, et pour une série de France 2 en 2017. Après des études classiques de piano et de chant, j’ai fait partie d’ensembles de musique baroque et médiévale, formée aux musiques trad occitanes et catalanes, au hautbois languedocien, au répertoire de joutes, au rap sétois. Mes passions et convictions me dirigent donc vers le domaine culturel et les questions sociales.