Face à l’urgence écologique et à la crise du logement, les bailleurs sociaux tirent la sonnette d’alarme. Une étude de La Banque des territoires révèle que les organismes HLM ne disposent plus des moyens nécessaires pour répondre aux objectifs ambitieux de rénovation énergétique et de production de logements neufs. En cause : des années de coupes budgétaires, de ponctions financières de l’État et un contexte économique dégradé. Un constat clair : le secteur du logement social est empêché de jouer son rôle dans la transition écologique et la cohésion sociale.


 

Alors que le Congrès de l’Union Sociale pour l’Habitat (USH) s’est achevé fin septembre 2025, une étude de La banque des territoires publiée le 11 septembre met en lumière un constat alarmant : les bailleurs sociaux, pourtant au cœur des enjeux écologiques et sociaux, peinent à atteindre les objectifs qui leur sont fixés, notamment en matière de réhabilitation thermique et de production de logements neufs. Une situation rendue encore plus complexe par les coupes budgétaires opérées par l’État depuis 2017, qui limitent les moyens d’action des organismes HLM.

L’étude Perspectives du logement social révèle que, malgré une gestion rigoureuse et des investissements dans la réhabilitation de leur parc de logements, les bailleurs sociaux font face à une érosion continue de leur capacité financière. En 2023, le secteur a vu son ratio d’autofinancement locatif plonger à un niveau historiquement bas, de seulement 1,5 %, contre 4,4 points de plus en 2022. Cette situation est exacerbée par la hausse du taux du livret A et un environnement économique particulièrement défavorable, marqué par l’inflation et la hausse des taux d’intérêt.

L’impact de ces difficultés est d’autant plus préoccupant qu’elles arrivent alors que les bailleurs doivent répondre à des défis environnementaux et sociaux de plus en plus pressants. Les objectifs climatiques, notamment la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), imposent des réhabilitations massives et ambitieuses du parc existant, mais les organismes HLM n’ont tout simplement pas les moyens de concilier à la fois cette mission de rénovation et la construction de nouveaux logements. Les projections montrent que, même avec des investissements colossaux, le secteur du logement social ne pourra atteindre la neutralité carbone de son parc qu’à hauteur de 60 % en 2050 et 80 % en 2060.

L’incapacité à répondre aux exigences écologiques et sociales

Le véritable point de tension réside dans la capacité des bailleurs sociaux à allier production de nouveaux logements sociaux, indispensable pour répondre à la demande croissante, et rénovation énergétique du parc existant. L’étude explore plusieurs scénarios, et tous font ressortir la même réalité : sans une révision des financements et un soutien accru, les bailleurs sociaux ne pourront pas remplir leurs missions. Les projections estiment que même avec une production soutenue de logements (79 000 par an entre 2031 et 2063), le secteur restera bloqué, incapable d’atteindre les objectifs climatiques et environnementaux fixés par la loi.

Ce double défi est d’autant plus préoccupant lorsque l’on considère que les baisses de financement, notamment à travers l’augmentation de la TVA sur la construction de logements sociaux et la ponction exercée par l’État sur les recettes, pèsent lourdement sur la capacité des bailleurs à financer leurs projets. Les organismes HLM, malgré une gestion optimisée et des efforts considérables, voient donc leur potentiel financier se réduire, limitant leur marge de manœuvre pour répondre aux enjeux écologiques et sociaux.

Un équilibre difficile à maintenir

L’étude présente également trois scénarios alternatifs, chacun mettant en lumière la difficulté de trouver un équilibre entre objectifs écologiques, obligations sociales et contraintes budgétaires. Le premier privilégie la rénovation au détriment de la construction neuve, le deuxième vise une production élevée de logements, mais au détriment de la réhabilitation, et le dernier mise sur une maîtrise stricte des coûts de construction. Chacun de ces scénarios révèle que le secteur du logement social est pris dans un étau : les choix sont dramatiquement limités par des finances serrées et des attentes de plus en plus exigeantes.

Au final, l’étude souligne une réalité inquiétante : les bailleurs sociaux sont empêchés de répondre aux défis écologiques et sociaux actuels en raison de la baisse continue de leurs moyens financiers. Les ponctions opérées par l’État depuis 2017, notamment avec la hausse de la TVA sur la construction et les coupes budgétaires, fragilisent le secteur et compromettent les objectifs fixés par la Stratégie Nationale Bas Carbone. Si les bailleurs sociaux ne peuvent pas bénéficier d’un soutien financier renforcé, il est fort à parier qu’ils ne pourront pas répondre aux impératifs environnementaux et sociaux qui leur sont imposés dans les années à venir. Les choix budgétaires de l’État pèsent lourdement sur un secteur déjà fragilisé, dont la mission sociale et environnementale est plus que jamais d’actualité.