Depuis 28 ans, Fiest’A Sète célèbre l’humanité à travers ses musiques. Respect, écoute, curiosité, convivialité, partage : ces valeurs, plus que jamais essentielles, restent le socle immuable de cette 28e édition du festival de musiques du monde, du 19 juillet au 3 août 2025. Loin des raouts commerciaux de l’été, Fiest’A Sète affirme haut et fort sa différence, son exigence, sa passion pour les traditions futures et les métissages vivants.


 

Cette année encore, l’équipe du festival nous invite à embarquer pour une odyssée sonore depuis Istanbul jusqu’à Buenos Aires, en passant par le Mali, le Sénégal, le Niger, le Ghana, le Nigeria et Cuba. La première semaine de concerts gratuits dans le Bassin de Thau a annoncé la couleur : ouverte, populaire, généreuse. Le temps fort démarre cette semaine avec une série des six soirées magiques au Théâtre de la Mer, une programmation musicale d’une rare complémentarité.

 

Mardi 29 juillet : L’intime et le sacré
Fiest'a Sète Ablaye Cissoko & Cyrille Brotto
Ablaye Cissoko & Cyrille Brotto

Premier acte de cette semaine exceptionnelle, une soirée qui place la beauté nue et la transmission au cœur de la scène. La rencontre inédite entre Ablaye Cissoko, joueur de kora sénégalais, et Cyrille Brotto, accordéoniste curieux et sensible, donne le ton : un dialogue tout en finesse entre traditions orales, silences habités et fraternité musicale.

Suit le maître du verbe et de l’émotion, Salif Keïta livre un concert acoustique d’une intensité rare, tiré de son album So Kono. Un retour à l’essence, à la vibration pure, dans un format dépouillé qui donne toute sa force à la voix d’or de l’Afrique. Entre spiritualité et enracinement, ce premier rendez-vous est une offrande — celle de deux artistes majeurs qui choisissent la simplicité comme langage universel.

 

Mercredi 30 juillet : La transe et le psychédélisme
Fiest'a Sète Altin Gün
Altin Gün

Place à l’énergie brute et aux grooves fulgurants le lendemain, avec une soirée qui incarne à merveille l’esprit de prospection du festival, guidé par « la fringale de perles rares et les envies de fête ». Le collectif nigérien Etran de l’Aïr fait résonner les guitares du désert avec une intensité fiévreuse. Blues saharien, rock nerveux et rythmes ancestraux se télescopent dans une transe irrésistible.

En écho, Altın Gün redonne ses lettres de noblesse au rock psychédélique turc des années 70, entre saz, synthés rétro et voix envoutantes. Un âge d’or musical revisité avec fraîcheur et panache par ce groupe néerlandais désormais culte.

 

Jeudi 31 Cap sur Cuba
La Dame Blanche

Bien entendu l’ancienne Fiest’A latina — le premier nom de Fiest’A Sète — ne pouvait pas ne pas rendre hommage aux musiciens de Cuba. Ce rôle sera endossé, le jeudi 31 juillet, par Yaite Ramos Rodriguez, alias La Dame Blanche, qui navigue entre cumbia, trap et dancehall. En contrate le pianiste Roberto Fonseca ravivera l’âge d’or des cabarets cubains des années 30 avec une performance érudite et innovante, célébrant le mambo et la rumba.

 

Vendredi 1er août : L’héritage en feu

K.O.G

La soirée débute avec K.O.G. (Kweku of Ghana), figure majeure de la scène afro-fusion britannique. Son nouvel album, guidé par Guts, explore les racines de son enfance ghanéenne et les transcende dans un univers musical dense, spirituel, profondément contemporain. Highlife, gospel, reggae-dub et soul cosmique : une dernière claque sonore qui boucle cette soirée sous haute tension.

En miroir, Seun Kuti, fils de Fela, électrise la scène avec l’énergie militante et incandescente de l’Egypt 80. Afrobeat revendicatif, conscience panafricaine, transe politique : la flamme allumée par son père ne s’est jamais éteinte.

En réunissant ces deux artistes majeurs, le festival réussit une programmation croisée d’une grande cohérence, où générations et géographies se répondent dans une même langue : celle du rythme, du combat et de la joie.

 

Samedi 2 août Ladies in Soul
Sophye Soliveau

Ensuite place aux femmes pour le rendez-vous du 2 août avec deux artistes très soul. La Française Sophye Soliveau et sa harpe fétiche puis l’Américaine Dee Dee Bridgewater pour un concert blues à base de protest songs.

 

Dimanche 3 août Chaud devant !
Chico Trujillo

Et si vous en avez encore sous la pédale, direction l’Amérique du Sud pour la dernière avec l’Argentine La Yegros, son énergie folle et sa musique métissée. Suivi des Chiliens de Chico Trujillo issus de la scène ska-punk qui figurent parmi les groupes les plus chaud d’Amérique latine.

 

Une vision libre, fidèle et nécessaire

À l’heure où les horizons se ferment et les identités se replient, Fiest’A Sète poursuit, sans dévier d’un pouce, sa mission culturelle et humaine : faire dialoguer les peuples à travers la musique. Le festival maintient des concerts gratuits, des actions de territoire, et une programmation d’une rare exigence. Fiest’A Sète, c’est plus qu’un festival. C’est une fête du monde, une résistance joyeuse, une invitation à la rencontre. Idéal pour filer un rencard savoureux au bord de la mer à vos potes de passage.

Jean-Marie Dinh

 

Concerts à 21h. Ouverture des portes à 20h. Entre 39 et 44 € en fonction des soirées.

Réservations

Photo 1 Etran de l’aïr

Avatar photo
Après des études de lettres modernes, l’auteur a commencé ses activités professionnelles dans un institut de sondage parisien et s’est tourné rapidement vers la presse écrite : journaliste au Nouveau Méridional il a collaboré avec plusieurs journaux dont le quotidien La Marseillaise. Il a dirigé l’édition de différentes revues et a collaboré à l’écriture de réalisations audiovisuelles. Ancien Directeur de La Maison de l’Asie à Montpellier et très attentif à l’écoute du monde, il a participé à de nombreux programmes interculturels et pédagogiques notamment à Pékin. Il est l’auteur d’un dossier sur la cité impériale de Hué pour l’UNESCO ainsi que d’une étude sur l’enseignement supérieur au Vietnam. Il travaille actuellement au lancement du média citoyen interrégional altermidi.