Depuis 22 mois, dans l’enfer quotidien de Gaza des équipes résistent sur le terrain de la dignité de la vie : nourrir, protéger, soutenir, soigner, éduquer, continuer à penser à écrire, à témoigner et parfois rire. Face à l’injustice persistante se dressent des efforts humanitaires persistants au jour le jour ! Abu Amir en fait un résumé dans son compte rendu du 12 Juillet.
« Pour la deuxième année consécutive, plus de 22 mois de violations ininterrompues ont anéanti toute notion d’humanité : des centaines de milliers d’habitants ont été tués, déplacés ou affamés, les infrastructures ont été presque totalement détruites, tandis que la communauté internationale reste impuissante à prendre une mesure réelle pour arrêter cette hémorragie. Ni les résolutions du Conseil de sécurité n’ont été efficaces, ni la Cour pénale internationale n’est intervenue de manière concrète, et même les organisations onusiennes n’ont pas réussi à sauver les habitants de Gaza de cet enfer permanent. Dans ce paysage tragique, le rôle des équipes humanitaires, dont l’UJFP, s’est imposé avec force. Malgré les bombardements quotidiens et les attaques violentes, ces équipes n’ont ménagé aucun effort pour poursuivre leur mission. Travaillant dans des conditions quasi impossibles, elles ont offert un exemple rare de résilience et d’action humanitaire véritable.
Des efforts de secours continus malgré la guerre
Parmi les principales activités menées par les équipes, figure la distribution de repas aux familles déplacées, notamment aux agriculteurs contraints d’abandonner leurs terres et leurs maisons. Ces efforts se concentrent particulièrement dans les camps situés dans la région de Mawasi Khan Younès, où des repas chauds sont cuisinés et distribués presque quotidiennement. Cette initiative, commencée dès les premiers mois de l’agression, se poursuit jusqu’à aujourd’hui, surtout avec l’aggravation de la famine dans la bande de Gaza. Ces repas constituent la principale source de nourriture pour de nombreuses familles privées d’alternatives, en raison de l’effondrement du système des marchés et de la pénurie d’approvisionnements. Les équipes veillent également à garantir une certaine diversité alimentaire afin de répondre aux besoins nutritionnels des enfants et des personnes âgées. Ces activités sont menées dans des conditions extrêmement difficiles, marquées par l’insécurité permanente et les frappes récurrentes, ce qui reflète le niveau d’engagement humanitaire des équipes sur le terrain. L’UJFP s’attache à coordonner son action avec l’administration des camps afin d’assurer que les repas atteignent le plus grand nombre possible de familles dans le besoin. Ce travail incarne un véritable esprit de solidarité et de soutien communautaire dans les circonstances les plus sombres.
Soutien psychologique aux femmes dans les camps de déplacés
En parallèle de son action de secours, l’UJFP accorde une grande importance à la santé mentale, en particulier pour les femmes qui supportent le poids du déplacement et des conditions de vie extrêmement difficiles. Des ateliers de soutien psychologique ont contribué de manière significative à renforcer leur résilience mentale et à leur fournir un appui social, favorisant ainsi les liens au sein du camp et réduisant les sentiments de solitude et de vulnérabilité.
Des professionnelles de la santé mentale interviennent également pour suivre les cas nécessitant un accompagnement individuel plus approfondi… Ces programmes sont des piliers essentiels pour maintenir un équilibre psychologique dans un environnement privé de toute stabilité. Souvent, ces rencontres sont le seul exutoire pour des femmes ayant perdu famille, maison et sentiment de sécurité.
L’éducation malgré tous les défis
Malgré le déplacement massif et la destruction des écoles, les centres éducatifs soutenus par l’UJFP continuent de fonctionner, apportant l’éducation aux enfants dans les camps. Dans le camp de Fajr à Mawasi Khan Younès, le centre poursuit l’enseignement des enfants et organise des activités récréatives pour les aider à surmonter les effets de la guerre. À Nuseirat, où se trouve un second centre, l’expérience éducative est différente en termes de moyens et de nombre d’élèves. Ce centre se compose de sept grandes salles en béton, offrant un environnement d’apprentissage confortable, à l’abri du soleil, pour les enfants du primaire. Il couvre une large gamme de matières : arabe, anglais, mathématiques, sciences et dessin.
L’après-midi, les élèves du collège et du lycée suivent leurs cours dispensés par des enseignants spécialisés dans différentes disciplines. Cette diversité des programmes garantit aux enfants leur droit à l’éducation, malgré les conditions de déplacement et de guerre. Des activités extrascolaires comme le théâtre et le dessin sont également organisées pour canaliser leur énergie de manière positive. Ces centres fournissent un cadre sûr permettant aux enfants de retrouver une routine quotidienne, essentielle à leur stabilité. Des réunions régulières sont aussi organisées avec les parents pour discuter des progrès des élèves et des défis rencontrés. Cet effort constitue une pierre angulaire dans la protection d’une génération entière contre le risque d’abandon scolaire.
Un acte de résistance humanitaire
Ce que font les équipes de l’UJFP et les institutions de secours à Gaza n’est pas seulement un effort humanitaire ou une initiative temporaire. Il s’agit d’un engagement profondément enraciné, illustrant une volonté de vivre face à la mort, et une solidarité face à l’abandon du monde. À l’heure où toutes les composantes de la vie se sont effondrées, et où le monde a renoncé à ses responsabilités envers les civils assiégés, les équipes de l’UJFP étaient présentes sur le terrain, œuvrant dans le silence et avec courage, assumant la charge de ce que les autres ont abandonné. Nourriture en temps de famine, chaleur dans les affres du déplacement, savoir dans l’ignorance et la peur, soutien psychologique dans les moments d’effondrement — tout cela ne relève pas d’une simple intervention d’urgence, mais d’un plan méthodique pour préserver la dignité humaine et se tenir aux côtés de l’humain, parce qu’il est humain.
Ces initiatives ne sont pas seulement une réponse à un besoin urgent, mais un projet de résistance civile à long terme, visant à protéger les générations futures de la perte totale. Elles constituent un véritable bouclier communautaire, réparant ce que la guerre a détruit, et reconstruisant la confiance, l’espoir et l’appartenance dans le cœur des déplacés, des femmes et des enfants.
Dans un contexte de division politique, d’effondrement juridique et de complicité internationale, ces efforts apparaissent comme l’une des formes les plus sincères de résistance civile. Chaque repas préparé, chaque enfant éduqué, chaque femme soutenue, est un acte clair face à l’indifférence mondiale, un cri qui affirme : « Nous sommes toujours là… et nous vivons dans la dignité. » La continuité de cette œuvre humanitaire nécessite un soutien réel et une solidarité concrète de la part de la société civile, des instances internationales, et de tous ceux qui croient encore que les valeurs ne meurent pas sous les décombres. Gaza n’attend pas la pitié, mais mérite un partenariat. Ces efforts extraordinaires menés par l’UJFP et d’autres institutions humanitaires seront inscrits dans l’histoire comme une preuve vivante que l’humanité, même quand tout s’effondre autour d’elle, peut renaître de ses cendres. »
En face de cette résistance civile exemplaire l’armée israélienne continue de détruire au jour le jour. Le 11 Juillet c’est l’anéantissement de la troisième ville de Gaza, Khan-Younis, qui nous parvient.
« La zone d’Al-Mawasi — l’un des derniers endroits considérés comme « sûrs » — rétrécit jour après jour sous les bombardements. Il n’y a plus un seul coin paisible à Khan Younès ; la ville entière est désormais sous le feu de l’occupation, même les cimetières n’échappent pas aux bulldozers. Les tentes sont rasées, les tombes des morts sont profanées, comme si les morts eux-mêmes n’avaient plus droit au repos. L’armée d’occupation a annoncé, par la voix de son porte-parole, avoir attaqué plus de 180 cibles à travers la bande de Gaza au cours des dernières 24 heures, sans préciser si ces cibles étaient des tentes, des hôpitaux ou des maisons avec leurs habitants à l’intérieur. Ce qui se passe à Khan Younès n’est pas une simple opération militaire ; c’est une répétition de ce qui s’est produit à Rafah, une copie conforme d’un génocide, d’un déplacement forcé, de la transformation d’une ville habitée en un champ de ruines », écrit Abu Amir.
Khan Younis est anéantie comme Rafah l’a été avant elle…
Brigitte Challande
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