À Gaza les morts, soit de faim, soit sous les balles ou les bombardements ne cessent pas et prennent de moins en moins de place dans nos informations.
Les bombardements lancés sur l’Iran depuis le 13 juin sont arrivés à point pour qu’on oublie Gaza. Le droit d’Israël à se défendre plus spécifiquement que tout autre pays n’existe pas en droit international. C’est une pure invention circonstancielle de l’Occident pour donner à Israël le privilège de faire la guerre comme bon lui semble.
Dans la nuit du 21 au 22 Juin, les États-Unis ont bombardé trois sites nucléaires iraniens. L’agression contre l’Iran n’est en rien une aide à un peuple qui se bat contre son régime dictatorial. C’est un acte illégal et arbitraire, une tentative de généraliser la guerre et le chaos dans tout le Proche-Orient.
Un texte d’Abu Amir daté du 19 Juin dresse une analyse conjoncturelle de la situation politique toujours aussi acérée
« La scène politique et militaire au Moyen-Orient a connu des transformations radicales au cours des derniers mois, marquées par une intensification des tensions entre Israël et l’Iran, qui ont désormais monopolisé l’attention régionale et internationale. Bien que la question palestinienne, en particulier celle de Gaza, ait toujours constitué un axe central des discussions politiques et sécuritaires, elle semble perdre de son élan médiatique et politique à mesure que les événements sur le front israélo-iranien s’accélèrent.
L’émergence d’une confrontation directe entre Israël et l’Iran, à travers des attaques de drones, des frappes de missiles ou encore des opérations de renseignement, a fondamentalement modifié les priorités sécuritaires des deux parties, ainsi que celles des puissances régionales. Les regards sont désormais tournés vers la possibilité d’une guerre régionale généralisée, surtout à la lumière des menaces et des déclarations enflammées échangées par les responsables des deux pays.
Dans ce contexte de tensions croissantes, le dossier de Gaza semble relégué au second plan, tant dans la couverture médiatique que sur les tables de négociation régionales et internationales. Les événements quotidiens dans la bande de Gaza, y compris le blocus permanent, la détérioration des conditions humanitaires, et les tensions sécuritaires récurrentes, ne font plus les gros titres. Gaza devient, du moins temporairement, un sujet marginal face à la “crise majeure” que représente le conflit israélo-iranien.
Ce recul de l’attention pourrait avoir des conséquences graves. D’une part, il réduit la pression internationale sur Israël pour améliorer les conditions humanitaires dans la bande ou s’engager dans un processus politique significatif. D’autre part, il accentue l’isolement de Gaza et aggrave la souffrance de ses habitants, en l’absence d’initiatives sérieuses pour la reconstruction ou la levée du blocus.
Il est peu probable que le dossier de Gaza reste marginalisé trop longtemps. La persistance de la crise humanitaire dans le territoire pourrait le ramener au premier plan, soit par une nouvelle escalade militaire, soit à travers des démarches diplomatiques visant une résolution politique plus large. Mais pour l’instant, la priorité régionale semble clairement tournée vers le suivi de l’escalade irano-israélienne, reléguant Gaza au statut de “dossier reporté”.
Alors que l’attention régionale et internationale se focalise sur l’escalade entre Israël et l’Iran, la bande de Gaza connaît un embrasement sur le terrain tout aussi grave — voire plus — en termes d’impact humanitaire direct. Les massacres perpétrés contre les civils dans ce territoire assiégé se poursuivent quotidiennement, loin des caméras internationales, et sans aucune action sérieuse de la communauté mondiale.
Depuis ce matin, les forces d’occupation israéliennes ont mené une série de frappes aériennes et d’assauts terrestres sur plusieurs zones de la bande de Gaza, provoquant la mort de 38 Palestiniens. Parmi eux, 16 ont été tués de manière atroce alors qu’ils attendaient de l’aide alimentaire près du “centre de distribution” dans la région de Netzarim, contrôlée militairement par Israël. Plus de 55 autres ont été blessés dans cette même attaque, qui a remis en lumière l’image cruelle de la faim mêlée à la violence, dans une scène tragique rarement égalée dans le monde moderne.
Ce n’est pas un incident isolé : les centres d’aide mis en place par l’occupant sous l’étiquette de “corridors humanitaires” se transforment de plus en plus en pièges mortels collectifs. Ce qui inquiète davantage, c’est que ces points sont gérés par des entreprises privées américaines, actives dans les domaines de la sécurité et du commerce, soulevant de sérieuses interrogations sur les rôles réellement joués sous couvert d’action humanitaire, et sur les entités qui doivent être tenues pour responsables moralement et juridiquement de ces violations flagrantes.
La situation à Gaza ne se résume plus à des scènes de bombardements et de destruction. Elle est désormais marquée par un siège complexe et une politique de famine systématique, où les civils sont confrontés à un dilemme cruel : mourir sous les décombres ou mourir dans les files d’attente pour une aide alimentaire qui n’arrive jamais. Et dans un contexte d’indifférence médiatique et de détournement de l’attention mondiale vers le conflit irano-israélien, Gaza risque de devenir un théâtre ouvert à des crimes de guerre commis en silence…
La réalité à Gaza ne peut plus être ignorée. Ce qui s’y déroule n’est pas une simple “crise humanitaire”, mais une catastrophe aux dimensions multiples qui exige une réponse urgente, à la fois politique et éthique. Si les grandes crises régionales attirent l’attention du monde, la souffrance des civils à Gaza — des enfants affamés aux familles en quête d’abri — ne doit pas rester dans l’ombre. Continuer à ignorer cette tragédie ne menace pas seulement la vie des Palestiniens, mais entache la conscience humaine tout entière. »
Extrait des mots qui couvrent les posts sur instagram de ce mouvement, les citoyens sont du côté de Gaza quand il n’y a plus rien à attendre des gouvernements !
« Une des réponses multiples de mobilisation de la société civile en Europe et partout dans le monde, c’est l’occupation des places des grandes villes depuis l’arraisonnement du bateau de la flottille de la Liberté « Madleen ». À Montpellier, dans la suite des enchaînements de mobilisation, notamment après la grande manifestation du lundi 9 Juin (entre 3 000 et 4 000 personnes), en écho à celle de la place de la République à Paris, un mouvement d’occupation de nuit de la place de la Comédie s’est mis en place et dure toujours depuis cette date.
Un mouvement pour la fin du génocide à Gaza, la libération de la Palestine, l’application des décisions internationales, un embargo sur les armes, la destruction des colonies, la libération des prisonniers palestiniens, la rupture des accords universitaires et économiques avec Israël, la fin de la criminalisation du soutien à la Palestine, et à Montpellier la suppression de la journée de Jérusalem et le gel du jumelage de la ville avec Tibériade.
L’objectif lors de la première nuit était bien de transformer l’essai d’une grande mobilisation en occupation de l’espace public pour continuer à parler et informer sur Gaza. Depuis, chaque nuit, une vingtaine de personnes sont toujours là avec de nombreux passages au cours de la nuit et dans un dialogue parfois aléatoire avec les forces de l’ordre qui ont interdit tout drapeau et toute tente ! C’est une mobilisation citoyenne, autogérée sans affiliation politique organisationnelle ou de parti, qui a un parfum de « Nuit Debout ». Les soirées commencent avec une assemblée générale qui fixent des objectifs en fonction du moment, un cadre et des règles collectives à respecter pour que tout le monde se sente en sécurité : partager l’information, forger des stratégies, maintenir Gaza vivante au cœur de la ville ! Des ateliers, des pancartes, un espace qui fait du bien rapporté à l’impuissance qui paralyse. « Nous ne demandons pas la permission, nous exigeons la justice, à celles et ceux qui voudraient criminaliser notre humanité nous répondons : “votre ordre public protège un génocide”. »
Venez quand vous voulez, restez autant que vous pouvez, chaque présence compte ! Aucune vie n’est négociable, aucune oppression n’est tolérable !
Brigitte Challande