Avignon complète la série opéra, Montpellier aussi, l’OONMO a présenté sa saison 2025-2026, mercredi à l’Opéra Comédie*.


 

Pour fêter dignement ses 200 ans, l’Opéra Grand Avignon a construit un programme de rêve, intitulé « Mythes », révélé en début de semaine. Mozart démarre cette saison 2025-2026 avec un Don Giovanni dirigé par Debora Waldman, qui va croiser d’ailleurs le Don Juan de Molière, et parmi les figures antiques on compte évidemment l’Orfeo de Monteverdi, dirigé par Jordi Savall. Au programme s’ajoute Turandot de Rossini, mené par Federico Santi, et la princesse chinoise de légende est de la fête, tout comme la maestra Chloé Dufresne qui mène à la baguette La Belle Hélène d’Offenbach, et ses mythiques facéties. Il y aura aussi une version scénique du Chant de la Terre de Mahler, imaginée par Chloé Lechat, la comédie musicale Company de Sondheim et surtout un Falstaff de Verdi, coproduit avec l’Opéra de Côme, en version participative : on va pouvoir chanter ! Création mondiale, le Décaméron de Matteo Francescini promet d’être une fête étrange, à ne pas manquer… Une bonne soixantaine de récitals, concerts et soirées classiques et baroques sont à l’affiche : beaucoup de bougies à souffler pour cet anniversaire !

 

Après Avignon, place au Clapas qui dévoile sa saison

La présentation de la nouvelle saison de l’Opéra Orchestre National de Montpellier Occitanie était très attendue, les coupes budgétaires annoncées puis rectifiées ayant créé une ambiance plutôt sinistre depuis janvier. Mais mercredi, après la présentation par la directrice Valérie Chevalier des esquisses réalisées par Arcane (Arnaud de Jesus Gonçalves), qui illustre le programme pour la deuxième année, l’heure était aux « mercis » adressés par le président Bernard Serrou à la Région, au Département, à l’État et surtout à la Métropole, pour l’aide financière apportée à la « forte ambition » de cette institution. Le maire Michaël Delafosse, accompagné d’Éric Penso, vice-président de Montpellier Méditerranée Métropole, a renchéri, soulignant les « grandes ambitions » de l’OONMO et ses possibilités exceptionnelles, favorables aux projets à venir, notamment un hommage en septembre à Jean-Paul Montanari, ex-directeur de Montpellier Danse, récemment décédé.

Pour la Région, Patrice Canayer, délégué à l’attractivité et au rayonnement de l’Occitanie,  insiste sur le maintien de l’aide apportée, soulignant que l’ambition évoquée est celle d’un territoire : « comment on fait la région ensemble », et ajoutant que « le facteur de la performance est la diversité ». Le DRAC Marc Daniel revient sur les hommages rendus aux mécènes précédemment, puis souligne l’importance des forces artistiques que sont le chœur et l’orchestre et l’augmentation du public « diversifié et rajeuni ». L’orientation de la saison a bien pour phrase fétiche la déclaration de Valérie Chevalier, directrice de l’opéra : « Ici ce qui nous unit se fait entendre. »

La directrice générale présente enfin opéras et concerts, accompagnée par le jeune chef américain de 37 ans, Roderick Cox, longuement félicité pour son talent, et ravi de sa situation de directeur musical de l’ONM, mais assez gêné dans ses commentaires par sa non-pratique du français, nécessitant le recours à la traductrice. Il va diriger deux fois plus de programmes que dans la précédente saison ! En 2021, pendant le confinement, il avait été une révélation au Corum de Montpellier dans le concert Transatlantique, et l’on compte aujourd’hui sur lui pour redonner à l’orchestre une dimension européenne — on se souvient de l’étonnante tournée de l’orchestre en Europe de l’Est… Cela redémarre donc bientôt en février à Bregens, en Autriche ! Et ce n’est qu’un début : Roderick Cox rentre tout juste de Séoul, comme Valérie Chevalier qui vient de passer 15 jours en Corée.

 

 

La saison est lancée, et « La Traviata » est attendue, franc succès récemment à Tours. Crédit photo D. Perrin

 

 

Lyrique et symphonique, une grande diversité

Place donc au maestro US « adopté » par Montpellier : il dirigera en avril La Traviata de Verdi, un grand succès dans la mise en scène par Silvia Paoli, partagé en coproduction avec Nice, Rennes, Nantes, Tours. Ensuite, le Don Giovanni de Mozart, mis en scène par Agnès Jaoui, très attendu à Toulouse et à Marseille, sera donné en mai au Corum. Avant cela, l’indissociable tandem Cavalleria rusticana et Pagliacci de Mascagni et Leoncavallo, coproduit avec Toulon et Dijon, va ouvrir en beauté la saison lyrique en octobre. Et c’est avec impatience qu’on attend en janvier 2026 le « retour » du Falstaff de Verdi, créé pendant le Covid, annulé, mais joué plus de 200 fois à Nuremberg. À ces quatre titres s’ajoutent des versions de concert Theodora et Alcina de Haendel, ainsi que deux œuvres sacrées, une Messe du couronnement et Un Requiem allemand, sans oublier la découverte du pansori, récit chanté coréen. Pas de création, un programme lyrique assez restreint mais brillant.

 

 

Très attendu, « Cavalleria rusticana » va ouvrir la saison à l’automne, en reprise de Châteauvallon. Crédit photo F. Stefan

 

 

Qui va ouvrir le feu de la saison ? Nemanja Radulović est chargé du concert de rentrée, et son fidèle public se réjouit à l’avance de voir le virtuose du violon jouer Khatchatourian, Elgar, et la compositrice Johanna Ruotsilainen, qui a remporté le prix « Unanimes ! » 2024. Les musiciens invités sont nombreux, le programme symphonique, classique et baroque, est plein de belles partitions : Stravinsky, Liszt, Chostakovitch, Bruckner, Moussorgski, Barber, Strauss, Prokofiev, Poulenc, Schubert, Corelli, Bach… plus quelques créations. Et les « Exils » vont vivre une deuxième édition consacrée aux compositeurs déracinés. Roderick Cox n’a pu évoquer tout cela, car les nouveautés sont aussi « À hauteur d’enfant », et Valérie Chevalier ne manque pas de commenter ces formats inédits qui s’ajoutent aux spectacles d’Opéra Junior, ainsi que le lancement de « Mon premier abonnement » réservé aux enfants de 4 à 12 ans (une vingtaine de rendez-vous).

 

Mécénat, dons, soutiens, on en reparlera

Dans cette ambiance bon enfant, on ne revient pas sur les questions budgétaires, si souvent évoquées les mois derniers. L’harmonie chiffrée est sans doute difficile, même si l’on garde espoir de la réussite du nouveau mécénat, de cet appel aux « Mille Voix » lancé en septembre pour réunir 1M€ par an**. L’aide des dons est évaluée par Marc Daniel, directeur adjoint de la DRAC Occitanie, à hauteur de 400 000 €, et l’on n’a pas évoqué le succès des soirées festins prestigieuses organisées récemment, ni les divers aspects de tous les soutiens. En ce qui concerne le prix Fedora de 10 000 € remporté par la création Hôtel Moctézuma, et soutenu par crowdfunding, il faudra attendre la saison 2026-2027 pour voir naître la production.

Les projets ne manquent pas. Le programme 2025-2026 annonce 300 levers de rideaux et va faire entendre ses voix hors les murs, à travers la Région, dans le Gard, l’Aveyron, la Lozère et les Pyrénées-Orientales. Avec son bel enthousiasme, Roderick Cox annonce dans le programme « une saison placée sous le signe de l’accomplissement artistique et de la découverte joyeuse ».

Michèle Fizaine

 

*Suite et fin de la présentation des saisons Grand Sud

Opéra Orchestre National de Montpellier Occitanie Mise en ligne du programme de la saison de l’OONMO le 13 juin à midi. Ouverture des abonnements le 1er juillet à 10h, et des ventes à l’unité le 15 juillet.

 

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J’ai enseigné pendant 44 ans, agrégée de Lettres Classiques, privilégiant la pédagogie du projet et l’évaluation formative. Je poursuis toujours ma démarche dans des ateliers d’alphabétisation (FLE). C’est mon sujet de thèse « Victor Hugo et L’Evénement : journalisme et littérature » (1994) qui m’a conduite à écrire dans La Marseillaise dès 1985 (tous sujets), puis à Midi Libre de 1993 à 2023 (Culture). J’ai aussi publié dans des actes de colloques, participé à l’édition des œuvres complètes de Victor Hugo en 1985 pour le tome « Politique » (Bouquins, Robert Laffont), ensuite dans des revues régionales, et pour une série de France 2 en 2017. Après des études classiques de piano et de chant, j’ai fait partie d’ensembles de musique baroque et médiévale, formée aux musiques trad occitanes et catalanes, au hautbois languedocien, au répertoire de joutes, au rap sétois. Mes passions et convictions me dirigent donc vers le domaine culturel et les questions sociales.