Un coup de force démocratique à Bruxelles court-circuite le Parlement et sacrifie les droits des passagers aériens alerte la plateforme Flightright.


 

Peu connu1, le règlement n°261/2004 de la Commission européenne protège les passagers aériens en cas de refus d’embarquement, d’annulation ou de retard de vol. Ce texte de référence qui précise les conditions d’indemnisation et d’assistance des voyageurs (prise en charge des repas, hébergement) a toujours fait l’objet de critiques de la part des compagnies aériennes.

Si en 2013 une première tentative de révision du texte avait échoué faute de consensus entre les États membres, cette année les intérêts des compagnies aériennes l’emportent en écourtant simplement le débat démocratique. Une première lecture à huit-clos déclenche la procédure d’adoption informe la plateforme Flightright. 2

La grande majorité des lois et réglementations européennes sont codécidées par le Parlement (les eurodéputés) et le Conseil de l’UE (les États membres). Pourtant, comme le rapporte une newsletter de Politico, une première lecture du projet de révision a déjà eu lieu début mai par le Comité des représentants permanents des États membres (Coreper I). Bien que légale, cette procédure inhabituelle accélère l’adoption du texte sans inclure le Parlement dans le débat. Les eurodéputés sont pourtant les uniques représentants des citoyens démocratiquement élus.

Ce qui va changer pour les passagers :

Droits des passagers Avant Après
Seuil de retard indemnisable 3 h (toutes distances) 5 h (vols de 1 500 à 3 500 km)

9 h (vols de 3 500 km min)

Montant des indemnisations 250 € (vols de 1500 km max.)

400 € (vols de 1500 km min.)

600 € (vols de 3 500 km min.)

300 € (vols de 3 500 km max.)

500 € (vols 3 500 km min.)

Circonstances extraordinaires non indemnisables Grèves externes à la compagnie (ex : contrôleurs aériens)

Conditions météorologiques

Grèves internes à la compagnie aérienne

Maladie et/ou décès du pilote

Passagers indemnisables Base : 100% 15 à 25%

 

Vers une dérive des institutions européenne ?

Ce passage en force est si préoccupant que la commission des Transports (TRAN) du Parlement a adressé à la présidence polonaise ses inquiétudes. Le pays, officiellement à l’origine de la relance des discussions sur les droits accordés aux voyageurs, peut compter sur le lobby aérien pour défendre l’adoption d’un texte vieux de 10 ans. Une autre indiscrétion de Politico nous informe que les ministres des Transports des États membres ont reçu une lettre de l’Association du transport aérien international (IATA) soulignant l’importance de relever les seuils de retard. Reste à savoir si les bénéfices historiques de 36,6 milliards $ attendus en 2025 dans le secteur aérien3 sont mentionnés.

« Les processus de décisions politiques vont à l’encontre des engagements et valeurs défendus par l’Union européenne, et les passagers ne sont pas dupes ! Le texte en passe d’être adopté est une régression des protections accordées aux citoyens. Quand la démocratie s’envole, les passagers en paient le prix », s’indigne les équipes de Flightright.

Dans cette lutte déséquilibrée, l’association européenne des défenseurs des droits des passagers (APRA) lance une pétition multilingue pour rassembler les voix des voyageurs à travers l’Europe. Si l’intérêt citoyen ne suffit plus à convaincre les institutions, la mobilisation du consommateur peut devenir un puissant levier face aux entreprises de l’aérien. Consultez la pétition sur change.org

 

À propos de Flightright

Flightright est l’un des leaders européens de l’indemnisation des passagers victimes de perturbations aériennes. En cas de retard de vol, d’annulation et de refus d’embarquement, Flightright s’appuie sur l’application du règlement 261/2004 de l’Union Européenne afin de permettre aux passagers d’obtenir une indemnisation et/ou un remboursement des compagnies aériennes. Flightright a déjà obtenu plus de 600 millions d’euros d’indemnisation pour ses clients.

Les conditions d’indemnisation en baisses. Photo pixabay

Notes:

  1. Moins de la moitié des personnes interrogées en France (48 %) connaissent l’existence du règlement 261/2004 qui donne droit à une indemnisation en cas de retard ou d’annulation, d’après le dernier sondage Ifop réalisé pour Flightright (avril 2025).
  2. Flightright. Créée en février 2010 en Allemagne, la société joue le rôle de médiateur entre vous (le passager) et la compagnie aérienne. Concrètement, si votre vol a rencontré un problème (retard, annulation, bagage perdu / détérioré, surbooking…), Flightright se charge de faire valoir vos droits à votre place..
  3. Association du transport aérien international (IATA) « Rentabilité accrue prévue en 2025 même si les problèmes de chaînes d’approvisionnement persistent ». Disponible en ligne : https://www.iata.org/en/pressroom/2024-releases/2024-12-10-01/
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