Depuis plus de 18 mois, avec une intensification depuis le 18 Mars 2025, Gaza brûle, Gaza est sous le feu, Gaza crie sous les décombres, tout est en ruines même le langage… et il n’y a que la poésie pour introduire cette chronique hebdomadaire.
« Pas de place pour le choix ici : c’est existence contre néant. »
Nasser Rabah (ناصر رباح) est un poète et romancier de Gaza où il vit et n’a pas encore été assassiné.
« Cher spectateur
Supposer nous trompe
Même si tout est plus réel qu’on ne peut supporter
Dis-moi cher spectateur
Quelle est ton humeur face à ce carnage ?
T’enfermer dans une matrice reliée par un cordon ombilical
À des écrans rechargés
Qu’est-ce qui engourdit ton cœur indomptable ?
Où sont tes vastes ailes ?
Perché au-dessus de ton absence d’habitude
Préoccupé par les idées d’absurdité et de résurrection
De destin et de karma
D’élus narcissiques qui arrachent les gens à leurs pays
Ou par la fatigue et la culpabilité ?
Les questions surgissent du fond de toi
Se cognent à toutes choses
Et te reviennent prises de vertige
Désormais plus rien que ténèbres et aveuglement
Plus de temps pour la monotonie
Les jours semblent ne plus passer
Ils vont boiteux
Nuageux, pleuvent d’anxiété
Qu’il est dur d’ignorer
Qu’il est douloureux de savoir
Qu’il est cruel de douter
Et d’attendre !
Perdus sur des ponts d’interprétations suspendus au-dessus des gouffres
Les coupes de la déception nous arrivent avec les dernières nouvelles
Nous savons seulement que
La civilisation humaine perd conscience ! »
Hind Jouda / هند جودة, poète et nouvelliste palestinienne, productrice radio, née et vivant au camp de réfugiés al-Bureij à Gaza, est désormais réfugiée en Égypte.
Ils ont dit qu’aujourd’hui 6 Avril 2025 est la Journée de l’enfant palestinien : texte de Dr Ezzideen.
Les enfants ne savaient pas.
Personne ne leur a dit pendant qu’ils fouillaient les décombres.
Personne n’a rien dit quand il n’y a plus eu de pain.
Ils disent que c’est la Journée des enfants.
Mais 17 954 d’entre eux sont déjà partis.
Certains étaient encore rouges et chauds, près de naître : 274 bébés n’ont pas pris une bouffée d’air.
52 sont morts de faim. 17 sont morts de froid.
Non pas que le monde ne pouvait rien faire. Mais parce qu’il ne l’a pas fait.
39 384 enfants n’ont plus de parents.
Ils s’endorment sans que personne ne leur dise bonne nuit.
Ils se réveillent sans que personne ne dise leur nom.
700 ont été enlevés cette année.
Certains portent encore les mêmes vêtements que ce jour-là.
Depuis le début de la guerre, 1 055 enfants ont disparu derrière les murs des prisons.
Et puis il y a ceux qui sont restés, mais qui ont perdu une partie d’eux-mêmes.
Des yeux. Des bras. Des jambes.
Chaque jour, 15 nouveaux enfants sont brisés d’une manière irréparable.
Ils ont dit qu’aujourd’hui était leur jour.
Mais ils ne veulent pas de jour.
Ils veulent leurs parents. Leurs membres. Leurs noms.
Ils veulent être plus qu’un numéro dans un titre.
S’il reste quelque chose dans ce monde qui mérite d’être sauvé,
ce devrait être la vie des enfants.
Ils n’ont pas besoin de hashtags.
Ils ont besoin d’indignation.
Ils ont besoin que le monde se batte pour leur droit à la vie. »
Pour terminer cet article il est important de citer des extraits du texte d’Abu Amir le 3 avril : réflexion politique sur la situation générale et son évolution dans la bande de Gaza.
« Au dix-septième jour de l’agression israélienne depuis le 18 mars contre la bande de Gaza, l’armée israélienne poursuit ses frappes aériennes et ses bombardements intensifs sur différentes zones du territoire, notamment les villes de Rafah, Khan Younès et Gaza. Ces attaques ont entraîné la mort de dizaines de civils, dont la majorité sont des femmes, des enfants et des personnes âgées. Ces bombardements interviennent alors que l’armée israélienne continue de mener de vastes opérations militaires dans le but de contrôler de larges parties du territoire et de les annexer aux zones de sécurité israéliennes. »
Le Moyen-Orient voulu par Israël… et celui que veulent ses peuples
La politique actuelle du gouvernement israélien n’est ni temporaire ni improvisée. C’est un projet stratégique qui vise à vider la terre de ses habitants autochtones et à remodeler la région selon une vision coloniale habillée du mot « paix », mais fondée sur l’épuration ethnique et la domination militaire. Depuis des années, Netanyahu promeut un « Nouveau Moyen-Orient » dans lequel Israël s’intègre pleinement dans la région via les accords de normalisation, tout en contournant la cause palestinienne… Le « Nouveau Moyen-Orient » que Netanyahu rêve d’imposer est un espace où les peuples sont effacés, les identités écrasées, et la souveraineté confisquée par des chars et des drones. Un Moyen-Orient sans Palestine, où l’avenir se décide dans les salles de guerre et non à la table des peuples.
Mais cette vision est vouée à l’échec. Les peuples n’oublient pas. Les droits ne meurent pas. Et la mémoire ne s’efface pas.
Face à cette politique raciste et destructrice, les Palestiniens restent debout, ancrés dans leur terre, fidèles à leur cause, portant un message simple mais puissant : Pas de paix sans justice. Pas de sécurité sans liberté. »
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