Toulouse : Mobilisation des quartiers populaires pour les services publics et les droits à Toulouse. Habitant.e.s et actrices-acteurs du tissu social associatif, culturel et éducatif en lutte organisent un concert de casseroles devant la bibliothèque Saint-Exupéry fermée, jeudi à 9H45, avant de rejoindre la place du Capitole.


 

Salle Gisèle Halimi dans le quartier Papus, mercredi 19 mars, une centaine de personnes étaient réunies sur la question des services publics et l’accès aux droits mis à mal par les choix politiques de la mairie.

Bibliothèque Saint-Exupéry fermée depuis le mois de décembre, piscine municipale qui pourrait fermer cet été, fermeture de cinq classes dans plusieurs écoles1, baisse de subventions dans les structures culturelles et d’accompagnement des familles, des enfants, des jeunes et des personnes privées d’emploi, etc. À l’invitation des associations « Partage 31 » et « ASSQOT Centre social de Bagatelle »2, la Maison de quartier de Bagatelle et le Comité de quartier PATABOR, des habitant.e.s de Papus-Tabar-Bordelongue (PATABOR), La Faourette et Bagatelle ont échangé sur les services publics de proximité avec des animatrices et animateurs qui travaillent dans ces quartiers populaires pour créer du lien et aider les gens. Des quartiers classés prioritaires par la politique de la ville et qui sont attaqués par une municipalité de droite aux choix budgétaires austéritaires.

 

« La culture est essentielle dans nos quartiers »

« La culture est essentielle dans nos quartiers », ont affirmé plusieurs personnes. « La bibliothèque, on l’a payée avec nos impôts », souligne Philippe. Laila évoque les 145 cartes postales recueillies dans une boîte. Elles disent : « Saint-Exupéry ouvre toi ! » ou encore « Touche pas à ma bibliothèque ! » Ces écrits ont vocation à être lus publiquement. Ils seront affichés le long des vitres de la bibliothèque de Bagatelle. Une pétition circule pour exiger sa réouverture. Un papa témoigne d’un lieu d’utilité publique et de rencontres qui manque. Sollicitée par la salle, une représentante de Toulouse Métropole avance « des contraintes budgétaires, des problèmes de recrutement et des travaux sur deux à trois ans » pour justifier la fermeture temporaire jusqu’en octobre, tout en précisant l’accessibilité des écoles sur certains créneaux horaires. Elle ne dit pas que le non-renouvellement des emplois contractuels acte la fermeture du bâtiment. Habitant La Faourette, une institutrice de l’école Falcucci (Bagatelle) dénonce « des choix politiques gravissimes et méprisants pour le travail de tout le monde et les enfants de nos quartiers, impactant les conditions d’apprentissage de nos élèves ».

Salariée au centre social et habitante de Bagatelle, Khatia est doublement inquiète. « Les institutions permettent aux jeunes et aux familles d’avoir un endroit sécure. Demain, on va faire quoi si on perd notre travail et si nos enfants se retrouvent à la rue face à la violence du deal  ? » Selon Brigitte, de l’association « En attendant les Éléphants » implantée à Bagatelle, « c’est plus que de la violence qu’on vit là, c’est la misère humaine. Des petits esclaves des narcotrafiquants qui se font passer à tabac. Depuis 2018, les parents que j’accueille enferment leurs enfants chez eux, place de la Gironde. Nous sommes témoins et victimes. Ils m’appellent pour me demander quand la bibliothèque va ouvrir ».

 

« Le manque d’argent de la mairie, c’est du pipeau »

Paraphrasant le cri du cœur de Victor Hugo, « Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons », Kader, de l’Assemblée des Quartiers populaires, invite à trouver une alternative ; de son point de vue « le manque d’argent de la mairie, c’est du pipeau ». François Briançon, élu municipal (PS) de l’opposition, abonde dans son sens : « Il n’y a pas d’austérité à Toulouse. Le budget de la ville atteint un peu moins d’un milliard d’euros. Il est en augmentation, la ville dispose de plus d’argent à dépenser que l’année dernière. Le budget voté à la fin de l’année 2024 était insincère. Nous réclamons un budget rectificatif. » Un participant rappelle « la baisse de 20 % des subventions aux associations lorsque Moudenc3 est revenu au manettes ». Des sous il y en a, Benoît du Comité de quartier PATABOR donne l’exemple du coût de la 3e ligne de métro : 3 milliards, l’échangeur Toulouse-sud-est : 16 millions. Deux rues inutiles dans le quartier Papus : 1 million d’euro chacune. Il propose de se faire entendre devant le prochain conseil municipal du 27 mars.

Au nom du syndicat Asso-Solidaires, une jeune alerte sur  : « Les coupes budgétaires drastiques tant dans la métropole que dans les conseils départementaux et régionaux impactent 38 000 personnes travaillant dans le secteur associatif. Au moins 20 % des salarié.e.s au chômage, soit 7 000 personnes en Haute-Garonne. » Elle appelle à la grève et à la manifestation, le 27 mars.

 

Concert de casseroles le 27 mars

De nombreuses voix s’élèvent pour dire que « l’austérité est injustifiée ». Dans les maisons de la solidarité, les contrats précaires ne sont pas renouvelés, avoir un rendez-vous avec une assistante sociale devient compliqué ; dans les écoles, il est difficile de recruter des animateurs entre midi et quartorze heures ; moins 40 % de subventions pour la MJC Jacques Prévert, moins 64 % pour le centre culturel Henri Desbals ; des postes d’éducateurs ne sont pas pourvus au Club de prévention, etc., énumèrent Manuela et Perrine des associations « Partage La Faourette-Bordelongue » et « ASSQOT Centre social de Bagatelle ». Les deux animatrices de cette réunion, comme ses participant.e.s, entendent remettre du liant entre toutes ces données et surtout les rendre visibles.

On s’engage, donc, collectivement à se rendre à la manifestation du jeudi 27 mars pour « la défense du service public et de nos droits », place du Capitole à 10h. Avec, dès 9h30, un concert de casseroles devant la bibliothèque Saint-Exupéry fermée. Le 10 avril, encore un jeudi, en fin d’après-midi, les habitant.e.s afficheront les 145 cartes postales lors du rassemblement pour la réouverture de la bibliothèque. Et on se reverra en soirée pour discuter des suites à donner aux actions.

À noter que cette date de mobilisation correspond à une période marquée par un État et son gouvernement qui veut tourner l’économie vers le tout militaire et la guerre. Pour ces choix économiques et idéologiques, il y a abondance de moyens.

Piedad Belmonte

Crédit Photo L’asso AVEC

Pétition : URGENT : Rouvrez la bibliothèque de Bagatelle, à Toulouse ! lancée par les parents d’élèves de l’école Falcucci

Communiqué unitaire rassemblement 27 mars

 

Avant de quitter cette page, un message important.

altermidi, c’est un média indépendant et décentralisé en régions Sud et Occitanie.

Ces dernières années, nous avons concentré nos efforts sur le développement du magazine papier (13 numéros parus à ce jour). Mais nous savons que l’actualité bouge vite et que vous êtes nombreux à vouloir suivre nos enquêtes plus régulièrement.

Et pour cela, nous avons besoin de vous.

Nous n’avons pas de milliardaire derrière nous (et nous n’en voulons pas), pas de publicité intrusive, pas de mécène influent. Juste vous ! Alors si vous en avez les moyens, faites un don . Vous pouvez nous soutenir par un don ponctuel ou mensuel. Chaque contribution, même modeste, renforce un journalisme indépendant et enraciné.

Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel. Merci.

 

Notes:

  1. Les écoles Papus, Jacquier dans le quartier Papus, Falcucci, Hyon et Ronsard à Bagatelle.
  2. Animation sociale et solidaire des quartiers Ouest toulousains. Sa finalité et sa raison d’être est le développement du lien social à travers l’éducation populaire. Afin de permettre à toutes et à tous d’accéder à la culture, aux loisirs pour acquérir l’autonomie et devenir un.e citoyen.ne responsable doté.e d’esprit critique.
  3. Jean-Luc Moudenc est le maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole. Il était membre de l’UMP ( Union pour un mouvement populaire, l’ancêtre du RPR ) puis du parti Les Républicains (LR) jusqu’en 2022.
Avatar photo
Passée par L'Huma, et à la Marseillaise, j'ai appris le métier de journaliste dans la pratique du terrain, au contact des gens et des “anciens” journalistes. Issue d'une famille immigrée et ouvrière, habitante d'un quartier populaire de Toulouse, j'ai su dès 18 ans que je voulais donner la parole aux sans, écrire sur la réalité de nos vies, sur la réalité du monde, les injustices et les solidarités. Le Parler juste, le Dire honnête sont mon chemin