Quand notre collaboratrice Brigitte Challande nous a proposé de publier au quotidien les témoignages de gazaouis agissant pour le peuple palestinien sous les bombes, altermidi à ouvert ses fenêtres.
Implanté au Sud de la France, nous avions déjà choisi d’élargir notre champ de couverture éditorial à la Méditerranée qui participe à la définition de l’identité culturelle d’une grande partie de la population en Occitanie et Sud Paca.
Mais pour un modeste média citoyen régional comme le nôtre, publier quotidiennement des témoignages en provenance de Gaza représentait un vrai défi en termes de rythme de production et d’équilibre éditorial. L’assassinat massif de journalistes, l’accès interdit par Israël aux reporters étrangers à Gaza, et le contexte d’intense propagande employée pour masquer les crimes de guerre accablants de Tsahal sont autant d’éléments qui ont validé notre engagement.
Ainsi dès novembre 2023, et durant plus d’un an nous avons publié quasi quotidiennement les témoignages qui nous provenaient de Gaza. Pour avoir mis en ligne les textes que Brigitte traduisait, souvent de nuit, et mis en forme par notre secrétaire de rédaction Sophie, je me suis parfois laissé gagner par un sentiment de désespoir. Peut-on seulement imaginer la souffrance que peuvent endurer les habitant.e.s de gaza me disais-je. Et ma colère s’éveillait à l’écoute des informations diffusées par les grands médias français dont le parti pris politique était manifeste. Elle a redoublé quand le gouvernement a interdit toute possibilité de débat sur la question palestinienne. Tout cela nourrissait le mutisme généralisé de la communauté internationale à l’égard d’un nouveau massacre historique.
Les mois passaient et les informations brutes arrivaient dans nos boîtes au jour le jour en fonction des événements toujours plus tragiques. Tantôt pour faire grossir le décompte des victimes et expliquer les conditions infernales du contexte d’action humanitaire, tantôt pour s’interroger sur l’inaction de l’Occident devant ce qui devenait un génocide. Parfois pour nous dire l’importance de ce petit fil qui nous unissait ou pour nous faire comprendre comment ce peuple fabuleux parvient à se délivrer du fatalisme, pour vivre sa liberté au présent avec humanisme et lucidité.
La peste, comme la vie, « ça consiste à recommencer », disait Camus. Lutter encore, vivre encore. Plus fort. pousser vers l’action et l’engagement face au tragique qui nous entoure et nous dépasse.
Pourquoi et comment vivre dans un champ de ruine peuplé de personnes chères mortes sous les décombres ? Pour l’amour viscéral de sa terre, pour la liberté, pour rester en éveil, pour ne pas accepter l’inacceptable ; toutes ces raisons suffisent à remplir un cœur d’homme. « Il faut imaginer Sisyphe heureux », disait l’auteur de L’homme révolté.
Il fallait faire un livre. Pas sur la guerre dont le premier jour a été le plus meurtrier pour Israël, et qui s’est révélé pour les palestiniens la plus meurtrière dans l’histoire du conflit. Il fallait faire un livre qui restitue cette incroyable force, qui pousse à consolider la vie dans un champ de ruine. Il fallait faire un livre qui traverse la douleur et la mort qui déambulent partout, un livre utile à notre humanité en dépit de l’attitude inqualifiable de la communauté internationale. Un livre pour nourrir la vie et l’espoir.
Ce livre existe désormais, vous pouvez le commander.
Jean-Marie Dinh
Merci à Brigitte et à L’Union juive française pour la paix (UJFP)

Depuis 2016, l’Union juive française pour la paix (UJFP) coopère avec les paysans et la société civile de Gaza. Dans la guerre actuelle, elle fédère des élans de solidarité plus largement pour témoigner de ce qu’il s’y joue. Écrit à deux voix, l’ouvrage donne la parole aux Gazaouis et aux Français solidaires, juifs ou non-juifs, pour documenter la résistance de toute une population.
Mort
« Les voix des enfants et des femmes s’élèvent sous les décombres », écrit Abu Amir. Les dirigeants israéliens et leurs complices appellent ouvertement au meurtre. Le monde occidental arme les génocidaires et les médias dominants continuent d’assimiler Gaza au terrorisme.
Vie
Chassés de chez eux par les bombardements, déplacés sans cesse, collectivement, les Gazaouis dressent des tentes, creusent des sanitaires, désinfectent les camps, instituent des repas collectifs, rescolarisent les enfants, organisent le soutien psychologique et recultivent la terre.
Espoir
Sous les bombes là-bas ou dans la rage ici, le cri des auteurs et des autrices est le même : le droit international doit s’appliquer à la Palestine. Liberté, égalité, justice. Le sort du monde se joue à Gaza. Sa liberté face à la barbarie sera celle de toute l’humanité. Un ouvrage lourd de sens afin que jamais on ne puisse dire « qu’on ne savait pas ».
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