Un monde qui ne cesse de repousser les frontières du pire ; après un génocide le projet d’une déportation de la population. C’est la bombe folle d’un Donald Trump lancée à la communauté internationale qui maintenant disserte sans cesse sur la faisabilité de la chose au lieu de rappeler son illégalité, son immoralité ; rendre discutable n’importe quoi ! Et pendant ce temps la population de Gaza continue de souffrir, de mourir de faim sans que le monde s’en émeuve plus que ça. Le monde écoute les propositions de déportation pendant que la population de Gaza meurt de froid ; le monde a basculé !
Toute la semaine les textes qui nous sont arrivés de Gaza affirment deux choses essentielles. La catastrophe humanitaire ne cesse de s’alourdir mais le peuple de Gaza et de Cisjordanie, les Palestinien.ne.s ne renonceront pas à leur terre, ne la quitteront pas quel qu’en soit le coût !
Dans la semaine voici quelques extraits des textes envoyés par Abu Amir qui ne cesse de parcourir la bande de Gaza et de s’informer des réalités sur le terrain, en continuant les activités des équipes dans les camps de Déplacé.e.s.
Le 8 Février il écrit :
« Une catastrophe humanitaire sans précédent dans le nord de Gaza : Des corps sous les décombres et des habitants contraints de vivre avec la mort. La Défense civile de Gaza a signalé la présence de 38 corps toujours coincés sous les décombres d’une maison détruite, ainsi que de nombreuses autres victimes ensevelies sous les ruines des habitations. Les secours sont impuissants, incapables d’extraire les cadavres en raison du manque d’équipement approprié.
Avec le retour de certains habitants dans le nord, beaucoup se retrouvent contraints de coexister avec les cadavres en décomposition éparpillés dans les rues et sous les débris, dans une scène effroyable qui illustre l’ampleur du désastre. Au fil des jours, l’odeur insoutenable des corps en décomposition s’intensifie, favorisant la propagation de maladies et d’épidémies. Les équipes de secours, dépourvues de moyens et d’engins spécialisés, ne peuvent pas récupérer les dépouilles, augmentant ainsi le risque sanitaire pour les survivants.
Face à cette tragédie sans fin, les habitants de Gaza survivent entre la peur de la mort, le spectre de la déportation et la souffrance quotidienne du blocus. Avec l’isolement imposé par le siège et la privation d’aide humanitaire, les espoirs d’une amélioration s’amenuisent. Pourtant, malgré les horreurs qu’ils subissent, les Gazaouis restent attachés à leur terre et continuent de résister aux plans diaboliques visant à les déraciner. Aujourd’hui, ils attendent un miracle pour les sauver de l’effondrement humanitaire total, alors que les puissances mondiales ferment les yeux sur les crimes qui se déroulent sous leurs yeux. Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza ne se limite pas à une simple crise humanitaire passagère, mais représente un crime continu visant à vider la terre de ses habitants autochtones, sous le regard impassible du monde et l’inaction des organisations internationales qui prétendent défendre les droits de l’Homme. Pendant que les déplacés espèrent un secours qui n’arrive jamais, les politiques internationales continuent d’alimenter des débats vains, cherchant à légitimer l’injustice, tandis que des enfants meurent de froid et que des familles entières sombrent dans le désespoir. »
Et pourtant dans les ateliers de soutien psychologique pour les femmes qui continuent à exister, celles-ci témoignent toutes de leur volonté de rester sur leur terre. La session a suscité une forte interaction de la part des participantes, qui ont partagé leurs émotions et exprimé leur rejet total de toute tentative de déplacement hors de la Palestine.
L’une d’elles a confié :« Lorsque nous avons discuté du déplacement forcé lors de l’atelier, j’ai ressenti une émotion contradictoire. D’un côté, j’étais heureuse que cette question soit abordée, mais de l’autre, j’étais envahie par la peur, car beaucoup de gens dans le monde ignorent l’ampleur de la souffrance que nous vivons. Le déplacement forcé ne signifie pas seulement quitter notre terre, mais aussi perdre notre identité palestinienne. »
Une autre participante a ajouté : « Cet atelier m’a permis d’exprimer mes craintes. Le déplacement n’est pas seulement un changement de lieu, c’est un déracinement. Comment pourrais-je élever mes enfants dans un environnement éloigné de leur culture et de leurs origines ? Lorsqu’ils parlent de déplacer les Palestiniens de Gaza, j’ai l’impression que le monde veut nous effacer, mais nous ne nous laisserons pas faire. »
Alors dans ce paysage où tout a basculé vers l’indicible, il est nécessaire de soutenir la vie qui persiste et perdure dans les activités mises en place par les équipes soutenues en France par L’UJFP et parfois pour se ressourcer, retrouver des forces, se tourner vers la poésie palestinienne.
« À bas vos cartes
À bas vos slogans
et votre humanité
pour peu qu’elle ait vraiment existé
À bas vous tous
Voici l’invocation de la tente. »
Neama Hassan
Prise sous les bombardements israéliens qui, après l’attaque du 7 octobre 2023, allaient mettre Gaza à feu et à sang, elle documente par des textes poétiques sur les réseaux sociaux la souffrance et la résistance des Palestiniens. Sois Gaza, son journal tenu d’octobre 2023 à novembre 2024, est lancé comme une bouteille à la mer.
Histoire brève
Ils voulaient et veulent toujours que ce soit une terre sans habitants
Hind Jouda / هند جودة, poétesse palestinienne de Gaza, désormais réfugiée en Égypte.
Brigitte Challande