Moment d’intense émotion ce samedi 25 janvier, sous un ciel gris et pluvieux, lors du rassemblement dans le quartier de La Faourette, pour connaître la vérité sur la mort de Bilal, 34 ans.
La veille, ce père de famille, que tout le monde aimait dans la cité, est décédé alors qu’il était sur son scooter, rue de l’Ukraine, un jour de marché qui se tient juste à côté comme chaque vendredi et mardi dans ce quartier populaire du Grand Mirail. De nombreuses personnes ont répondu présentes, spontanément grâce aux réseaux sociaux et au bouche-à-oreille, pour entourer la famille et lui exprimer toute sa sympathie et sa compassion. Hanane, l’épouse de Bilal, est apparue, après la fin du rassemblement, éprouvée. La famille avait, ensuite, rendez-vous au commissariat de Bellefontaine, un quartier du Mirail, trois stations de métro plus loin. Elle a été reçue par le Préfet de police et un commissaire.
La famille veut la vérité et en appelle aux témoins
Layla, la belle-sœur de Bilal, a pris la parole pour réclamer la vérité et en appeler au témoignage des jeunes qui auraient assisté à la scène pour que la lumière soit faite sur les causes de la chute mortelle de Bilal de son scooter1. De courtes vidéos citoyennes ont circulé pendant le rassemblement, mais elles ne montrent pas les faits tels qu’ils se sont produits. La caméra du coin n’a pas fonctionné, elle serait cassée. Bilal était très apprécié des habitant.e.s parce que la main sur le cœur, il rendait service dès qu’on avait besoin de lui. Samedi soir, les habitant.e.s de La Faourette et leur soutien se sont retrouvé.e.s au local de l’association « Voir et Comprendre » autour d’un couscous pour évoquer cette figure attachante décédée dans des circonstances qu’il faudra élucider. Une cagnotte est passée de main en main pour soutenir ses proches.
« Rendre service, c’était son cheval de bataille »
Né à La Faourette, Kader, 40 ans, connaît bien Bilal. « Le matin même Bilal était allé chez une personne âgée pour la débarraser de ses gravats et il était passé devant l’école d’Assia, sa petite de 7 ans, pour lui faire un coucou depuis son camion. La petite est anéantie, elle ne comprend pas », raconte Kader qui s’est également exprimé pendant le rassemblement, sur le lieu où Bilal est décédé, pour rendre hommage au jeune papa. « C’était une personne qui ne cherchait que le positif. Rendre service, c’était son cheval de bataille. Sa passion, c’était la mécanique auto et moto, il réparait les vélos des enfants gratuitement. Un jour que j’étais tombé en panne, il est venu me tracter avec son camion. En quête de spiritualité, il est devenu croyant pour les valeurs de solidarité et d’humilité de l’Islam. » Kader confie qu’il n’osait pas prendre la parole en public tout à l’heure, par honte, ce sont les jeunes qui l’ont incité à parler et ils ont bien fait tant les mots de Kader sont empreints d’humanité et de sensibilité.
L’enquête devra déterminer ce qu’il s’est réellement passé
Fabien Buallion, directeur de « Voir et Comprendre », qui a accompagné la famille et quelques amis au commissariat de Bellefontaine, rapporte des informations délivrées par le grand patron de la police nationale : « Il y a eu contact entre la policière municipale et Bilal, c’est l’enquête qui dira quel est le contact, si c’est la moto qui est allée au contact de la policière municipale ou si c’est la policière municipale qui est allée au contact de Bilal. Ils ont vu les images, il n’y a pas de voiture. » Une enquête de police est en cours. En attendant, la famille a pris un avocat pour la défendre et pour savoir ce qu’il s’est réellement passé ce matin du vendredi 24 janvier où Bilal a perdu la vie. Selon plusieurs témoignages, ce ne serait pas un simple accident de la route.
Nordine, médiateur de l’association « Voir et Comprendre », rappelle l’importance de cette date de la semaine : « Un vendredi où tous les musulmans du monde font la grande prière. » Et d’évoquer un dernier message de Bilal adressé à son ami pour se retrouver à la mosquée et, ensuite, passer un bon moment ensemble. Nordine termine ses propos par une prière reprise par l’ensemble des participants à la mémoire de Thibault Weniger que tout le monde, ici, appelle Bilal.
« J’ai vu la vraie France aujourd’hui et celle que nos parents ont construit, des personnes de toutes origines, dit avec émotion Kader. C’est en fermant le poing qu’on est plus fort dans un monde qui est de plus en plus insolidaire et deshumanisé. » On peut lire, depuis peu, des tags sur les murs des quartiers du Grand Mirail réclamant : « Justice pour Billel ».
La famille appelle à une marche blanche en hommage à Bilal, samedi 1er février à 14h, au 75 rue de La Faourette.
Piedad Belmonte
1 Un appel à témoins est lancé par le biais de ce numéro de portable : 07 73 09 34 87.