Une voiture sinuant les collines de Californie sur la musique d’Angelo Badalamenti emporte un maître du cinéma dans la nuit. L’énigmatique et intuitif David Lynch est passé de l’autre côté.
Né en 1946 dans le Montana, aux États-Unis, Lynch hante les cinémas du monde entier. Il a révolutionné l’image et marqué cet art avec l’ambiance inquiétante et obsédante de ses films, d’Eraserhead à Inland Empire, l’auteur de Mulholland Drive, d’Elephant Man, de Blue Velvet, ou encore de la mythique série télévisée Twin Peaks avait reçu la Palme d’or au Festival de Cannes en 1990 pour Sailor et Lula.
L’œuvre de Lynch traverse le rideau pour nous montrer la face cachée de l’Amérique. « Mon enfance, c’était des maisons élégantes, des rues bordées d’arbres, un laitier qui passe, des cabanes construites dans le jardin, des moteurs d’avions au loin, un ciel bleu, des clôtures en bois, des cerisiers. L’Amérique moyenne telle qu’on l’imagine. Mais sur le cerisier, il y a de la sève qui suinte. Du noir, du jaune, et des millions de fourmis rouges qui grouillent dessus. J’ai découvert que quand on regarde de près ce monde merveilleux, il y a toujours des fourmis rouges en dessous. Et, comme j’ai grandi dans ce monde parfait, tout le reste entrait en contraste », confiait-il en 2004 aux Cahiers du cinéma.
L’univers lynchien a marqué une génération de créateurs par la force de son esthétisme et l’ambivalence du rapport à la réalité.
« C’est avec un profond regret que nous vous annonçons le décès de l’homme et de l’artiste David Lynch », a annoncé, jeudi 16 janvier, sa famille sur Facebook. « Il y a un grand trou dans le monde maintenant qu’il n’est plus parmi nous. Mais, comme il le dirait, “Gardez un œil sur le donut et non sur le trou” ».
