Après le Conseil de l’UE en octobre dernier, le Parlement européen avalise le report d’un an du règlement visant à empêcher la déforestation liée à la consommation dans l’UE de produits issus du bétail, du cacao, du café, de l’huile de palme, du soja, du bois, du caoutchouc, du charbon et du papier imprimé.


 

Ce texte, qui représente une avancée dans la protection du vivant, devait entrer en vigueur le 31 décembre 2024. Il est donc reporté au 31 décembre 2025. Les produits en provenance de terres déboisées continueront de figurer sur les rayons des magasins européens.

Des pays comme le Brésil, les États-Unis, la Malaisie, l’Indonésie ont réclamé ce report, mettant en avant les contraintes trop grandes en termes de traçabilité et la baisse de leurs exportations en Union européenne.

L’Allemagne, pro-Mercosur, s’est rangée à leurs côtés, la réglementation sur la déforestation allant à l’encontre de l’accord de libre-échange entre l’UE et les pays latino-américains. En outre, l’alliance des voix de la droite et de l’extrême droite a également permis de faire adopter une série d’amendements qui tentent d’assouplir la réglementation notamment à l’égard des géants de l’industrie agroalimentaire.

Le Conseil de l’UE validera-t-il ces dispositions, qui annoncent, quoi qu’il en soit, l’ouverture de nouvelles négociations sur le texte avant la fin de l’année et une nouvelle offensive de la droite et de l’extrême droite contre les acquis environnementaux de l’UE ?

Les forêts abritent 80 % de la biodiversité terrestre et constituent, après les océans, le deuxième plus grand puits de carbone de la planète.
Ce report d’un an de la réglementation de l’UE est une très mauvaise nouvelle pour les défenseurs du vivant. Les importations européennes (huile de palme, soja pour l’alimentation animale, viande de bœuf ou bois, cacao, café en provenance principalement d’Indonésie, Argentine, Paraguay, Brésil) représentent plus de 10 % de la déforestation chaque année dans le monde. Ainsi, l’UE, en l’absence de cette législation, pourrait être à l’origine de la disparition de près de 248 000 hectares de forêt par an, une superficie presque aussi vaste que le territoire du Luxembourg.

Sasha Verlei journaliste
Journaliste, Sasha Verlei a de ce métier une vision à la Camus, « un engagement marqué par une passion pour la liberté et la justice ». D’une famille majoritairement composée de femmes libres, engagées et tolérantes, d’un grand-père de gauche, résistant, appelé dès 1944 à contribuer au gouvernement transitoire, également influencée par le parcours atypique de son père, elle a été imprégnée de ces valeurs depuis sa plus tendre enfance. Sa plume se lève, témoin et exutoire d’un vécu, certes, mais surtout, elle est l’outil de son combat pour dénoncer les injustices au sein de notre société sans jamais perdre de vue que le respect de la vie et de l’humain sont l’essentiel.